AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ClaireG


Commencer l'année par de grands éclats de rire est de bon augure.
En tout cas pour la durée de la lecture et les souvenirs amassés pour les jours plus moroses. C'est ce qu'il m'est arrivé avec « La fin du monde a du retard ».

« Boum ! fit la porte en percutant le crâne du commissaire Gaboriau comme pour rejouer l'ancestral combat entre la matière inerte et l'esprit humain » (p. 95).
« Avez-vous foi en Notre-Seigneur ? Je ne sais pas, je suis amnésique » (p. 304).

L'humour se déploie en continu, sous différentes formes, du drôle au décalé, de l'intergénérationnel au potache, de l'absurde au terre-à-terre.

Comique de situation aussi puisque les deux héros font le mur lors d'une fête donnée à la clinique psychiatrique où ils sont soignés pour amnésie. Julius se souvient seulement qu'il doit sauver le monde d'un dangereux complot fomenté par une organisation internationale tandis qu'Alice, seule rescapée de sa cérémonie de mariage, a perdu tout contact avec ses émotions lors d'une explosion qui a pulvérisé tous les invités de la noce. Ses émotions, c'est sûr mais pas sa logique !

S'ensuit une cavalcade loufoque dans les rues de Paris, dans les égouts, les catacombes et même un ancien lupanar soixante-huitard. Ainsi que des rencontres presque du Troisième Type avec un internaute féru, comme Julius, de Star Wars, de Men in Black et de toute la panoplie des « héros en justaucorps bariolés », un King Chewbacca, bouffeur de pizzas et arnaqueur de première, ainsi que d'une fine équipe, survivants de la fin du monde de décembre 2012, et de paparazzi pas futés mais tenaces.

Puisqu'il y a des policiers lancés à la poursuite des évadés, peut-on qualifier ce roman de polar ? Peut-être mais c'est plus que ça.

C'est aussi un livre de cuisine où le plat principal est servi dans la Caverne de Platon, l'entremets accompagné d'une lecture de Cioran et le dessert roboratif sucré d'une nouvelle connaissance des dieux grecs dont Superman et consorts sont les avatars. Parce que, attention, y en a là d'dans, faut pas croire. Les surhumains sont parmi nous, les films américains montrent bien ces personnages « fictionnalisés » qui délivrent même des messages secrets que Julius a captés. Ils causent des dégâts, ils sont imprévisibles, fascinants mais instables. L'organisation secrète Tirésias, vieille de plusieurs siècles, veut garder l'humanité sous contrôle en l'empêchant de reconnaître l'existence de ces super-héros. C'est eux qu'elle veut détruire, mais Julius veille. Il sait que Tirésias a effacé sa mémoire pour qu'il ne révèle pas la vérité au monde mais, shooté comme il l'est aux capsules Nespresso, il mène sa tâche tambour battant.

J.-M. Erre tire de multiples ficelles pour façonner ce roman échevelé : celles de nos croyances et de nos certitudes, celles des réseaux sociaux et du savoir encyclopédique d'Internet, celles des informations officielles passées au crible par les théoriciens du complot, celles des répliques de films cultes, celles des nouvelles technologies qui font très vite perdre les pédales.

Le suspense dure jusqu'à la fin, sauf si vous aussi êtes un super-héros. Et si je vous parlais d'un pigeon à collerette blanche, unijambiste et borgne de surcroît, vous croiriez que j'exagère ?

Très bonne pioche que la chronique de Krout m'a fait découvrir. Qu'il en soit vivement remercié.
Commenter  J’apprécie          637



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}