Où l'on apprend que les gâteaux qui font rapetisser ne se sont pas là où ils se trouvent par hasard...
Album mignon, même si j'étais d'emblée sur la réserve à cause de son côté rétro affiché - parfois, ce genre d'albums frise le ridicule. Ce n'est pas le cas, puisque l'histoire n'est pas de la veine nunuche que je craignais, et que les dessins - qui me faisaient très peur au début, pour le coup - s'adaptent bien au scénario.
Deux frères ours s'amusent dans la nature sans faire très attention à ce qui les entoure. Ce sont des enfants (ou du moins ils agissent comme tels, à ceci près qu'ils vivent seuls et sont donc tout à fait autonomes) qui aiment gambader, jouer et passer d'une chose à l'autre. Mais, ils ont beau ne pas se monter très observateurs, quand une maison minuscule fait irruption dans leur champ de vision, ils sont trèèèèès intéressés. Forcément, qui résiste à une maison minuscule ? (Pas moi, c'est certain) Et quand une odeur de gâteau qui sort du four se fait sentir (je salive rien que d'y penser), le plus jeune des deux frères repère le gâteau, minuscule lui aussi, et hop, l'avale d'un coup. Et comme il y a des précédents question gâteaux qu'on trouve et qu'on ne devrait pas manger parce-qu'on-ne-sait-pas-ce-qu'il-y-a-dedans et qu'en-plus-ça-ne-se-fait-pas-voyons, vous imaginez ce qui va suivre. Comme Alice, l'ourson va connaître quelques (més)aventures, avec quelques petites frayeurs - mais rien de très méchant.
L'idée générale de l'album, plus que d'avertir les enfants curieux, voire aventureux, et qui touchent à tout (mais comment apprendrait-on à connaître le monde si on ne touchait à rien ?), c'est de montrer qu'il y a, autour du monde qu'on connaît déjà, un autre monde plus vaste, beaucoup d'autres mondes (non, je ne parle pas du multivers, je suis pas obsessionnelle à ce point). Que si un minuscule gâteau se trouve sur le bord de la fenêtre d'une minuscule maison, c'est qu'il a sûrement été préparé par quelqu'un et destiné à quelqu'un (pour des raisons thérapeutiques dans notre cas, qui plus est). Et que s'il se trouve quelqu'un pour cuisiner de minuscules gâteaux dans une minuscule maison, c'est peut-être qu'il y a des tas d'êtres et de choses qu'on ne voit pas au premier abord mais qui sont fichtrement intéressants à observer et à côtoyer. Et que les lutins peuvent êtres très pédagogues (est-ce vraiment étonnant ?)
Avec le choix d'une écriture cursive d'un genre enfantin - entendons-nous : d'une genre enfantin mais vachement appliqué quand même, sans ratures ni hésitations - soit pour rendre l'album attractif, soit pour faciliter la lecture,
La toute petite maison joue à fond la carte de la pédagogie alliée à la mignonitude. En général, je m'insurge contre une mignonitude aussi assumée, mais là, je sais pas pourquoi, j'étais de bonne humeur et j'ai trouvé ça plutôt sympa. C'est un album qui, dans un tout autre style, est dans le même esprit que Attends Miyuki, par exemple. Ca ne m'a pas emballée comme
Grand Loup et Petit Loup de
Nadine Brun-Cosme et
Olivier Tallec ou
le Jardin invisible de
Marianne Ferrer et
Valérie Picard, qui sont pour moi des chefs-d'oeuvres parmi les albums pour enfants récents, et qui traitent peu ou prou des mêmes thèmes, mais sur un mode plus subtil. C'est sympathique, joli - surtout les dessins de la végétation -, le format est bien adapté aux enfants, et l'objet est pensé pour qu'ils puissent le lire en toute autonomie. C'est déjà pas mal.