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EAN : 9782917237175
96 pages
Des Ronds dans l'O (24/03/2011)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Jeune dessinateur de BD, Etienne rencontre des demandeurs d'asile et des jeunes en difficulté au Foyer du jeune homme de Strasbourg géré par l'Armée du Salut et financé par la Région Alsace. Portraits émouvants de jeunes ayant fui leur pays en guerre pour certains, remplis d'espoir malgré tout. Mise en abîme d'un auteur de BD se servant de son expérience personnelle pour donner la parole à de jeunes garçons dont chaque histoire est bouleversante.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet ouvrage réédité par Des ronds dans l'O, a été réalisé avec la participation d'Amnesty International France. Cet éditeur aime bien les prises de position et les récits engagés comme celui-ci.
Ce livre a pour but de donner la parole à différents acteurs du système lié aux mineurs étrangers comme des éducateurs et enseignants à destination des ENAF (Elèves Nouvellement Arrivés en France) ou EANA (Elèves Allophones Nouvellement Arrivés).
Ceci dit, ce livre est vraiment touchant de part ces témoignages réels tous plus touchant les uns des autres, exprimant peurs, risques, etc..., qu'un jeune mineur adolescent migrant sans papier encours en France.
Et dans leurs conditions, ces jeunes sont séparés de tout. Ils se retrouvent seuls au monde dans leur périple et se raccrochent à leurs espoirs.

Le dessin :

Cette BD reportage est la première BD éditée de Etienne Gendrin, ce qui explique en partie son style que j'appellerai "brut de décoffrage" mais au charme incroyable.
Le trait est épais, vif et imprécis, parfois rageur mais toujours simple et efficace. le travail à la pointe noire est remarquable.
Le style humoristique, caricaturé, malgré le sujet est fort appréciable. Il rappelle les dessins de presse ou les dessins d'auteurs africains.
Cela permet de passer le message plus facilement, de "dédramatiser" la condition de ces jeunes et ainsi captiver et garder l'attention du lectorat.
L'auteur ne s'encombre pas de détails intensifiant ainsi le sentiment de solitude, de séparation. Il privilégie aussi ainsi les dialogues et recentre sur les expressions des protagonistes.
Il donne la singulière impression d'être désemparé, privé de tout, mais aussi qu'à tout moment le pire peut arriver.
Les couleurs paraissent jetées sur le papier avec des dominantes que je dirai urbaines et neutres: souvent sur des tons gris, marrons, verts..; mais avec quelques touches chaleureuses ravivant la sobriété de cet environnement avec des pointes de rouge ou jaune.
Les effets sont sommaires mais jouent activement leurs rôles.
Les mises en scène sont dépouillées et succinctes mais rappelons qu'il s'agit de retranscrire avant tout des récits d'entretiens. Il ne faut donc pas s'attendre a du spectaculaire ou du rocambolesque.

Le scénario :

Quatre jeunes mineurs sont interviewés, mais pas que.... Educateur, enseignantes et deux autres jeunes français sont aussi interrogés sur le sujet.
Les témoignages sont poignants, même et surtout ceux où l'adolescent peine à s'exprimer, voire refuse l'entretien. Cela dénote d'une réelle peur.
D'autres sont plus bavard et exprime leur parcours de vie atypique.
Et dans tous les cas, ce qui en ressort, est le fait qu'il leur est difficile de tout quitter, de se séparer de tous biens, attaches et affections, qu'ils avaient pu avoir avant leur migration.
Cela pour une simple nécessité de survie.
Ces jeunes doivent bien malgré eux se reconstruire, avec une anxiété continue pour obtenir un droit d'asile pour le territoire français, car sans cela, ils encourent le risque d'être "rapatriés" dans leur pays à leur majorité.
Imaginez aussi la terreur de ces gamins, arrivant dans un pays qui leur est inconnu et étranger, ne parlant pas la langue, sans attaches, et dont ils doivent remplir tout un tas de documents administratifs pour leur demande d'asile...
Heureusement pour ces quatre-là, le Foyer du Jeune Homme de Strasbourg est adapté pour ce genre d'épreuve, mais il est évident à la lecture de ce livre, que cela ne soulage que très peu leur craintes.
Etienne Gendrin, bien qu'au début de l'ouvrage il se décrit plutôt distant vis à vis de cette question des mineurs migrants, devient de plus en plus engagé au fur et à mesure de ces interludes avec ces ingénus et accompagnateurs.
Le livre est ainsi construit et structuré en chapitre illustrant à chaque fois une conversation soit avec un éducateur, soit un jeunot immigré, soit les enseignantes, soit les jeunes français amis des mineurs migrants.
Vous l'aurez compris, le dialogue est essentiel dans ce récit. Il prend toute sa place et il est très instructif.
Le découpage est bien fait, et il tient bien le lecteur concentré.

En bref, le travail est bien fait, le message passe bien, et l'appendice et la postface en fin de livre apporte un complément d'information substantiel pour qui s'intéresse au sujet.

