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Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782070762682
206 pages
Gallimard (17/01/2002)
3.91/5   705 notes
Résumé :
"Chacun de nous vit avec un ange, c'est ce qu'il dit, et les anges ne voyagent pas, si tu pars, tu le perds, tu dois en rencontrer un autre. Celui qu'il trouve à Naples est un ange lent, il ne vole pas, il va à pied: "Tu ne peux pas t'en aller à Jérusalem", lui dit-il aussitôt. Et que dois-je attendre, demande Rafaniello. "Cher Rav Daniel, lui répond l'ange qui connaît son vrai nom, tu iras à Jérusalem avec tes ailes. Moi je vais à pied'même si je suis un ange et to... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (110) Voir plus Ajouter une critique
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Montedidio de l'auteur italien Erri de Luca est une tranche de pizza napolitaine garnie d'ingrédients choisis par les yeux d'un adolescent de treize ans qui habite et travaille dans ce quartier populaire de Naples au début des années soixante. Elle est saupoudrée de misère, du sordide auquel peut contraindre la pauvreté, de la maturité qu'impose trop rapidement les épreuves de la vie et la nécessité d'y survivre. Mais, la pâte est solide, elle résiste au vent, aux éruptions volcaniques et à la sauce sanguine qui coule parfois, tache et glisse entre les doigts ; sa recette remonte aux origines, elle inclut une forte dose d'amour, celui des parents pour leurs enfants, des habitants pour un quartier, des enfants pour leur parent, d'un homme pour sa femme, d'un adolescent pour sa voisine. Il est le ciment qui fait tenir l'ensemble, supporter le pire, espérer le meilleur. Il est le goût qui sublime l'infime, le quotidien, l'instant : un sourire, une main serrée, un baiser...
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" Montedidio " n'est pas facile , pour moi , à commenter .C'est un roman qui , déjà , se présente sous forme de paragraphes indépendants , des images , des flashes sur l'adolescence d'un enfant de Naples , issu d'un milieu pauvre . Il est bien entendu le" héros d'une histoire banale " pour nombre d'enfants de cette époque , obligés de grandir à toute vitesse dans un monde où , si l'on veut vivre ou survivre , obligation est faite de " brûler des étapes ", ce qui , dans notre société actuelle est bien inconnu de tous ces " Tanguys " qui " refont le monde " avec " leur " appartement , " leur " voiture , " leurs désirs de vivre leur vie ", payés avec ...les deniers de papa et maman .A Montédidio , point de cela . L'argent , on le gagne ( chichement ) , l'amour , on le construit , parfois crûment , on se contente de peu et le seul compagnon témoin de l'épreuve du héros et son succés sera ....un boomerang pour " quand le bras sera assez fort pour le lancer ". Suivez le ce compagnon que l'on fréquente du début à ...Un fil rouge qui , vous le verrez ...
Vous dire que c'est un beau texte , c'est Erri di Luca , tout de même , que c'est un reflet de la vie , oui , mais celle d' hier . Que c'était mieux avant ? Ca c'est à vous de voir selon que vous êtes parent ou enfant ...Aprés , tout est littérature , et belle littérature qui , en ou nous plongeant dans un passé pas si lointain , nous aide à mieux comprendre le présent .
Bonsoir , amis et amies et ...à trés bientôt , si vous le voulez bien .
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Quel livre envoûtant ! Je ne m'attendais pas à un tel dépaysement en l'ouvrant.
A travers le récit d'un adolescent de 13 ans, on découvre le quartier populaire de Montedidio, à Naples, au tournant des années '60. Pendant quelques mois seulement, on suit sa mue d'enfant à adulte, dans un monde dur et éthéré, entre ses parents qui affrontent un drame, la petite voisine qui jette son dévolu sur lui, son employeur qui le forme à l'ébénisterie, et un drôle de personnage, convaincu de pouvoir voler, qui lui sert de guide de vie.
Mais là où je m'attendais à un roman social, j'ai été emportée par la poésie de l'auteur. Avec une forme de réserve et de décalage qui m'a fait penser à celle de Meursault dans "L'Etranger" de Camus, le narrateur accepte les choses comme elles se présentent, sans se révolter; il accepte également l'irrationnel, et après tout, dans ce coin d'Italie qui a conservé son dialecte, ses coutumes et ses croyances, il n'en paraît que plus normal.
