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EAN : 9782491517083
112 pages
Aethalides (11/03/2021)
4.17/5   3 notes
Résumé :
« Vivre est devenu un espace de radicalité ».

Récit de combat d'un écrivain confronté depuis plus de vingt ans à la dysphorie, "Lettre au recours chimique" frappe autant par sa poésie que par son authenticité. Avec l'héritage assumé d'Antonin Artaud et de Sarah Kane, Christophe Esnault revendique le face-à-face avec le psychiatre et affirme que vivre est aujourd'hui une pathologie. Loin d'être une attaque frontale contre l'industrie pharmaceutique et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
ue dire d'un récit qui ne se raconte pas ? Ai-je détesté, sûrement pas. D'ailleurs, est-ce une lecture dont on peut dire que l'on aime ou pas, encore moins. Alors comment vous parler d'un ‘roman' comme celui-ci ? C'est une lecture qui demande de l'attention, éprouvante : elle marque, indéniablement. Et l'auteur encore plus.

Christophe Esnault est d'abord un Amoureux de la littérature. Amoureux de l'amour, de la vie.

Mais il est atteint de dysphorie depuis plus de 20 ans. Il se décrit cador du parano aussi. Et angoissé. Il ne rentre pas dans les cases, il dérange ceux qui ne savent pas Vivre.

Pour nous présenter ses pathologies, il nous dresse un tour d'horizon de son monde, ce qui le rend humain, l'illumine, l'énerve, le révolte, l'affaibli. Il nous parle ici de tout, ses amours, des handicapés mentaux, des neuroleptiques, de la musique, des DRH, de ses rdv médicaux, des faux semblants, de l'importance de savoir VIVRE… Surtout.

Il se bat contre l'addiction, les psys, les médocs, sa folie, les normalités, celle du couple,… le couple, sa vision est absolue ; il aime l'amour, mais pas le couple. de ce qu'on en fait et de ce ‘faut' qu'il représente pour les normaux.

C'est pourquoi l'auteur aime tant sa femme, par ce qu'elle est libre de lui.

Il nous ouvre les yeux et confie ses autres manques, ses souffrances qui dérangent.

En premier lieu visé, le soin psy.. prodigué par ces hommes aux blouses blanches faussement thérapeutes, cachés derrière des murs de diplômes et dénués de la seule chose qu'on leur demande : l'Ecoute de l'humain et sa compréhension.

L'ECOUTE

Aujourd'hui, on sédate le patient sans connaître la cause de son mal, et pour avoir la paix. Et puis parce que cela fait tourner le monde. le fric.

On prescrit, c'est tout. On lance les engrenages de traitement longue durée sans se soucier des effets secondaires de traitements au long court.

Mais on n'écoute toujours pas.

Christophe Esnault devient fou de cette transparence, de cette cécité sur les besoins de milliers d'autres patients, de ces pathologies qu'on colle au dos pour donner le droit de prescrire encore un peu plus et bien sûr, il souffre aussi.

Ce récit est « Un texte centré pour un homme égocentré », qui a pris autant de soin à {dé}ranger ses mots, sans dessus dessous, sans règle particulière, à demi, chevauchant, barrés ou solitaires.. Ici les mots, les phrases dansent, volent, se cherchent, explosent, accusent, aiment, pointent.. Dans ce joyeux bordel, chacun à la place qui lui revient et tout est alors limpide.

Cette plume incessante sort « mille pensées à la minute », dans un flot enivrant, spontané. L'auteur plante sa plume au coeur, dans une explosion de sincérité, elle est piquante, cynique et folle, surtout maladivement poétique.

Pour reprendre mon souffle, j'aurais pu fermer ce livre et le continuer au fil des jours, mais.. je suis restée en apnée. Certes court récit d'une centaine de page, ce plaidoyer saisissant se lit d'une traite. Lorsque Christophe Esnault entre dans notre tête, il y reste ; ce genre de personne ne vous laisse plus tranquille une fois rencontrée, lue ou écoutée.

Elle habite votre esprit.

Elle ne s'arrête jamais, elle est solaire, rieuse, bavarde. On voudrait qu'elle aie toujours à nous dire.

Au point d'en être saoulé.

Drogué.

Nous aussi.

