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Critique de Annette55


C'est l'histoire d'Anna Benz, une jeune Américaine âgée de trente- sept ans.
Elle a perdu ses parents brutalement, dans un accident de voiture à l'âge de vingt et un ans, quinze jours aprés l'obtention de son diplôme à l'université.
Mariée à Bruno, un banquier Suisse, femme au foyer, épouse modèle, elle élève ses trois enfants : Victor, l'aîné, huit ans, Charles, six ans et Polly Jean ,dix mois, dans une banlieue cossue de Zurich.
Coupée de ses racines,mal dans sa peau. " je suis la somme de toutes mes crispations",, enfermée, prise au piège dans cette cage dorée, poussée par son mari: "J'en ai assez de ta foutue déprime, Anna, va te faire soigner", avec lequel elle est incapable de communiquer, elle entreprend une psychanalyse avec le docteur Messali, qui la pousse à s'inscrire à un cours d'allemand pour débutants, cours qu'elle aurait dû suivre à son arrivée en Suisse....il y a huit ans.
Elle y rencontre Archie Sutherland, écossais. Expatrié, étudiant les langues comme elle.Elle se livre avec lui à des jeux érotiques à la limite des envies bestiales....Elle se surprend à chercher un épanouissement sexuel débridé avec d'autres hommes.
Aux côtés de son mari Bruno existe une chape de plomb, ce qu'il appelle " les lubies mélancoliques" d'Anna ou ses" bouderies d'enfant gâtée ". Elle ne prend aucune décision dans le couple, reste passive et désenchantée , souffre d'insomnies.
Seule au pays de la rigueur et de l'exactitude comme la Suisse, qui lui reste étrangère, elle aime le son des cloches, peut- être son unique bonheur Suisse, sauf celui de tenir sa fille chérie dans ses bras....
La passivité imperturbable , la solitude, le mal être, la tristesse incommensurable , le sentiment d'ambivalence d'Anna ,la poussent à céder à ses pulsions sexuelles. Mettre fin à ces relations devient de plus en plus difficile." "Quand elles s'ennuient les femmes cèdent à leurs impulsions". Au moment où la frontière entre moralité et passion s'estompe Anna découvre qu'il n'y a plus de rupture possible.....
Comme elle est passive elle vit ces relations non pas pour se donner l'illusion de de la séduction et de la jeunesse mais pour pimenter sa vie familiale étouffante malgré les amitiés de façade surfaites et superficielles, les fréquentations plates et bourgeoises, le " Statut ", tant envié de privilégiée .....pour s'affranchir aussi du regard extérieur, celui de sa belle- mére, Ursula , attentive à ses petits - enfants, la gardienne du temple de la famille, dont on comprend vite qu'elle a des doutes sur la fidélité de sa bru....
Quelle différence y - a t-il entre un besoin et un désir?
Le désir est incurable, pas l'amour, en collectionnant les amants, Anna se dit qu'elle vit des situations dont toute femme mariée rêve car elle transgresse un interdit, qu'elle se fait peur et souhaite inconsciemment être découverte ou vivre un moment intense , inconnu et fascinant.....
En fait, cet ouvrage riche, profond, enlevé, ciselé, nous dresse le portrait intime et cruel d'une femme prête à la rupture, en quête d'elle même et de son identité qui n'éprouve que rarement paradoxalement de la culpabilité et ignore le sentiment de faute....L'écriture ,sèche, tranchante, réaliste disséque minutieusement, au scalpel .... le mariage, interroge sans fin entre désir féminin et sexualité.
La plongée finale entre deuil et chagrin est bouleversante ....
Un livre remarquable qui montre que les histoires " de bonnes épouses" aprés Madame Bovary sont toujours d'actualité...
Magistral , Vraiment! On ne s'ennuie pas une seconde, j'ai beaucoup aimé ces épreuves " non corrigées " ...Grand merci à Babelio pour l'envoi de cet ouvrage.





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