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Critique de ODP31


ODP31
14 février 2021
Mauvais esprit es-tu là ?
Appâté l'ODP par l'ironie salvatrice de ce titre, ce n'est pas un virus têtu qui allait l'empêcher de retrouver l'humour de J.M. Erre.
Vous ne trouverez pas son dernier titre au rayon glouton des évangiles du sous-développement personnel. Vous ne m'y croiserez pas davantage, allergique aux placébos des états d'âme et aux coachs de vies maussades, ex alcooliques promus patrons de bar.
Michel H., qui entretient avec dévotion une dépression chronique, vient d'être largué par sa Bérénice, au terme d'une idylle d'au moins trois semaines. Elle n'a pas pris racine mais pour ce fan d'Houellebecq, c'est un record. Les noces de toc.
Sur la base de sondages qui placent le français parmi les peuples les moins heureux de la planète malgré la sécurité sociale, des centaines de variétés de fromages, la démocratie, les 35 heures, la retraite et le viagra, Michel se remet en question. Pourquoi des populations opprimées et affamées par des régimes sanguinaires qui ont une espérance de vie de libellule gardent la banane alors que pépère sombre dans la dépression à la moindre écharde ? Comme Michel consomme des psychotropes comme des dragibus, il pense au suicide mais il est un peu trop douillet pour hâter sa finitude.
Persuadé par un marabout virtuel que sa belle va revenir dans un tour de montre, il cherche dans les traités de développement personnel et dans les chaînes d'infos continues la recette miracle du bonheur à effet immédiat. Il va tout essayer au premier degré de l'absurde pour passer la douane de la mélancolie.
Si les digressions de J.M Erre m'amusent toujours autant, il manque au récit les aventures rocambolesques et parodiques qui animaient ses précédents romans. le côté neurasthénique de l'histoire et sa carence en personnages secondaires calfeutrent le lecteur dans l'appartement de son anti-héros. Cela sent un peu le renfermé, l'ampoule nue qui éclaire le cheveu gras et la moisissure sur les joints de la salle de bain.
Depuis « Prenez soin du chien » jusqu'à « Qui a tué l'homme-homard ? », l'auteur m'avait habitué à beaucoup mieux.
J'attends encore le roman qui me soufflera l'idée qu'à trop s'écouter, on n'entend plus.
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