Il y a des rencontres qui marquent l'esprit : une présence, une personnalité, un charisme, un tempérament ou aussi un flot de paroles déversé le temps de la « rencontre ». Ou tout ça à la fois. Quand elles entrent en scène, c'est la tornade, tout vole, tout brille, tout éclate et une fois la porte refermée derrière elles, on reste seule, avec pour unique bruit, le silence qui nous enveloppe.

Comme une chape de plomb qui nous tombe dessus.

Alors vous vous demandez ce qu'il vient de se passer.

Et vous reprenez votre respiration, enfin.

« Lettre au recours chimique » n'est pas que le long monologue d'un fou, c'est d'abord les proses d'espoir d'un homme qui ne veut plus souffrir.

Puisse cette lettre faire changer les choses ♥
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Une incroyable poésie fiévreuse et furieuse adressée au soulagement des pathologies non soignées qui constituent la vie contemporaine.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/09/note-de-lecture-lettre-au-recours-chimique-christophe-esnault/

On sait depuis quelques années la capacité rare dont dispose Christophe Esnault pour s'adresser à des interlocuteurs hautement improbables (ou rendus tels lorsqu'ils ne le semblaient d'abord pas) et particulièrement réjouissants, littérairement : dès « Isabelle, à m'en disloquer » (2011) et « Correspondance avec l'ennemi » (2015), voire dans « Ville ou jouir » (2020) et même dans « L'enfant poisson-chat » (2020) – on vous laissera le soin, pour ces deux textes-là, de déterminer le protagoniste réel de l'échange -, le questionnement frontalement poétique et subtilement politique, sans relâche, irrigue une révolte de fond face à la force d'inertie si colossale de l'absurde qui régit notre contemporain (et que l'aventure le Manque à laquelle participe Christophe Esnault en compagnie de Lionel Fondeville – dont le témoignage photographique est aussi présent dans l'ouvrage – tente aussi de déminer et contourner).

Publié en mars 2021 dans la collection Freaks des éditions Æthalidès (où l'on trouve aussi, par exemple, les remarquables « Seins noirs » de Watson Charles ou « le tango des ombres » de Jean-François Seignol), « Lettre au recours chimique » mobilise lorsque nécessaire Günther Anders et son « Obsolescence de l'homme » (dès l'exergue), des films d'Aurélia Bécuwe (« Phase haute », dès l'exergue également) et de Sandrine Bonnaire (« Elle s'appelle Sabine »), Jean-Louis Comolli et son « Une terrasse en Algérie », Sarah Kane et son « 4.48 Psychose » (une référence presque constante de l'auteur, comme il en sourit page 77), Pierre Guyotat et son « Tombeau pour cinq cent mille soldats », Mathieu Riboulet et son « Entre les deux il n'y a rien », Unica Zürn et ses « Lettres au docteur Ferdière », ou encore Claire Dumay et ses « Étreintes bloquantes ».

Naviguant dans un espace éminemment inconfortable mais particulièrement judicieux, aux bornes opposées duquel on trouverait peut-être le Pierre Barrault de « Clonck et ses dysfonctionnements » et le Thierry Théolier de « Dude Manifesto », ces 100 pages fiévreuses délimitent un étrange territoire, à la fois terriblement familier et brutalement dépaysant, celui où s'exerce le vivre (que l'on ne saurait accoler à l'épithète libre que dans un contexte furieusement spinoziste) sous diktats et soulagements esthétiques, sociaux, médicaux et politiques – dans un ordre le plus souvent merveilleusement ou tristement aléatoire.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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La psychiatrie et ses aliénations normatrices, la folie et ses refus, la dysphorie et ses soulèvements, ses lucidités aussi sur cette normalité qui nous tient lieu de soumission à la discrétion. Récit versifié, explosé, sur la mise en mot de l'expérience de l'auteur, son expérimentation de la pharmacopée, les différentes formes et comédies que peuvent trouver un discours sur la folie, Lettre au recours chimique est un texte à la force d'un cri primal. Christophe Esnault, sous les masques et la provocation, le rire et le Vivre, met à nu la singularité de sa voix.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Euphorie, dysphorie. Ça va ensemble. Pente ascendante et descendante. Comment écrire la dysphorie, comment en rendre compte ? Pourquoi pas au travers d'un récit-poème porté par une écriture... euphorique ?
ettre au recours chimique paru ce mars dernier dans la collection Freaks des éditions Æthalidès peut aussi constituer une belle entrée en matière. Pas possible de passer à côté. Cette couv' qui annonce la couleur par son trait serré, son ton nerveux, visage griffonné et portant le titre du livre ; ce Ⓐ qui fait figure d'oeil : Anarchie ?
Pas de structure et pas de narration, ça fuit et ça fuse, anarchie de l'écrit, déroulant un flux ininterrompu. C'est d'abord dans et par l'écriture, la mise en page – le langage en somme – que l'on articule la condition de Freak.
Par freak, ici, comprendre la ou le cassé·e, cabossé·e, non par l'existence elle-même – elles sont multiples les manières de vivre – mais affecté·e par le Pouvoir en tant que tel, tel que subi par nous toutes et tous, au quotidien, ces existences, les nôtres, qu'une organisation sociale voudrait articuler dans et sur le travail producteur de valeur, de la fétichisation de la marchandise, sa production et sa circulation permanentes. Et nous ? Variables d'ajustements, à ce mode de non-vivre.

