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EAN : 9782267045130
192 pages
Christian Bourgois Editeur (13/01/2022)
2.59/5   11 notes
Résumé :
« Sans Chichi », titrait Libération à la mort de Jacques Chirac. À l’agitation publique que suscite cette annonce répond une disparition plus modeste, celle du grand-père de la narratrice. Cette gamine des années 1990 revisite alors l’âge abracadabrantesque où des mains
noueuses mais consolatrices conjuguent l’apprentissage du vélo aux compresses de Synthol.

À l’Usine, résidence d’artiste où elle séjourne, elle entremêle les mots de la presse,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il y a des journaux que l'on garde. Parce que l'on sait que leur une va marquer l'histoire. La une de Libé pour annoncer le décès de Jacques Chirac est de celles-là. "Sans chichi". La blague potache. La tendresse aussi. Comme le parfait résumé de ce texte d'Elsa Escaffre. L'autrice, en résidence d'artiste en Normandie, se retrouve face à cette annonce, dont elle ne sait pas bien quoi faire. Et elle en fait quelque chose de grand et d'intime.

Chirac meurt, et c'est une époque qui tombe avec lui. Pour Elsa Escaffre, naît en 1988, c'est son enfance. La classe de CE2, les jojos', la Game Boy. C'est le moment où l'on comprend que l'on n'aura pas éternellement 7 ans, qu'il faudra bien un jour remplir des papiers administratifs, vider une maison, choisir des psaumes. Se prendre l'âge adulte en pleine face et ne pas se sentir assez grand. C'est certainement le livre le plus juste que j'ai pu lire sur le deuil d'un grand-père. J'aurais pu écrire chaque mot. Sans retouche. J'ai ressenti la même chose. Sans nuance.
Trier ses souvenirs d'enfance, faire corps avec les siens, garder la joie, comprendre l'absence. Ce moment où l'on ne peut pas croire qu'il est parti, et que l'esprit un peu troublé, on imagine qu'il est juste descendu chercher une bouteille à la cave. Comme avant. Et qu'il ne va pas tarder.

Elsa Escaffre est dans ce coin de Normandie où tout n'est que pluie (un microclimat) et elle écrit en phrases courtes, en collages, en slogans, à la manière du Beigbeder d'Un barrage contre l'Atlantique, l'impossibilité d'écrire le deuil. Les mots qui ne savent pas dire, ces verbes qui servent à tout et qui ne servent à rien, finalement. Perdre un proche comme on perd ses clés. Partir, sans que l'utilisation de revenir soit permis.

J'ai choisi ce livre pour l'évocation de la figure politique, je l'ai lu entre rires et larmes, et je l'ai refermé en me disant que j'avais découvert une autrice qui saurait écrire ma génération. Et je crois bien que c'est la première fois.
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Alors qu'elle s'apprête à rejoindre L'Usine, un lieu de résidence artistique où elle a été admise, la narratrice apprend la mort de Jacques Chirac. Pour elle, la mort de l'ancien Président vient faire écho à la perte de son propre grand-père. Entre souvenirs d'enfance et réflexions sur la créativité, Elsa Escaffre promène son lecteur dans les méandres de sa mélancolique mémoire, celle de l'enfance qui s'achève avec la disparition de ceux qui ont accompagné les premiers pas.

« Sans Chichi » titrait le journal Libération le 27 septembre 2019, au lendemain du décès de Jacques Chirac. Sans chichis, c'est comme cela que vivait le grand-père de la narratrice. Bien sûr sa mort aura eu bien moins de répercussions que celle de l'ancien Président, sauf pour ses proches et pour sa petite fille qui fait ici revivre le souvenir de celui qui lui racontait des histoires, lui apprenait à faire du vélo et soignait les chagrins de l'enfance.

Ce récit est pour Elsa Escaffre l'occasion de rendre hommage à son grand-père, la présidence de Chirac étant plutôt un marqueur temporel, et aussi le moyen de s'interroger sur son deuil, sur son rapport à cet homme qu'elle a finalement mal connu car il était vu à travers les yeux d'une enfant.

C'est un récit pudique et sensible qui cache derrière quelques touches d'humour et des espiègleries d'auteur une profonde tendresse pour ce grand-père aimé et perdu.

