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EAN : 9782881083044
65 pages
Editions de l'Aire (05/07/1999)
3.84/5   56 notes
Résumé :
Quelle grandeur dans ce drame dont les personnages sont des dieux ou des héros ! Quelle scène saisissante que la rencontre de Prométhée et de Io, ces deux martyrs, sur la plus haute cime de la terre ! Et tous les caractères, comme ils sont nettement dessinés ! Ce sont, d'abord, le hideux Kratos, l'aveugle instrument de la puissance divine ; Héphaïstos cœur compatissant qui cloue Prométhée sur un rocher en maudissant le travail qu'on lui impose. Puis, voici les Océa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une pièce agréable à lire dont le principal mérite est de conter quelques pans importants de la mythologie grecque.

Condamné par Zeus, Prométhée le Titan est enchainé au sommet d'une montagne du Caucase pour avoir osé voler le feu aux Dieux et l'avoir offert aux hommes. Son destin est de subir éternellement les affres de la fournaise du jour et du froid glacé de la nuit. Les Océanides, filles d'Océan, forment le Choeur qui vient plaindre le malheureux et l'auditoire auquel Prométhée conte son histoire. Il est amer de son sort, mais fier de son action. Il renvoie vertement Océan venu lui proposer son intercession. Connaisseur de l'avenir, il va conter celui de sa visiteuse, la nymphe Io, fille du fleuve Inachos poursuivie par la colère vengeresse d'Héra pour avoir eu le malheur de plaire à Zeus. Fier, dis-je, et sûr de sa victoire finale car il détient un secret ; il sait comment et par qui interviendra la chute de Zeus. Hermès descend des cieux pour le convaincre de le dévoiler, en vain.

On le voit beaucoup de choses sont racontées. A l'échelle de la pièce cela fait un peu trop. L'histoire d'Io, par exemple, prend beaucoup de place et n'apporte aucune solution au sort de Prométhée ; sort qui n'est d'ailleurs pas réglé à la fin. Mais quand on voit la pièce comme la première d'une trilogie cela s'explique. Eschyle avait bien plus de marge pour s'étaler et pouvait se permettre des interludes et une fin en suspense. Les deux autres pièces ont malheureusement disparu, mais l'on sait que la deuxième – « Prométhée délivré » - contait la libération du Titan par Héraclès.

Pourquoi Prométhée a-t-il provoqué le courroux de Zeus alors qu'il l'avait aidé à enfermer ses frères les Titans ? Cela n'est pas clairement dit. En fait Prométhée était, selon d'autres sources, le créateur des hommes que Zeus souhaitait éliminer de la surface de la Terre. En apportant le feu aux hommes il apporte l'élément décisif au progrès, à la domination de la nature, et finalement à l'oubli des Dieux désormais inutiles. C'est une vision très humaniste du rôle de Prométhée que portait là Eschyle. La portait-il vraiment ou a-t-on ici affaire à une interprétation moderne ? Je ne sais.

