Le jour où le narrateur, jeune napolitain de 13 ans, a reçu un « boumeran », il a commencé à changer, à évoluer, à grandir.
En effet, une structure nouvelle se met en marche :
structure de ses muscles, d'abord, dans son entrainement quotidien à lancer l'objet sans le lâcher du haut de la colline «
Montedidio » ; structure vocale ensuite, car il mue ; structure familiale, aussi, car sa maman tombe peu à peu dans la maladie; structure fonctionnelle encore, car il abandonne l'école et commence à travailler comme apprenti chez un ébéniste ; structure relationnelle enfin, car Rafaniello, un vieux cordonnier bossu au grand coeur, lui apprend la sagesse et le guide dans la voie difficile de la vie.
Et il y arrive, cet étrange Rafaniello, car grâce à lui, le narrateur se déploie. Et grâce au narrateur, les ailes de Rafaniello se déplient... « Des choses changent, mais nous plus encore. Aucun autre visage n'est fané comme celui de mon père. D'aucune autre bosse ne pointent des ailes, aucun autre corps n'est aussi prêt à lancer un boumeran et c'est maintenant que Maria devait se débarrasser de la crasse de mains vieilles et se laisser prendre par les miennes lissées par la sciure sur la plus haute terrasse de
Montedidio. le filet, quand il approche du rivage, est moins lourd et se tire plus vite, c'est ce qui nous arrive ».
Roman d'initiation, de courage et de sagesse, plein de poésie et de naïveté, «
Montedidio » se savoure, avec l'accent napolitain en prime.
Erri de Luca nous apprend à accepter les coups durs et les changements inévitables, avec l'accent universel.