Nos neurones sont saturés sur tous les "créneaux" de la communication, de la politique, de l'environnement, de la peur du futur, de la rentabilité, de la consommation, de l'assurance, de la retraite, de la performance. En fait, ce n'est pas tant la vie qui est inquiétante au quotidien que l'accumulation de nouvelles qui nous submergent. Prenons du recul pour protéger notre libre arbitre, car l'information est, malgré nous, une caisse de résonance à nos craintes personnelles, nos convictions, nos détestations, nos jalousies toxiques. Elle peut déclencher de l'empathie comme consolider du rejet. Nous pouvons nous mettre en jachère des ondes, mais l'indifférence serait un échec, il n'y a pas d'échappatoire. Certains parlent avec aisance de changer de paradigme : autant dire changer de planète. Facile de se réfugier derrière des concepts inacessibles ! "Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci" : chacun a le devoir d'en être l'acteur, de prendre sa part de responsabilité autonome afin d'être efficace sur sa zone d'influence.
Oui, quelque chose de plus fort semble s'imposer à l'homme pourtant doté d'une intelligence appliquée remarquable, de conscience, d'empathie pour ses semblables, quelque chose de plus fort que la raison. Qui préside à des déploiements de forces, des conquêtes dévastatrices au-delà de l'entendement, qui pousse ses congénères à monter au front, à sacrifier des vies pour affirmer leur puissance ? Serait-ce la commande de gènes qui appliquent aveuglément le programme propre à toutes les espèces - reproduction, prospérité, défense et extension du territoire -, au détriment de toutes les autres espèces, à commencer par l'humain lui-même ?
Nous projetons tellement sur la matière que nous accumulons par facilité, par faiblesse. Notre principal capital est celui que nous portons en nous.
Au grand banquet des êtres, c'est la plante qui tient table ouverte aux populations de la Terre.
Le métier nous fait grandir, puis on le dépasse au gré de sa créativité, de son ambition, de sa curiosité, de ses rencontres, de son audace, de son appétit.
L'Homme ne crée pas la vie, il l'emprunte. A chacun, le temps de son existence, d'inventer son chemin pour le meilleur du monde.
Elle est assise en terrasse, non loin de moi ; je la regarde. Son menton posé sur la paume de la main, elle laisse vivre un instant la blonde pincée entre l'index et le majeur tendus à lécart du visage. Elle mordille l'ongle de l'annulaire. Après une bouffée inspirée du bout des lèvres, elle relâche un halo de fumée en dodelinant de la tête. De toute évidence elle en retire un plaisir apparent et un surcroît d'assurance. MLais de ce flirt sensuel avec la cigarette elle va peu à peu devenir la proie.
La nature n'est pas le décor de notre existence,
nous sommes la nature.
Sans eau, c'est la guerre,
sans énergie, c'est la misère.