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Critique de Titine75


Avertissement aux lecteurs : ce livre présente un risque aigu de crampes prolongées aux zygomatiques.

Luigi Rigatelli est inquiet, il a laissé trois jours auparavant son hôtel sous une avalanche avec une dizaine de personnes à l'intérieur. Son établissement, nommé « Baker Street », a accueilli dix universitaires spécialisés dans l'étude de Sherlock Holmes. L'hôtel se situe en effet à Meiringen en Suisse, près des fameuses chutes de Reichenbach théâtre du terrible affrontement entre Holmes et Moriarty. Ce colloque prestigieux devait aboutir à la nomination du titulaire de la première chaire d'holmésologie à la Sorbonne. Luigi est donc pressé de libérer ses brillants hôtes. Arrivé avec les pompiers, il retrouve devant l'hôtel l'inspecteur Lestrade et son adjoint Flipo. Les hommes dégagent l'entrée de manière brutale en défonçant la porte à l'aide du camion des pompiers. Efficace sauf pour Oscar Lecoq, l'un des universitaires, qui se trouvait derrière celle-ci et fut aplati avec. Ce détail mis de côté, la fouille des lieux peut débuter. Mais point d'universitaires à l'horizon… « Où étaient passés les participants au colloque , Lestrade et Poséidon se posèrent la question ; Flipo et Rigatelli leur apportèrent la réponse. En criant très fort, depuis les cuisines. En effet, le caporal, qui avait ressenti les signes avant-coureurs d'une grosse fringale, avait demandé au directeur s'il n'avait pas quelque chose à lui mettre sous la dent. celui-ci fut ravi de faire visiter ses cuisines ultramodernes. Tout se passa à merveille jusqu'à ce que Flipo réclame de la charcuterie. Car il fallut alors ouvrir la chambre froide, où il y avait du saucisson vaudois, de la viande des Grisons, et du cadavre d'universitaire. Dix corps bien alignés. de quoi calmer les envies de charcutaille. » L'enquête de l'inspecteur Lestrade peut alors commencer.

Le dernier livre de J.M. Erre est un véritable baume de bonne humeur. Les traits d'esprit, l'humour de l'auteur sont un régal. J.M. Erre mélange l'univers de Sherlock Holmes et celui d'Agatha Christie puisque « le mystère Sherlock » s'inspire de l'intrigue « Des dix petits nègres ». Plongés dans un espace clos, dix universitaires, complètement farfelus voire franchement barrés, se disputent la chaire d'holmésologie. J.M. Erre se moque gentiment de l'univers des universitaires et de leurs théories capilotractées. Les thèses défendues sont très variées et toutes plus ridicules les unes que les autres. Elles vont de « Sherlock Holmes contre les huîtres, analyse psychotextuelle d'une phobie alimentaire », à Sherlock est le père d'Arsène Lupin ou bien encore Mme Hudson est la compagne de Holmes. Car pour nos universitaires, alignés bien sagement dans le réfrigérateur de l'hôtel Baker Street, Sherlock Holmes a réellement existé et Conan Doyle n'était que son agent littéraire. La frontière entre la réalité et la fiction est devenue quelque peu poreuse pour ces intellectuels en pleine décomposition. derrière la blague, J.M. Erre explore la puissance de la littérature et la création d'un mythe. Il ne pouvait choisir meilleur exemple que celui de Sherlock Holmes qui échappa à sonauteur. Conan Doyle fut obligé de ressusciter son détective face à la fureur de ses lecteurs. Un personnage qui dépasse son créateur et continue à nourrir l'imaginaire littéraire.

« le mystère Sherlock » est un livre hilarant que je ne saurais trop vous conseiller de lire. Une excellentissime lecture qui fait un bien fou au moral. Une dernière citation pour finir de vous convaincre : « Un meurtre sans chichis, un peu classique sans doute, mais ce besoin d'originalité à tout prix qui est la marque de notre époque n'est-il pas le signe d'une société désorientée ? le meurtre moderne, c'est un peu comme la nouvelle cuisine : on va chercher des influences un peu partout, on fait des mélanges et, neuf fois sur dix, on est déçu. Là, on avait un bon vieux crime à l'ancienne, une valeur sûre. le surin dans le palpitant, c'est le pot-au-feu du meurtre. »
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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