pour lire la suite http://litteralutte.com/?lettre-au-recours-chimique
Lien : http://litteralutte.com/?let..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Et l’infirmière de la médecine du travail
Me demande si je suis célibataire ou en couple
Et expliquer que j’aime une femme libre
Et que je ne peux pas cocher les cases qu’elle me propose
A vite fait de l’irriter
Comme si prononcer les mots « La femme que j’aime »
Pour ne pas dire « Mon amoureuse »
Comme si maudire le mot « compagne »
Et ne pas le laisser passer
Me posait déjà en cas clinique
Avec le mot problème en surbrillance
Pour ma part je n’ai pas de problème
À penser autrement que vous
Rappel élémentaire : si je pense comme vous je ne pense pas
Ai emmené si peu loin ma pensée
Qu’elle ne peut être une pensée
J’aimerais juste ne pas penser comme vous
Sans qu’il y ait naissance du moindre problème
Je ne suis pas ennemi du langage et sais défendre ma pensée
Ma pensée qui s’appuie sur des milliers de livres lus
Des milliers de films et documentaires vus
Sur des échanges des dialogues des rencontres
Avec des personnes avec qui je sais plaisamment
Être en désaccord
Le bonheur d’être en désaccord
De ne pas penser pareillement que l’autre
Comment pourrait-il y avoir échange ou dialogue
Sans penser différemment ?
Si je pense comme l’autre
Exactement comme l’autre
Il n’y a pas de pensée
Car la pensée a été emmenée si peu loin
Qu’elle n’existe pas
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Le travail salarié et ce qu’induisent
Des journées de travail salarié
Rassure-toi t’es pas tout seul
Et les prisons et les psychiatres
Main dans la main sont là
Pour que tu y retournes
L’éducation et les universités ont été avalées
Par l’économie de marché
L’hôpital public et la santé ont été avalés
Par l’économie de marché
La novlangue du management a tout avalé
Liste à poursuivre jusqu’à la nausée
Avale ton médicament sans la ramener s’il te plaît
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Le plaisir à vivre on vous le fait payer un maximum
Ne vous amusez surtout pas à l’exhiber
Rappel : Soyez discret
Vivre (pour ceux qui savent ce que cela veut dire)
Vivre est devenu un espace de radicalité
Et je veux bien être un poil parano
Voire un champion du monde et cador de la parano
Mais il me semble que la question
Quelle est la pathologie ?
Cette question mord dans la jambe du vivre
Et dans l’exercice du vivre
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Rappel élémentaire : si je pense comme vous je ne pense pas
Ai emmené si peu loin ma pensée
Qu’elle ne peut être une pensée
J’aimerais juste ne pas penser comme vous
Sans qu’il y ait naissance du moindre problème
Je ne suis pas ennemi du langage et sais défendre ma pensée »
p.17
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Troupeau de normopathes

Ou troupeau de psychiatres

L’effacement de l’individu

Au profit de celui qui encaisse le chèque
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Nietzsche m'a tout piqué, un clip et une chanson du Manque, avec Christophe Esnault
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