Toutefois, sous cette hallucination poétique transparaît la réalité d'une époque et d'une ville qui se reconstruit dans le souvenir ardent du soulèvement populaire de 1943 contre l'occupant nazi : la fierté d'avoir un père qui travaille dur -et la gêne de constater que l'on sait mieux lire et écrire que lui, la solidarité des pauvres envers les plus pauvres, les logements sans fenêtres et sans électricité, les propriétaires et petits patrons libidineux, les parents irresponsables, les métiers ambulants, et partout le bruit et l'odeur (comme disait l'autre), et la beauté de la voûte céleste la nuit.
C'est donc un roman étrange et saisissant, qui raconte Naples et la fin de l'enfance d'une façon totalement inédite : "Il n'y a pas que du bon dans la croissance du corps, la découverte des choses nouvelles que j'apprends à faire. le mauvais grandit aussi en même temps." conclut le narrateur. Et voilà comment on fait un très bon livre.
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Le jour où le narrateur, jeune napolitain de 13 ans, a reçu un « boumeran », il a commencé à changer, à évoluer, à grandir.
En effet, une structure nouvelle se met en marche :
structure de ses muscles, d'abord, dans son entrainement quotidien à lancer l'objet sans le lâcher du haut de la colline « Montedidio » ; structure vocale ensuite, car il mue ; structure familiale, aussi, car sa maman tombe peu à peu dans la maladie; structure fonctionnelle encore, car il abandonne l'école et commence à travailler comme apprenti chez un ébéniste ; structure relationnelle enfin, car Rafaniello, un vieux cordonnier bossu au grand coeur, lui apprend la sagesse et le guide dans la voie difficile de la vie.
Et il y arrive, cet étrange Rafaniello, car grâce à lui, le narrateur se déploie. Et grâce au narrateur, les ailes de Rafaniello se déplient... « Des choses changent, mais nous plus encore. Aucun autre visage n'est fané comme celui de mon père. D'aucune autre bosse ne pointent des ailes, aucun autre corps n'est aussi prêt à lancer un boumeran et c'est maintenant que Maria devait se débarrasser de la crasse de mains vieilles et se laisser prendre par les miennes lissées par la sciure sur la plus haute terrasse de Montedidio. le filet, quand il approche du rivage, est moins lourd et se tire plus vite, c'est ce qui nous arrive ».

Roman d'initiation, de courage et de sagesse, plein de poésie et de naïveté, « Montedidio » se savoure, avec l'accent napolitain en prime. Erri de Luca nous apprend à accepter les coups durs et les changements inévitables, avec l'accent universel.

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C'est sur la colline la plus haute de Naples que Erri de Luca nous parle à travers un gamin de 13 ans. Dans ce quartier populaire, on va vivre la transformation de cet enfant qui va devenir adolescent. A 13 ans, il quittera donc l'école comme le souhaite son père et sera embauché par un menuisier Mast Errico et y rencontrera le coordonnier juif
Rafaniello avec qui il partagera nombres d'échanges.
Le "boumeran" que son père lui a offert sera un peu comme un objet lui permettant de franchir cette étape qu'est l'adolescence. Ce bumerang qu'il ne quitte pas est le symbole de ce passage de l'enfance à l'adolescence.
On est un peu dans une fable. le style est teinté de poésie et c'est avec Maria jeune fille de 13 ans qu'il va rencontrer l'amour et pourra affronter la vie.
L'histoire est un mélange de tranches de vie, de fable, de moments oniriques mais aussi parfois sordides.
