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Critique de Meps


Puisqu'on a entamé l'Orestie par Agamemnon, autant la poursuivre par les Choephores, suite de la trilogie que nous offre Eschyle. Après le meurtre du père, c'est donc la vengeance des enfants qui nous est offerte.

Les formes imposées du théâtre classique grec sont un carcan qui laisse peu s'exprimer la violence des sentiments. Elle oblige à une lente préparation où les Dieux sont invoquées. On semble leur demander de tout faire avant de se rendre compte qu'on va bien devoir y aller soi-même. Et à ce jeu là, machisme oblige, c'est le frère qui doit s'y coller, la soeur appelant de ses voeux un vengeur jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il ne peut s'agir que de lui.

L'originalité ici vient sans doute ici de ce choeur, représenté ici ironiquement par les femmes envoyées par la mère meurtrière Clytemnestre pour chanter hypocritement les louanges de sa victime. Eschyle joue avec le double emploi de ce choeur, voix du peuple. On l'utilise pour sauver les apparences, mais au fond il ne rêve que de voir tout exploser... pour retrouver une certaine stabilité, la vengeance passée.

Je ne sais pas si je surinterprète, mais il me semble qu'une partie du message d'Eschyle est là. le choeur des vieillards avait assisté impuissant (mais pourtant bien omniscient) au meurtre de son roi. le choeur des pleureuses envoyée par la reine trompe bien ses volontés puisqu'elle pousse à son meurtre et à la vengeance par les enfants. Mais elle échoue à rassurer le meurtrier sur la justesse de son acte. En effet, une fois la vengeance accomplie, Oreste se sait entaché de la malédiction qui poursuit sa famille. Et qui pour le juger (même s'il accuse les Moires) que le peuple lui-même, prompt à inciter au renversement des tyrans actuels mais qui saura bien aussi vite reprocher aux nouveaux maîtres le forfait qui les aura mené au pouvoir.

Je ne sais si c'est le message de l'auteur mais j'ai vu dans les deux premières pièces de cette trilogie la description d'un peuple bien malléable qui ne cesse de reprocher à ses chefs leur folie, mais ne fait que les inciter à la perpétuer.
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