De manière empathique on a tendance à être ému du sort infâme réservé au Titan, qui sera encore alourdi après la visite d'Hermès avec un aigle qui viendra quotidiennement manger son foie. On apprécie aussi son côté implacable, l'affirmation de sa fierté. En fait en lisant les analyses du mythe on comprend que Prométhée n'est pas si démuni qu'il le paraît. C'est un immortel, et même Zeus – présenté dans la pièce comme un potentat ne gouvernant que par la violence - ne peut le tuer. La douleur ? Il peut la supporter. Et il tient son adversaire à sa merci. Il sait comment ce dernier tombera de son trône, et personne ne saurait lui arracher l'information. C'est le statu quo. le noeud ne se desserre que dans « Prométhée délivré » (on le suppose) où un compromis est trouvé : Zeus accepte de délivrer le Titan moyennant une mise en scène épique et l'intervention d'Héraclès. En retour Prométhée dévoile qui menace son trône ce qui permettra au maître des Dieux de désamorcer préventivement la grenade. Zeus acceptant un compromis abandonne l'usage seul de la Force pour le gouvernement. Une forme de Justice peut naître.
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"Prométhée enchaîné", est une très curieuse pièce d'Eschyle, qui permet de mieux connaître un pan assez méconnu, somme toute, de la mythologie grecque : la condamnation de Prométhée à son célèbre supplice.
La pièce, est remplie de belles répliques, très justes, d'une beauté sobre typique des tragédies grecques, mais elle me semble un peu verbeuse. J'ai effectivement un peu de mal avec le choix d'Eschyle de nous présenter le héros, déjà condamné à son supplice, dès le début de la pièce ; il aurait été, à mon sens, plus intéressant, pour donner une vraie personnalité aux différents personnages, et, en particulier, de Prométhée, de les montrer en proie avec leur destin auquel ils tentent d'échapper. Leurs répliques, m'auraient sans doute sembler un peu moins vaines. Cependant, c'est une pièce assez plaisante à lire, qu'écrit là Eschyle, avec des répliques assez intéressantes, bien que le tout, soit un peu trop verbeux, à mon goût.
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Lu dans la traduction de Leconte de Lisle.
Ce qu'il y a de curieux avec le mythe de Prométhée, ce sont les lointaines correspondances avec le christianisme. On peut voir Prométhée à la fois comme une figure satanique et christique. Dès les premières lignes, Eschyle raconte l'enchaînement de Prométhée par Héphaïstos sur les ordres de Zeus. Les Carpates (il semble que ce soit le lieu où Eschyle situait le supplice de Prométhée) c'est le Golgotha, Héphaïstos lui cloue un bras, puis l'autre, puis il lui enfonce un coin d'acier dans la poitrine. La crucifixion, en quelque sorte, d'un Dieu qui a trop aimé les hommes, « un sauveur d'hommes » qui leur a donné le feu. Prométhée c'est donc aussi le serpent qui a révélé la science aux hommes, le porteur de lumière, Lucifer, la divinité rebelle chassée du ciel par Zeus. Zeus est le roi des dieux dans cette pièce, un tyran ; « Nul n'est libre, si ce n'est Zeus » dit Kratos à Héphaïstos, on n'est pas si loin du monothéisme.
Les correspondances s'arrêtent là, il est certainement davantage question, dans l'esprit d'Eschyle, de la tyrannie humaine, il songeait peut-être même à des évènements politiques précis. le feu de Prométhée n'est pas la connaissance du Bien et du Mal, pas plus que la charité chrétienne. La problématique d'Eschyle est tout autre, elle est grecque, c'est l'essence de la tragédie, la réflexion devenue si subtile au fil du temps, sur la liberté et la nécessité. Avec cette pièce on se trouve juste au début de cette réflexion, c'est une négation brutale de la liberté sur terre, tout n'est que fatalité.
Et c'est justement dans cette fatalité que réside l'espoir de l'immortel Prométhée. Pour tout le monde sa situation est désespérée, il est condamné à souffrir éternellement, mais lui s'obstine dans sa révolte car l'avenir lui a été révélé. Il sait donc que Zeus n'est pas si puissant qu'il y parait et que sa libération viendra en son temps. « Qui donc gouverne la nécessité ? » lui demande les Okéanides, il répond : « Les trois Moires et les Erinnyes qui n'oublient rien », Zeus n'est donc pas le démiurge, il n'est pas tout-puissant, juste un roi très-puissant, et il « ne peut échapper à ce qui est fatal ». Même si Eschyle situe son action dans un monde entièrement mythique, il ne sépare pas radicalement le royaume des cieux et le royaume terrestre, et il n'y a pas de liberté possible, tout est absolument fatal, les chaînes de Prométhée sont les chaînes du destin.
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Feu



Personne ne revendiquait la découverte de l'utilisation du feu, personne ne revendiquait la découverte du savoir- garder le feu, personne ne revendiquait le découverte du savoir re-faire le feu... On savait que ce n'était pas un des membres du clan, ni un de ceux d'un autre clan. Elles était tellement importantes ces découvertes qu'il fallait un nom à cela, cela qui réchauffait, cela qui protégeait, cela qui nourrissait, cela qui réunissait.
Vint alors le premier poète, il inventa le premier mot pour dire cela: feu, et aux hommes qui parlaient les langages des bêtes, ce fut le premier mot donné par le premier poète.
La première invention des hommes, à ce jour jamais égalée, aucun des hommes ne se l'attribua, tous avaient peur de la vengeance terrible de l'inventeur si comme des usurpateurs ils s'étaient affirmés découvreurs.
Le premier poète inventa alors un être, un être qu'il avait vu dans le feu, un être comme lui, comme les hommes du clan, mais différent, comme si c'était un homme de feu.
À cet homme, il donna un nom, ce nom aujourd'hui encore est resté le même, pour cette invention du poète, qui, toujours dans le feu, dans l'éclair, dans la foudre... impose à nos imaginaires défaillants, un dieu, des dieux...


© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Prométhée enchaîné est la première pièce d'une trilogie dont les deux suivantes, Délivrance de Prométhée et Prométhée Porte-feu, n'ont pas été conservées. Elle s'appuie sur l'un des mythes les plus célèbres de la Grèce antique, mais aussi, comme dans Les Suppliantes, sur les malheurs d'Io. Contrairement aux autres tragédies connues d'Eschyle, Zeus est présenté comme un jeune tyran autoritaire et intraitable confronté à l'abnégation du Titan Prométhée qui apporte et transmet la science bienfaisante aux Hommes. Sûr de la justice de son engagement, il reste sourd aux menaces et aux sévices de Zeus. Cette pièce est une ode aux combats pour la justice et le respect des droits humains.

Lu dans le premier volume des Tragiques Grecs de la Pléiade, n°193. Traduction de Jean Grosjean.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[Le chœur interpelle Prométhée sur l'intérêt d'avoir donné le feu aux hommes, appelés ici les créatures d'un jour]

Car enfin, dis-nous, ami:
quel bien t'a fait ce bienfait?
Où donc est l'aide - et laquelle?
dont peuvent te conforter
les créatures d'un jour?
N'as-tu pas les yeux frappés
de la chétive impuissance
qui retient dans des entraves,
paralysée comme en rêve,
l'humanité tâtonnante?
Non, jamais on ne verra
les entreprises conçues
par des mortels réussir
à transgresser l'harmonie
à laquelle Zeus préside!

C'est la leçon, Prométhée
que nous donne le spectacle
de ton tourment de damné...
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PROMÉTHÉE: Dès que Zeus eut pris place sur le trône de son père, il répartit aussitôt les prérogatives entre les divers dieux, et fixa la hiérarchie des places dans son empire, mais sans tenir nul compte des malheureux humains. Au contraire, son idée était d'effacer entièrement leur race, et d'en implanter une toute autre nouvelle. Pour s'y opposer, personne - sauf moi. J'ai osé, moi; j'ai sauvé l'humanité d'être broyée et de tomber aux abîmes infernaux. Voilà pourquoi je ploie sous le joug de pareils tourments...
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IO : Qui es-tu ? [...]
PROMÉTHÉE : Tu vois celui qui a donné le feu aux mortels, Prométhée.
IO : Ô toi qui t'es montré si secourable à la communauté des mortels, malheureux Prométhée, pour quelle faute subis-tu un pareil châtiment ? [...] Apprends-moi qui t'a enchaîné à ce roc escarpé.
PROMÉTHÉE : C'est l'arrêt de Zeus et la main d'Héphaïstos.
IO : Mais de quelles fautes payes-tu la peine ?
PROMÉTHÉE : Ce que j'ai dit suffit pour t'éclairer.
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...par les immuables étreintes des chaînes d'acier, cloue ce Sauveur d'hommes à ces hautes roches escarpées. Il t'a volé la splendeur du Feu qui crée tout, ta Fleur, et il l'a donnée aux mortels. Châtie-le d'avoir outragé les Dieux. Qu'il apprenne à révérer la tyrannie de Zeus, et qu'il se garde d'être bienveillant aux hommes (...) c'est le fruit de ton amour pour les hommes. Étant un Dieu, tu n'as pas craint la colère des Dieux. Tu as fait aux Vivants des dons trop grands. Pour cela, sur cette roche lugubre, debout, sans fléchir le genou, sans dormir, tu te consumeras en lamentations infinies, en gémissements inutiles (...) l'esprit du Fils de Kronos est impénétrable ; son cœur ne peut être touché.
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Elle te hantera à jamais, l'horrible angoisse de ta misère présente, et voici qu'il n'est pas encore né, celui qui te délivrera ! C'est le fruit de ton amour pour les hommes. Étant un dieu, tu n'as pas craint la colère des dieux. Tu as fait aux vivants des dons trop grands. Pour cela, sur cette roche lugubre, debout, sans fléchir le genou, sans dormir, tu te consumeras en lamentations infinies, en gémissements inutiles. L'esprit de Zeus est implacable. Il est dur celui qui possède une tyrannie récente.
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Vidéo de  Eschyle
ESCHYLE — Le Chœur & le Sacré (UNIVERSITÉ NANTERRE, 1994) Un cours audio de Émile Lavielle enregistré le 8 février 1994 pour l’Université de Nanterre.
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