Le troisième round s’amorça sur un mode hésitant. Nous tournions, à nous jauger. Je sentais un liquide chaud couler de mon arcade sourcilière et gardais les poings levés dans une mimique défensive. Stoker, l’air hébété, fixait alternativement ma face ensanglantée et les traces rougeâtres sur ses gants. Il se décida enfin à faire un pas vers moi, toujours en garde contrariée. Automatiquement, mon droit partit, effleurant sa pommette. La respiration sifflante, il se dégagea sans riposte. Je m’enhardis à poursuivre d’un gauche ; il voulut cogner aussi. Mon direct le manqua, son crochet battit l’air. Nous nous trouvâmes enlacés, nous tambourinant respectivement les omoplates de coups inefficaces. Ray vint interrompre le corps à corps. Stoker chargea, poings tournoyants. Je fis un bond de côté et, d’un uppercut chanceux, je le cueillis dans son élan. Sa glotte s’enfonça. Il toussa. Nouveau coup, avant qu’il se ressaisisse : l’impact sembla faire jaillir de son menton des étincelles de poils roux. Le colosse vacillait…