Happée par la couverture, j'ai lu ce petit livre en un quart d'heure. Ensuite je l'ai relu deux fois. Ce qui frappe dès les premières pages c'est leur poésie, des phrases comme des lames de rasoir. Par une succession d'images chargées de lourdeur estivale, le narrateur décrit son amour pour une Lola. le paysage rampe sous ma peau. Quelque chose ne va pas, malgré la beauté de la langue. Quelque chose ne va pas ! Une histoire de désir, de possession et de fantasme, d'un homme envers une femme, et la grande violence qu'occultent les mots d'amour . À lire plusieurs fois, à considérer sous plusieurs angles : on se rend compte que ce qui ne va pas, c'est le paysage hétéropatriarcal de "nos" désirs . Je ne connaissais pas l'autrice (je suis convaincue qu'il s'agit d'une autrice) ni la maison d'édition... curieuse d'en découvrir plus !
"et je me sens tomber très lentement dans la fièvre et le cauchemar comme le serpent en été se laisse glisser dans l'eau fraîche."
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Ils sont arrivés le soir de l’orage…
Ils sont arrivés le soir de l’orage. Le vent a d’abord
déchiré le ciel en grands lambeaux pourpres et
verts. Puis des nuages lourds de cristaux glacés
et de gouttelettes d’eau se sont amassés. Un
éclair a illuminé la masse noire de la forêt toute
proche. L’odeur de la pluie a précédé la pluie. À
quelques kilomètres, des dizaines d’hectares de
pinède ont brûlé.
Tu dors contre moi…
Tu dors contre moi. Et moi qui chaque matin éveillé
très tôt je reste immobile je ne respire presque pas
j’attends que les heures passent et doucement hal-
luciné je ne fais aucun bruit.
je préfère quand tu dors Lola parce que je sais alors que tu n’appartiens qu’à moi et tant que tu dormiras il n’y aura que moi et je peux imaginer que tu me dis que tu m’aimes d’un ton si convaincant que j’y crois que je suis beau que je suis doué que j’ai beaucoup de charme d’humour et de talent que tu as toujours voulu rencontrer un homme comme moi ou plutôt que tu as toujours voulu me rencontrer moi, exactement, tel que je suis, exactement…
... je me sens tomber
... je me sens tomber très lentement dans la fièvre
et le cauchemar comme le serpent en été se laisse
glisser dans l’eau fraîche.
et je me sens tomber très lentement dans la fièvre et le cauchemar comme le serpent en été se laisse glisser dans l’eau fraîche.