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Citations sur Contre l'art (11)

Ainsi se présente la journée :

Blanche.

Crocus. Lis. Perce-neige. Cigarettes.
Soleil. Quelque chose de noir.

Tôt le matin, déjà, dans cette lumière forte : des bribes de noir.
Qui ne disparaissent pas.

Quelque chose de mauvais. De sombre. Qui se voit,
et qui redevient invisible. Blanc.

Des birbes de noir. Dans la journée.
Et pareil dans la nuit, quelque chose de blanc.

Quelque chose de terriblement blanc dans la nuit.
Et pareil dans la journée, quelque chose de noir.

Cela n’as pas de nom, et puis on lui en redonne un.


Les noms apparaissent. Une légère brume blanche. Puis un soupçon de bleu. Un courant d’air frais et ce bleu argenté qui recouvre les carreaux. Fleurs de givre.

Soleil. D’abord un rayon clair, d’un jaune presque blanc, et puis la manière dont la lumière se déploie sur la vitre comme une flamme de gaz, orange et chaude : la manière dont les objets retrouvent leurs contours, la manière dont le lit devient lit. La manière dont les arbres deviennent arbres, dont les fleurs deviennent fleurs, dont les visages disparaissent et la maison devient maison. Les pièces deviennent habitables, reconnaissables : la manière dont les noms reviennent.

Tout ce qui n’advient pas fait mal.

Tout ce qui n’advient pas. Tout cela ne disparaît pas.
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Quand elle franchit la porte pour aller à l’école, j’attends déjà son retour. J’attends son retour ; un jour elle téléphonera pour dire qu’elle dort chez une copine, un jour elle téléphonera pour dire qu’elle dort chez un copain, un jour elle téléphonera pour dire qu’elle va vivre dans une autre ville ; je m’y attends.


(L’auteur parlant de sa fille âgée de 15 ans avec une infinie tendresse)
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Ces heures du milieu de la journée, quand on est parfaitement éveillé et qu'on s'allonge sur le lit, non pas pour dormir, non pas pour se reposer, mais pour regarder par la fenêtre, contempler le ciel, être encore plus éveillé. Si éveillé que celui qui est allongé comprend soudain qu'il pourrait rester ainsi à tout jamais, immobile et sans pensées, mais avec un regard si limpide qu'il en devient douloureux.
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J'étais assis derrière à mon bureau. je ne parvenais pas à mettre fin à mon travail, l'écriture refusait de prendre fin, malgré moi elle continuait à me travailler bien après mon coucher: les mots et les phrases me trottaient dans la tête, comme si l'intérieur de mes paupières étaient une feuille retournée sur laquelle on écrivait, une sombre feuille prise d'assaut par les mots; ils luisaient. La charge des mots, des phrases me tenait éveillé. Ils luisaient, comme lorsqu'on allume et éteint une lampe, ils m'assaillaient et luisaient, lourds de sens, d'un sens plus profond, ils contenaient tout un livre. je devais les écrire...(p.43)
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En ce premier Noël à Oyjordsveien nous voulions cependant, mon père et moi, qu'ils s'en aillent tous, toute la famille, qu'ils nous laissent seuls ; nous voulions en être débarrassés, et aujourd'hui, alors qu'ils sont tous partis, nous voudrions qu'ils soient là ; que jamais ils ne nous aient laissés seuls.
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Les roses aussi deviendront noires.
La lampe du bureau s'éteindra.
Il fera nuit.
Il fera froid.
Le mieux serait qu'il y ait de la neige, une neige précoce qui couvrirait les fleurs avant que leurs pétales tombent.
Le mieux serait que tu voies de ta fenêtre les fleurs blanches, il ferait chaud dans la pièce...
Le mieux serait que la pluie fasse disparaître la neige.
Tu pourrais encore t'asseoir dans le jardin,
si c'était mardi; ce pourrait être ton anniversaire.
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Nous avons en commun, ma fille et moi, d'avoir perdu notre mère. J'ai perdu ma mère en avril, elle a perdu la sienne en septembre. Je n'ai pas su quoi dire, que faire pour la consoler, les seuls mots que j'ai trouvés, les premiers mots que j'ai prononcés, les voici-comme si j'étais un enfant, comme si aucune différence d'âge nous séparait, comme si je voulais qu'elle me console et que nous puissions nous étreindre dans un deuil partagé, deux semblables, du même âge, comme si, en l'espace de quelques minutes silencieuses, j'avais fait d'elle une adulte, ma future compagne, mon espérance; en les entendant elle s'est détournée, furieuse et effrayée, ce n'était pas une consolation- les premiers mots que j'ai prononcés, les voici: nous n'avons plus de mère.
Ma fille a quinze ans et elle ne connaît pas son père. On pourrait dire qu'il y a un homme qui écrit des livres, et un homme entièrement différent qui est son père. (...)

elle avait besoin d'un père et elle s'est retrouvée avec un homme brisé par le chagrin, il a cru qu'il allait perdre la raison, devenir fou, il a cru qu'il allait mourir, tomber malade, il a cru qu'il allait tout perdre, la maison, l'enfant...(p.16-17)

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Qui étais je ? Où était elle ? Dans quelle maison, à quel âge ; l'instant précédent, elle avait dix-sept ans et elle en avait maintenant soixante-dix-huit, il lui fallait un bon moment pour reprendre ses esprits, pour reconnaître l'appartement et la cuisine où elle était assise;
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J'étais assis seul dans ma chambre, remplissant page après page mon journal intime. Journal après journal; je remplissais les pages de pensées et de rêves, de notes et de petits récits. Je remplissais le journaux de copains et de copines, de filles et d'amours, de voyages et de villes, de lieux et de gens; à mesure que j'écrivais, les lieus et les gens prenaient vie, une une vie qui leur est propre; je ne dirais pas qu'ils sont devenus vivants, ni réels, mais il m'est arrivé de les rêver comme s'ils existaient, et en un sens, ils existaient vraiment : sous l'apparence de spectres ou de marionnettes, d'êtres qui auraient pu vivre, ou qui avaient vécu, comme les personnages d'un roman. Mes journaux ressemblaient de plus en plus à des romans; j'apprenais à manier la langue, ma langue prenait forme; comme lorsqu'on modèle l'argile ou la terre, il en naissait des mains et des pieds, des corps et des visages, des phrases et des mots, et tout cela me paraissait crédible.
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Déménager ne changera rien. Déménager, c'est ajourner la répétition.
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