Elsa Escaffre joue aussi avec une certaine créativité dans la construction narrative et la mise en page. Titres de journaux, citations, proverbes… capitales, lettres en gras, variations des polices... elle use d'un panel typographique qui nuit parfois à la concentration du lecteur et dont l'utilité n'est pas toujours claire. Mais c'est sans doute la patte de la plasticienne qui prévaut parfois sur les premiers pas dans l'écriture de l'auteure.
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alors.
tout d'abord merci à Babelio et à Christian Bourgois pour m'avoir envoyé ce livre dans le cadre d'une Masse critique.
mais
bon
la moyenne car indéniablement la fille sait écrire, arrive à faire passer son émotion, sa nostalgie, son amour de son grand-père défunt, qui l'a frappe à l'occasion du décès de Chirac (une figure de grand père de la nation peut être pour cette jeune femme dont il fut le président de l'enfance et l'adolescence...?)
mais
les changements de police intempestifs
le coq à l'âne
l'absence d'histoire
l'absence d'histoire surtout
désolée, mon truc à moi ce sont les romans, les histoires, qu'il se passe quelque chose, même rien d'autre que la vie mais qu'il y ait une narration quoi.
là, je l'ai attendue en vain
c'est son journal de sa retraite studieuse dans ce lieu de création: l' Usine ?
ou c'est l'oeuvre (un bien grand mot...) qu'elle y a produite ?
bon bref, tout ceci n'est finalement pas très intéressant
Restent quelques paragraphes émouvants en beaux cadeaux d'une petite fille à son grand-père.
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Jacques Chirac s'est éteint et avec lui, c'est toute une génération qui perd celui qui avait fini par incarner le grand-père de la France. Cette disparition, qu'Elsa Escaffre apprend alors même qu'elle se rend en résidence d'écriture, fait remonter à la surface celle de son grand-père, le vrai, celui des gènes cette fois.
La génération en question (situons-là de celles et ceux nés dans les années 80) se trouve être la mienne. Alors ce récit intimiste prend des allures universelles, les souvenirs d'école et de faits d'actualité me reviennent avec une douce nostalgie. Mais aussi le deuil plus personnel. Je n'ai pas eu de grand-père et ici, avec Elsa Escaffre, je me suis plu à essayer d'imaginer celui qu'il aurait pu être, avec des mains robustes parcourues des mille histoires vécues et des yeux tendres au milieu d'un visage rendu grave par les âges.
Ce récit est un très joli texte sur le deuil, sur la perte irremplaçable et sur le devenir adulte. le format est tout aussi agréable, alternant le texte, des citations, proverbes, articles de presse et même quelques hashtags. Générationnel je vous dis !
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Elle est une ouvrière des mots.
Qui les assemble, les articule, les façonne ; mécaniques, articulés par la lente dynamique de l'absence. Des mots unis par des silences qui la comblent et les vident de leur substance. Des mots presque à l'arrêt d'une mort qui les condamne.
Elle est une tisserande du langage, qui tisse la toile d'un verbe fonctionnel, déroulant le fil infini de l'écrit pour relier deux destinées que tout oppose par un même épilogue, deux parcours antagonistes par un même langage qu'elle dissèque, deux trames narratives autour du deuil. Celui, national de Jacques Chirac auquel répond celui intime de son grand-père.
Elle décortique et recouds l'écrit pour analyser les mécanismes du langage qui annonce la mort, ses composantes qui expriment ce qui était lorsqu'il n'est plus, ses fonctions qui évoquent l'histoire et la mémoire, indispensables aux vivants.
Elle découpe et colle les écrits ; les assemble sur la page pour emplir les blancs, tantôt majuscules, tantôt minuscules ; les dispose pour combler les trous, tantôt citations, tantôt expressions ; les aligne pour entremêler l'Histoire nationale au récit de l'intime. Tantôt personnels, tantôt universels.
Elle est une plasticienne des mots, qui colore la langue de toute une palette d'émotions, dessine un « paysage des souvenirs ». Elle assemble les éléments d'un récit national qui résonne en chacun de nous, à ceux de son histoire personnelle ; teintée d'émotion, d'affection et de poésie. Façonnant le passé, empilant les souvenirs, fabriquant « des ruines pour le travail de mémoire ».
Elle est la créatrice d'un langage qui évoque la mécanique de l'âme.
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critiques presse (1)
LeMonde
25 avril 2022
Pour son premier roman, Elsa Escaffre découpe et colle le décès de Jacques Chirac. Peu commun, et sensible
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Parfois des poètes déclament des vers sur les bords de la rivière.
Un saxophoniste joue, assis sur un banc, chassé par sa femme.
( p65)
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Dès que j'ai été en âge de boire, ouvertement, de l'alcool à la table de la famille, j'ai mis un point d'honneur - avec un grand H féministe - à torpiller mon dé à coudre comme n'importe quel moustachu.
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Désormais, il était à moi de commencer à me souvenir des histoires, à les encapsuler dans ma mémoire et à les raconter aux autres, à tous ceux qui debouleront dans nos vies et qui ne te connaîtront pas.
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Je me voyais marcher dans tes pas, la main vissée à une paluche noueuse dont la prise s'affirmait à l'approche d'un passage piéton ou d'un chien ridicule et hargneux. Je retrouvais les promenades aux bonbons à 1 franc, aux magazines de jeux spécial vacances et parfois même l'achat d'un de ces cônes surprises bleus ou roses - les années 1990 ignoraient encore le marketing non genré - garnis d'une petite dizaine de babioles décevantes.
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On retrouvera les petites choses matérielles de-ci de-là ; pour le reste, on remplacera l'absence par des bégonias écarlates déposés sur les marbres gris.
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Videos de Elsa Escaffre (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elsa Escaffre
Elsa Escaffre, autrice, répond à nos questions pour le numéro 9 de Perluète.
Sans chichi : Elsa Escaffre livre un premier roman, drôle et attachant, sur la nostalgie de l'enfance, le deuil, l'imbrication des destins individuels et collectifs, mais aussi la création, avec des jeux typographiques entremêlés dans le texte.
Sans chichi est paru en janvier aux éditions Christian Bourgois.
Elsa Escaffre développe une pratique hybride et cherche à inscrire le langage en et hors du livre. Seule ou en collaboration, elle déplie l'écriture à d'autres supports : objets imprimés, installations, livres d'artistes et performances.
Interview réalisée par © aprim
+ Lire la suite
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