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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Même la dernière goutte d'essence permet d'accélérer.
Rarement la première phrase d'un livre aura si bien reflété sa teneur, d'autant que le pavé en question compte tout de même 800 pages d'une rare qualité narrative, d'une singulière densité documentaire… Aussi inclassable que puissant, En Panne sèche aborde de front rien moins que la fin de notre monde… Ou, pour être plus exact, le douloureux passage d'une économie globalisée aveuglément basée sur le pétrole à une organisation sociale contrainte de se passer de toute énergie fossile.
Certes, on est en plein coeur d'un débat qui occupe le devant de l'actualité, mais dit comme cela, ce n'est pas très folichon, n'est-ce pas ? Détrompez-vous, la plume et la rigueur d'Andreas Eschbach sont là pour faire de ce projet démesuré un roman fleuve impétueux et impossible à quitter tant le courant y est vigoureux. S'il faut classer cette construction romanesque quelque part, parlons pour faire savant d'une uchronie, puisque le « présent » du livre est un avenir proche, donc fictif… mais articulé sur un passé bien réel, lui.
Comme souvent dans les grands romans, on entre en tâtonnant de l'orteil dans ce remous tumultueux où les personnages se multiplient, les situations se posent comme au hasard en des parages aussi divers qu'éloignés… et puis, posément, on entrevoit dans cette construction faussement hirsute un fil ténu, puis un autre, et un autre encore qui bientôt forment une trame serrée. de flash-back en projectives, c'est toute l'histoire et le devenir de la base industrielle de notre monde, au-delà même des civilisations et des cultures, qui se trouve embrassée au travers du destin indécis de Markus Westermann, jeune commercial allemand aux dents longues qui n'a qu'un rêve : réussir aux États-Unis, se plonger avec volupté dans les piscines de dollars du rêve américain.
De désenchantements en rencontres improbables, de hasards en dérives, de questions essoufflées en découvertes échevelées, le jeune homme découvre à la fois l'histoire de la découverte du pétrole, celle de sa fulgurante prépondérance dans une société industrielle naissante, celle des enjeux qui s'emparent d'une source limitée d'indispensable énergie, celles des impasses dans lesquels les appétits étatiques ou individuels vont mener l'humanité, celle des mensonges d'un aveuglement malade de sa crédulité.
Car — et Eschbach le montre avec brio — rien n'est plus paradoxal que cette industrie devenue un irréversible système global. le pétrole est partout, des milliards d'individus s'en servent chaque jour, des millions en vivent, des milliers en ont fait leur spécialité et l'étudient dans ses moindres détails… et aucune industrie n'est plus secrète, plus dissimulée, plus menteuse surtout. Un fait qu'il rappelle en passant : alors que l'équilibre du monde repose sur l'or noir, l'OPEP n'a pas publié d'état des stocks depuis 1982. Personne n'est en mesure de dire avec exactitude quelle est notre espérance de vie pétrolière. On peut noyer ce poisson sous tous les litres de pétrodollars que l'on voudra, le fait est là : nous ne savons pas quand notre terme sera échu.
Mais Eschbach, talent rare, ne se laisse pas envahir par l'ampleur de son sujet. Il sait donner vie à une foule de personnages aussi vivants, contradictoires, possédés, faibles ou inébranlables que ceux que la vie fabrique dans son creuset de vicissitudes. Et bientôt on est avide de tourner la page, de passer le chapitre pour connaître le sort de celui-là, de celle-ci, que l'on a pas revu(e) — relu(e) — depuis trop longtemps…
Je suis sorti de ces 800 pages pantois et cyniquement conscient d'une réalité pourtant sous les yeux de tous. Une lecture qui raffermit deux convictions :
— La première est que nous nous trompons de combat : lutter contre le réchauffement climatique est une imbécillité, une chimère agitée sous les truffes des lévriers pour les faire courir. Si je le savais confusément par d'autres travaux personnels (la publication prochaine de la dernière Croisade de Véronique Anger, j'ai maintenant un peu plus de moyens pour l'argumenter. Vaincre l'addiction au pétrole est l'un des moyens de sortir d'une tragique impasse…
— La seconde — mais celle-ci n'est que confortée une fois de plus — est que le roman est une bien meilleure démonstration que les essais les plus sérieux. La force de l'émotion est un levier chaque fois plus puissant que les dogmes de la raison.
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Passionnant roman d𠆚nticipation dont le propos résonne clairement dans cette époque pour le moins troublée. Et sur la base de véritables données. Encore combien de temps allons avoir ce comportement complètement irresponsable envers la nature et ses ressources ? Combien de temps allons nous supporter l’inertie de nos dirigeants ? Quand allons nous clairement dénoncer le comportement de la monarchie saoudienne et consorts ? Pas très drôle tout ça mais nécessaire à notre réflexion. Et petit détail : attention à ne pas confondre Henry et John Ford. C𠆞st pas le même domaine d�tion.
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(Chronique rédigée onze ans après la lecture de ce livre)

Entre thriller et anticipation, entre roman et récit documenté, voilà un livre captivant sur l'après-pétrole. Ecrit alors que l'exploitation des pétroles de schiste n'en était qu'à ses balbutiements, ce roman annonce une fin du pétrole plus brutale qu'elle le sera vraiment, mais il a l'intérêt d'en montrer les conséquences politiques et économiques.

Bien documenté sur la géopolitique du pétrole, ce récit est aussi un thriller prenant, seulement handicapé par le trop grand nombre de coïncidences et hasards dans l'histoire.

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Andreas Eschbach décrit ici une possibilité d'évolution pour nos sociétés accro au pétrole. C'est un récit haletant qui ressemble presque un reportage du futur proche. La lâcheté et l'avidité sont les causes de la catastrophe. C'est certainement un de ses meilleurs romans.
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Tous drogué au pétrole
Bon roman d'anticipation. Mais la fin fait plouf.J'avais adoré son roman "Des milliards de tapis de cheveux". Je suis donc un peu déçu par celui-ci qui est un peu en dessous. le thème" la fin du pétrole" est très bien traité. On est vraiment dedans, on ne décroche pas. J'ai lu les 600p rapidement.
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Très bon roman d'un auteur de SF allemand reconnu pour d'autres titres comme "Le Dernier de son espèce".

Ce roman éclaire plusieurs choses. Les cercles de la finance, de la manière de gagner de l'argent, l'objectif à courte vue et sans connaître les tenants et aboutissants, la finance qui relève à demi de l'escroquerie tolérée.
Ensuite, la dépendance absolue au pétrole et le fait que tout peut s'écrouler si la production se contracte même un peu, comme une tour mikado quand on retire une brique de bois.

Enfin, la méfiance pour les expériences survivalistes et isolationnistes, dépeintes deux fois dans le roman, comme un enfermement avec soi-même et ses bas instincts.
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