Lien : http://www.7bd.fr/2018/11/dr..
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Etienne Gendrin nous propose pour sa première BD publiée, un reportage sous la forme d'entretiens qu'il a pu mener au sein d'un foyer de mineurs étrangers, avec une galerie d'exilés en attente de droit d'asile.

Dès mon second billet pour cette rubrique je fait une entorse sur le côté graphique: il faut reconnaître que nous avons là un premier album d'un auteur amateur... avec un niveau graphique pas terrible. Mais je le dis souvent ici, on adapte ses exigences à l'auteur. J'avais été assez dur avec Le Roy des Ribauds 3 de Toulhoat (auteur que j'adore par ailleurs) et surtout avec Pontarolo sur les Déchaînés, par-ce qu'il s'agissait d'auteurs professionnels. A l'inverse, le niveau technique de Gaël Henry sur Jacques Damour ne m'avait pas posé de problème par-ce que l'auteur sait compenser par une maîtrise du cadrage, des expressions et des situations. Bref, Gendrin propose ici un reportage qui vaut surtout pour ce qu'il nous apprend, pour le projet en lui-même que pas le graphisme qui finalement nous apporte peu.

L'album est donc structuré en plusieurs parties centrées sur le récit d'un migrant. Ils viennent d'Afrique, du Caucase ou d'ailleurs mais ont en commun leur dynamisme (ils ont parcouru seuls des centaines, voir des milliers de kilomètres par-ce qu'ils voulaient s'en sortir) et leurs traumatismes. Ici a priori rien d'inventé (j'y reviens). Parfois l'auteur ne parvient pas à faire parler le jeune et se fie à un tiers (le directeur du centre, un autre migrant,...). Mais ces récits sont touchants par-ce qu'ils nous mettent devant les yeux la vraie vie souvent incroyable de personnes banales dans un foyer banal. L'un a vu son père tueur à gage officier devant lui, un autre a été enrôlé de force dans une guerre civile,... Ces traumatismes sont relatés de façon froide, au travers du graphisme, sans aucun jugement ni commentaire. Les seuls analyses viennent des personnels du centre (le directeur donc, mais aussi deux professeurs de français). Ce sont eux qui donnent le recul à ces récits en nous apprenant plein de choses sur un sujet peu traité par les média par-ce que très règlementé (et donc peu sujets à débat ou à passions...). Par exemple que les mineurs arrivant sur le territoire sont obligatoirement logés, nourris et éduqués par la Nation, jusqu'à leurs 18 ans. Alors ils deviennent soit sans-papier soit reçoivent leur statut de réfugié. Ainsi le personnage s'interroge sur l'intérêt pour un pays de renvoyer dans leur pays des gens pour qui il a été dépensé de grosses sommes pendant des années, qui parlent le français, ont des compétences... On apprend également la situation du Cabinda, enclave de l'Angola en situation de guerre civile et dont aucun média ne parle... Les professeurs nous rappellent que ces jeunes, qui cohabitent avec des jeunes français placés dans le foyer (pour d'autres motifs donc, qui ne seront pas abordés dans l'album), tirent tout le groupe vers le haut, par leur envie de s'en sortir, par leurs efforts constants, exemples que devraient suivre certains pensionnaires au vécu parfois moins compliqué.

A un moment Gendrin dit au détour d'une phrase qu'il a changé le décors de l'entretien pour ne pas froisser le témoin... ce qui mine de rien nous rappelle que dans un documentaire seule la franchise de l'auteur nous permet de nous convaincre que tout est vrai! Un réalisme fragile donc. Certains petits détails graphiques se penchent sur l'auteur de BD doutant, parlant un peu de lui et de son travail ou sur les habitudes des pensionnaires du centre. Cela donne du corps à l'album et c'est à ce moment que malheureusement la qualité graphique affaiblit un peu le propos.

Droit d'Asile, monté comme un formidable guide pédagogique (que tout CDI et bibliothèque devrait avoir), n'en reste pas moine un très bon petit livre et l'auteur l'a pas à rougir de ses faiblesses tant la lecture est agréable et surtout très instructive. Etienne Gendrin a depuis publié un album brossant le portrait de sa grand-mère aux éditions Casterman.

Lire sur le blog:
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Ce travail porte essentiellement sur l'accueil des jeunes demandeurs d'asile (- de 18 ans) présenté sous l'angle d'entretiens, soit directement avec les concernés, soit avec des adultes encadrants. le propos est intéressant mais volontairement modeste. Si on le sent passionnément investi, l'auteur reconnait que ce sujet (d'actualité) est beaucoup plus large que ne le laisse penser le contenu de la BD. Néanmoins, le fait de lire des récits de vie lui apporte une dimension humaine fondamentale qui n'est pas traitée par les médias traditionnels.
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Cette bd est assez riche en émotions : on vit les histoires de ces mineurs isolés, on se met à leur place ; cela fait réfléchir sur les idées reçues des jeunes étrangers. Les illustrations un peu brouillons renforcent le côté humoristique qu'adopte par moment l'auteur. C'est un bel ensemble, une lecture courte et efficace. de plus des indications de l'auteur sont écrites à la fin de la bd pour plus de renseignements au sujet des mineurs isolés... à lire !
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