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Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782070336388
128 pages
Gallimard (18/05/2006)
3.76/5   58 notes
Résumé :
Erri De Luca fréquente la Bible depuis longtemps. Sa connaissance des Écritures ne doit pourtant rien à la foi ou un quelconque sentiment religieux : De Luca se dit non croyant, incapable de prier ou de pardonner. Il est néanmoins habité par le texte biblique au point de commencer presque chaque journée par la lecture et la traduction d'un passage.

Les courts textes rassemblés ici témoignent de ce corps-à-corps quotidien avec la Bible et de ces exerci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je ne savais pas qu'Erri de Luca traduit tous les matins un texte biblique auquel il se confronte et dont les enseignements « littéraux » (j'entends par là la traduction littérale de l'hébreu biblique) le nourrissent chaque jour :

« Lire les Saintes Écritures c'est obéir à une priorité de l'écoute. J'inaugure mes réveils par une poignée de vers, et le cours de la journée prend ainsi son fil initiateur. Je peux ensuite déraper le reste du temps au fil des vétilles de mes occupations. En attendant, j'ai retenu pour moi un acompte de mots durs, un noyau d'olive à retourner dans ma bouche.

Tant que, chaque jour, je peux rester ne fût-ce que sur une seule ligne de ces Écritures, j'arrive à ne pas me défaire de la surprise d'être vivant. » (p. 43)

La première partie du livre est consacrée au Christ , de l'annonce de sa naissance à sa résurrection et à son Ascension ; la seconde, plus longue, explore des passages plus ou moins célèbres de l'Ancien Testament, particulièrement dans les premiers livres de ce dernier (la Genèse, l'Exode, le Deutéronome ou le Livre des Nombres), certains personnages comme le roi David et quelques prophètes comme Isaïe, Jonas ou Jérémie.

Les Ecritures, avant d'être un texte mis par écrit, c'est d'abord et avant tout la Parole de Elohim (ou Yod, la première lettre du tétragramme YHVH, un autre nom de Dieu suivant les traditions bibliques) et Erri de Luca souligne combien cette Parole révélée a provoqué comme un séisme dans la langue hébraïque qui ne possède pas de voyelles, « une langue aux mots pauvres, hostile à tout concept abstrait » (p. 42), au point que de nombreuses phrases commencent par « Et Dieu dit » ou plutôt (toujours littéralement) « Et dit Dieu » tant la force du dire est primordiale pour ce Dieu qui intervient dans l'histoire humaine.

Les traductions littérales peuvent paraître rudes mais elles révèlent un sens auquel nous n'avons pas accès quand nous lisons une traduction plus élaborée, un sens qui interpelle dans le monde d'aujourd'hui, par rapport à certaines questions éthiques ou sociétales (tiens, tiens, Elohim serait-il féministe ?), un sens rafraîchissant. J'avais envie de noter des idées à chaque chapitre de ce petit livre passionnant.

Et pourtant, le savez-vous ? Je ne vous en parle qu'en fin de billet mais lui s'en explique dès l'introduction : Erri de Luca n'est pas croyant. Pas besoin donc d'être croyant pour apprécier son texte. Bien plus, ses explications sur la Bible sont d'autant plus percutantes, interpellantes et rejoignent certainement (du moins, à mon sens) le goût des Ecritures d'un croyant, d'une croyante ouverts d'esprit.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Erri de Luca revisite et relit les Ecritures, en "passant" et non en résident, car le premier écueil, la prière, et le second, le pardon, l'empêchent de s'adresser ou de croire à Dieu.

Mais c'est un érudit: il connaît l'hébreu, et interroge le sens littéral avec passion et parfois avec impertinence. Toujours avec profondeur et un sens aigu de l'actualisation.
On savoure, on médite, on sourit, on note...et on tourne et retourne sous notre langue ces noyaux d'olive savoureux, qui ont gardé le goût de l'arbre même si on en a depuis longtemps grignoté la chair...
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Erri de Luca, qui lit quotidiennement la Bible, comme faisait Blanchot, comme tant d'autres, se dit "lecteur qui campe hors les murs", non-croyant, butant sur ces deux pierres d'achoppement que sont pour lui "la prière et le pardon" (on a tous les nôtres). Il revient dessus plus loin, en englobant cette fois son cas dans la presque totalité de l'humanité, ce qui n'est pas faux :

