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Critique de Albertine22


Sexe, alcool et autres anxiolytiques ...

J'ai demandé en service de presse le dernier livre de Lucia Etxebarria sans même me préoccuper du sujet abordé. J'avais beaucoup apprécié "Amour, prozac et autres curiosités". C'était faire peu de cas des années qui se sont écoulées depuis la sortie de ce roman en 1997. Dans "le don empoisonné de la folie", Lucia Etxebarria ne se sert pas de sa vie pour alimenter une fiction. Elle nous la décrit presque jusqu'à l'écoeurement. Elle convoque les "démons" qui, ces trois dernières années, lui ont permis de ne pas céder à la tentation du suicide. La couverture, trompeuse, nous montre l'auteure, avec la beauté sauvage de la jeunesse. Les mots que L'Espagnole déverse sur le papier décrive une femme de cinquante ans, enlaidie par les excès, consciente que le magnétisme qu'elle exerçait perd chaque jour de sa puissance. Elle écrit en français, pour ne pas être inquiétée dans son pays. Elle utilise des périphrases pour nous parler de ses amant(e)s mais ceux-ci se reconnaîtront sans difficulté.

Le sexe est omniprésent dans cette "autobiographie" particulière. Lucia Etxebarria passe quasiment sous silence ses activités intellectuelles (rédaction d'articles, signatures de roman, participation à des débats sur le rôle de la femme) pour se concentrer sur ses multiples aventures. Extrêmement timide et sensible, elle boit beaucoup en société pour se sentir à l'aise et se réveille souvent à côté d'un inconnu. Cette spirale, que "la société" accepte chez les jeunes adultes, est jugée pathétique quand une femme aborde les rivages de la cinquantaine. L'auteure nous indique d'emblée que son comportement est lié à une découverte tardive dans son existence. Des tests ont montré qu'elle et sa fille sont des "zèbres", des individus, pour schématiser, trop intelligents pour être heureux. Pour s'accommoder d'un monde qui lui fait mal, elle utilise l'alcool et le sexe comme anxiolytiques. Les mots, qui relatent sans cesse la même histoire : la recherche impossible d'un homme idéal, l'absence d'amour d'un père, les excès pour fuir la dépression, sont aussi un calmant pour l'esprit bouillonnant de Lucia Etxebarria.

Ce livre, écrit avec des mots crus, un style assez pauvre (L'auteure ne s'exprime pas dans sa langue maternelle) est selon l'humeur du lecteur, un cri de souffrance ou une longue plainte non dénuée d'auto-apitoiement. Je comprends que l'écriture de ce texte lui ait permis de se maintenir la tête hors de l'eau. Je m'interroge cependant sur la qualité littéraire de ce livre, à la construction un peu bancale et aux nombreuses répétitions.
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