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Citations et extraits (143) Voir plus Ajouter une citation
Je parle avec Rafaniello, aujourd'hui nous avons le temps, je lui demande si son pays ne lui manque pas. Son pays n'existe plus, il n'y est resté ni vivants ni morts, on les a fait disparaître tous ensemble : "Je ne sens pas le manque, dit-il, mais la présence. Dans mes pensées ou quand je chante, quand je répare un soulier, je sens la présence de mon pays. Il vient souvent me trouver, maintenant qu'il n'a plus une place à lui. Dans le cri du marchand d'eau qui monte avec son charreton à Montedidio pour vendre de l'eau sulfureuse dans des pots de terre cuite, de sa voix aussi me parviennent quelques syllabes de mon pays." Il se tait un moment, ses petits clous dans la bouche et la tête penchée sur une semelle. Il voit que je suis resté à côté et il continue : "Quand tu es pris de nostalgie, ce n'est pas un manque, c'est une présence, c'est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie." Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d'un manque, je dois l'appeler présence ? "C'est ça, et à chaque manque, tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil." Alors quand vous vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi ? "Non, dit-il, quand il t'arrive de penser à moi, moi je suis présent." J'écris sur le rouleau les paroles de Rafaniello qui ont mis le manque sens dessus dessous et il est mieux comme ça maintenant. Lui, avec les pensées, il fait comme avec les chaussures, il les retourne sur sa caisse et les répare.
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Les enfants ne comprennent pas l'âge, pour eux quarante ou quatre-vingts ans sont un même désastre. Une fois, dans l'escalier, j'ai entendu Maria demander à sa grand-mère si elle était vieille. Elle lui a répondu non, Maria a demandé si son grand-père était vieux et la grand-mère a répondu non. Alors Maria a demandé : " Mais alors, des vieux, y en a pas ? " et elle s'est pris une gifle. Moi, je les comprends les années des gens, mais celles de Rafaniello non. Son visage fait cent ans, ses mains font quarante, ses cheveux vingt, tout roux comme des broussailles. Ses mots, je ne sais pas, il parle peu, d'une voix très fine. Il chante dans une langue étrangère, quand je balaie son coin il me fait sourire, ses rides et ses taches de rousseur remuent, on dirait la mer quand il pleut dessus. "
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Le tas de chaussures trouées diminue, sous ses mains elles marchent toutes seules, la graisse les fait briller, on sent un parfum de cuir heureux. À midi, quand mast’Errico va déjeuner, les gens passent chercher leurs souliers réparés.
...
Don Rafaniè, le Père éternel doit vous faire riche comme la mer, lui disent-ils en échange du travail qu’ils ne peuvent payer, avec les bénédictions sur la santé, contre les mauvaises langues et le mauvais œil. « Puissiez-vous échapper au feu, à la terre et aux gens méchants », « puisse l’or sortir de votre bosse », Rafaniello est content, il dit qu’il vaut mieux des bénédictions que des sous parce que au ciel on les écoute. Et les malédictions aussi on les écoute, dit-il, et il crache par terre pour se rincer la bouche de ce triste mot.
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Don Rafanié, à force de vivre à Naples vous ne seriez pas devenu napolitain par hasard ? Non, dit-il pour rire, c'est que les Napolitains sont peut-être une des dix tribus perdues d'Israël. Comment ? Vous avez perdu dix tribus? Et il vous en reste combien ? " Deux seulement, une est celle de Judas qui nous donne le nom de juifs, un nom qui vient du verbe remercier."
Alors, vous les juifs, vous vous appelez : merci ?
" C'est ce que dit le mot, mais tous les hommes devraient s'appeler comme ça, avec un mot de remerciement."
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Les enfants ne comprennent pas l'âge, pour eux quarante ou quatre-vingts
ans sont un même désastre. Une fois dans l'escalier, j'ai entendu Maria demander à sa grand-mère si elle était vieille. Elle lui a répondu non. Maria a demandé si son grand-père était vieux et la grand-mère a répondu non. Alors Maria a demandé : "Mais alors, des vieux, y en a pas ? " et elle s'est pris une gifle. Moi je les comprends les années des gens, mais celles de Rafaniello non.
Son visage fait cent ans, sas mains font quarante, ses cheveux vingt, tout roux comme des broussailles. Ses mots, je ne sais pas, il parle peu, d'une voix très fine. Il chante dans une langue étrangère, quand je balaie son coin il me fait un sourire, ses rides et ses taches de rousseur remuent, on dirait la mer quand il pleut dessus.
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Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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