Comment vous donner envie d'ouvrir ce livre, d'en feuilleter les pages ?
C'est un objet original : oui, je sais bien, tout le monde,ici, sait ce qu'est un livre ! Mais celui-ci est du genre inclassable et c'est l'une de ses qualités. Son originalité fait qu'il trouvera place dans une poche, pour une lecture épisodique, morcelée, un peu comme on reprendrait une conversation, là où on l'a arrêtée.
Ce n'est ni un roman, ni un essai, ni une autobiographie, ni un livre de poésie... mais c'est tout cela en même temps. Lire ces phrases, c'est accepter de déambuler aux cotés de
Tomas Espedal et l'écouter raconter : se raconter, parler des gens qu'il a croisés, des livres qu'il a aimés, lire la poésie qu'il compose, l'écouter évoquer des cités qu'il a parcourues, les paysages variés dont il se souvient. C'est découvrir des bribes de son enfance, de son adolescence, c'est recueillir sa détresse, celle d'un Amour perdu et dont il ne veut se détacher.
Toutes les lignes sont nimbées de mélancolie mais qu'importe, la promenade proposée est tellement captivante. Acceptons d'accompagner cet écrivain qui nous redit, comme si nous l'avions oublié, que le temps passe, les actes restent, les regrets également. Il ne cherche pas à nous présenter uniquement ses meilleurs côtés mais partage avec nous ses faiblesses, ses erreurs, des emportements.
Il se fait porteur du message que la vie peut également, nous faire éprouver tant de curiosité pour tout ce qu'elle place dans nos mains et tout ce qu'elle nous fait croiser...
Voilà un livre que l'on quitte en ayant une foule de choses gribouillées sur des morceaux de papier : autant de pistes pour découvrir un lieu, un texte, un personnage et on tourne la dernière page comme comblé des cadeaux que l'on aurait reçus lors d'une visite à une connaissance !
C'est ma deuxième lecture de cet auteur, et il est de ces écrivains qui enthousiasment notre quotidien par la singularité du style et des mots.
Bousculons nos habitudes de lectures !