" Une bonne partie de l'humanité n'est pas en état de remonter à Dieu. Avant même l'acte de foi, l'acte de confiance réclame trop d'efforts. En non-croyant, je reste un passant d'écritures saintes et non un résident."
...
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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Il faut un peu connaître l'univers complexe d'Erri de Luca pour mieux situer ce texte.
De Luca, a longtemps travaillé comme simple maçon, voulant mettre en cohérence ses opinions politiques et la pratique de sa vie quotidienne.
Intelligence supérieure, il avait néanmoins besoin de se retrouver dans une recherche purement intellectuelle.
Ce livre est le témoin de ces petits matins passés à une éxégèse originale de la Bible, pratiquée comme un exercice quotidien de sportif.
Le très grand intérêt de ces lignes, est que sa lecture est humaniste et détachée de toute considération strictement religieuse. Depuis l'hébreu originel, il rend compte d'une autre vision de ce que nous croyions connaître par coeur, lecture oh combien argumentée et lumineuse. Il faut lire par exemple ces pages sur la Genèse. Pour l'auteur la traduction que nous connaissons n'est pas la bonne : "Dieu a créé le Ciel et la Terre", etc... De Luca explique qu'une meilleure traduction, plus exacte aurait été sans doute : "Le Ciel et la Terre ont été créés par Dieu". Il explique pourquoi ce n'est pas la même chose. Et il est convainquant!
Au total un livre d'une très grande intelligence qui offre de belles clés de compréhension à la Bible.
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Je suis perplexe au sujet d'Erri de Luca. Son profil me semble bizarre. Il a étudié l'hébreu et il écrit des livres érudits sur les religions monothéistes (notamment le judaïsme et le christianisme), alors qu'il n'a jamais adhéré à ces religions, semble-t-il. "Noyau d'olive" est une suite de courtes études sur tel ou tel passage de la Bible, axées sur la sémantique de la langue originale. C'est intéressant. Mais dans ce domaine, j'ai déjà lu d'autres livres, probablement plus profonds et plus pertinents. Marie Balmary, par exemple, m'a laissé des impressions plus remarquables. Donc, après avoir refermé ce petit livre, je n'éprouve pas d'enthousiasme particulier.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Tout au long des Evangiles, nous lisons les jets d’un discours qui fut torrentiel. Une providence fait ressembler ces écrits à des citernes d’eau de pluie, qui retiennent du moins quelque chose selon leur capacité. Nous ignorons le timbre de sa voix et l’hébreu, l’araméen, ses langues, n’existent même plus.Et pourtant, les Evangiles ont suffi à ne pas faire oublier les paroles de celui qui ne voulut pas écrire ni laisser écrit. Celui qui n’a pas la foi ne se désaltère pas. Mais celui qui a la grâce de l’avoir est lié par un devoir énorme: donner de cette eau bue un témoignage tout au long de sa vie. Ce faisant, il remplit les pages que les Évangiles ont dû laisser vides. Ce faisant, il rapporte à la surface l’eau qui s’est perdue hors des citernes. (p. 86-87)
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Il arriva sans être attendu, il vint sans avoir été conçu. Seule la mère savait qu'il était fils d'une annonce de la semence portée par la voix d'un ange. C'était arrivé à d'autres femmes juives, à Sarah par exemple.
Seules les femmes, les mères; savent ce qu'est le verbe attendre. Le genre masculin n'a ni constance ni corps pour héberger des attentes. Je mesure la circonstance aggravante que représente l'ignorance physique de la forme du verbe attendre. Non pas par impatience, mais par manque de résistance: même pendant mes fièvres malariques je n'avais jamais recouru au répertoire inventif des verbes guérir, être en attente de.
Au cours de mes réveils matinaux, en parcourant Isaïe, je lis : "Heureux ceux qui attendent lui " (Is 30,18). Je n'ai pas connu cette joie sage et physique.
(Avent)
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Lire les Saintes Écritures c’est obéir à une priorité de l’écoute. J’inaugure mes réveils par une poignée de vers, et le cours de la journée prend ainsi son fil initiateur. Je peux ensuite déraper le reste du temps au fil des vétilles de mes occupations. En attendant, j’ai retenu pour moi un acompte de mots durs, un noyau d’olive à retourner dans ma bouche …

Tant que, chaque jour, je peux rester ne fût-ce que sur une seule ligne de ces Écritures, j’arrive à ne pas me défaire de la surprise d’être vivant.

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L'hébreu des Saintes Ecritures possède un maigre vocabulaire, à peine plus de cinq mille mots. Cette pauvreté contient une intensité de sens qui se perd souvent dans les traductions, quand un seul verbe hébreu est disloqué en divers synonymes, traduit avec des sens différents.

Les verbes du travail et de la garde de la terre, avad et shamar, sont les mêmes, terriblement les mêmes, que celui du service dû à Dieu.
Pour cette écriture ancienne, travailler la terre et la servir sont le même mot, le même empressement dû au service sacré.
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Et encore avant cela, (David) emploie avec Dieu non pas la prière mais le mode verbal à l'impératif : garde-moi. C'est un ordre. David est roi, condottiere de soldats, il sait ce qu'est un ordre. Il l'adresse à Dieu comme premier mot de son psaume. Voilà que déjà le premier vers de la journée me met en déroute par son seul sens littéral : par sa sublime arrogance, sa force naturelle, l'élan de cette façon de s'adresser, la fureur des sentiments. David, le magnifique poète des psaumes, enseigne une température de la manière de s'adresser à Dieu, une fièvre de la nécessité que je ne sais pas lire sans vaciller sur le perchoir de perroquet d'où je scrute le livre.
Ainsi, les histoires sacrées tiennent-elles compagnie à un lecteur. Je peux dire que je suis un harceleur de ces mots, que je ne les laisse pas en paix, que j'en reviens ensuite avec une poignée de cendre chaude. Quiconque a la foi trouve en revanche dans ces pages la matière dont est fait le buisson ardent de Moïse, qui brûle sans restes de combustion, sans se consumer.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
+ Lire la suite
>Religion>Théologie morale et spirituelle>Ecrits religieux: textes de méditation et de prière (45)
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