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EAN : 9782221116463
192 pages
Robert Laffont (05/04/2012)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Raúl, désœuvré et criblé de dettes, demande en vain de l'aide à sa mère. Humilié par son indifférence, il cherche chez elle une faille affective pour la défier, la fragiliser et la contraindre. Il entre par effraction dans son appartement, trouve un vieux cahier et découvre que le temps d'un été, dans un village basque où ils passaient leurs vacances, sa mère a aimé en secret un jeune adolescent. La jalousie et l'amertume de Raúl le poussent à tenter de faire chante... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Raul ne décolère pas depuis que sa mère lui a encore refusé de l'argent. le jeune homme veut tout obtenir d'elle, son attention et sa fortune, mais il veut aussi se venger de cette femme si distante et méprisante. « Je devais découvrir à tout prix le passage menant à l'intimité de ma mère ; et une fois à l'intérieur, trouver son point faible, le fil lâche sur lequel tirer. Jusqu'à la défaire. » (p. 19) Raul ressasse un ressentiment qui remonte à l'enfance, à ces deux étés qu'il a passés avec sa famille dans un village des montagnes, avec pour seul guide Fermin, un enfant du pays. Pour assouvir sa vengeance, Raul sait qu'il doit retourner dans les montagnes et questionner Fermin. « le village est tout près maintenant. Mais je conduis sans me presser. Justement parce que je suis anxieux, à l'affût. Au milieu de deux histoires, de deux époques qui m'appartiennent, comme dans le remous fécond d'une embouchure. » (p. 11)

La deuxième partie appartient à Fermin. C'est lui qui reprend la narration et qui évoque le souvenir de cet été où Isabel Urbieta, la mère de Raul, a fait de lui un homme. C'est Fermin qui est le lien entre le fils jaloux et la mère distante. Fermin s'est accompli dans la vigne et il voit le vin comme une promesse, une chance d'être digne de la seule femme de sa vie. La fin de l'histoire est l'oeuvre d'Isabel. Mère indigne, elle ? Plutôt pleinement consciente de la nature de son enfant et luttant pour ne pas se laisser dévorer, ni par lui, par sa mémoire. Dans la dernière partie, Raul est presque absent, c'est à peine un souvenir qui s'efface déjà.

Chaque partie est racontée par un personnage différent. Ainsi, la même histoire est vue de trois points différents, transmises par trois mémoires qui se complètent et s'annulent. « Ce que je veux dire, c'est que raconter, ça change tout. On résume le souvenir, on le transforme en un point de vue. On l'affaiblit. On le réduit à une simple version des faits. » (p. 178) le ravissement de l'été offre une touchante réflexion sur la mémoire et la validité des souvenirs. « Même le souvenir ne conserve pas les sensations. » (p. 168) Ainsi, le ravissement est à la fois le bonheur éblouissant du passage à la vie d'homme, mais aussi la perte de quelque chose. Comme dans l'oeuvre de Marguerite Duras, le même terme désigne deux réalités qui ne sont pas si éloignées : dans l'extase, chacun se perd un peu.

Ce roman m'a beaucoup rappelé Mamita de Michel del Castillo. Tout part d'une mère indigne pour remonter vers le passé douloureux d'une femme blessée. de bourreau à victime, les rôles s'inversent, se partagent et se complètent. J'ai aimé cette histoire, même si j'ai trouvé la dernière partie confuse et la fin trop abrupte. Ce roman reste un très bon roman pour l'été.
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Trois personnages principaux dans cette histoire.
Raul, homme jeune, pas très cool, inconséquent, prêt à tout pour extirper de l'argent aux uns et aux autres.
Isabel, sa mère, qui l'a rejeté depuis longtemps et continue à lui refuser l'argent qu'il demande.
Fermin, un garçon qu'il a connu enfant pendant des vacances et qu'il a perdu de vue.
Les rapports entre ces trois personnes sont particuliers et ambigus.
Même si Raul m'a semblé plus qu'antipathique, j'ai pris un certain plaisir à lire ce court roman.
La complexité des rapport humains, le poids de l'enfance, l'importance et la complexité des souvenirs, sont les principaux sujets traités.
C'est plutôt bien écrit, le récit est bien construit.
Je ne pense pas que j'en garderai un souvenir impérissable, mais il mérite d'être lu.
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C'est le 1er roman traduit en français de cette romancière basque et espagnole qui en a publié de nombreux dans son pays. le titre et l'image de couverture me séduisent d'entrée. "Ravissement" est un si joli mot, un peu suranné mais si délicat. le titre original est "Vino". C'est clair, net et précis et si un fût de chêne avait illustré la page de couverture, j'aurais sans doute été moins déçue par cet emballage accrocheur choisi par les éditions Robert Laffont pour vendre cette traduction.

En quelques mots, le roman se découpe en trois parties : D'abord Raul, fils mal-aimé et mal-aimant qui cherche à se venger de sa mère (pourquoi, on ne le comprendra jamais vraiment). Ensuite c'est Fermin, son pseudo ami d'adolescence, maître de chai, passionné de vin. Et enfin la mère qui fait le lien entre les personnages en nous révélant un souvenir de petite fille qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui referme cette histoire bien vide.

Ce roman a-t-il souffert de sa traduction? Ne lisant pas l'espagnol, je ne le saurai jamais mais quoi qu'il en soit, le style de Luisa Etxenike m'a peu emballé. Elle s'amuse à répéter des paragraphes entiers et l'on se surprend à revenir en arrière en se demandant si le vent à tourné inopinément quelques pages pendant que l'on baillait. Ses personnages sonnent aussi creux que des castagnettes et les larges considérations consacrées au soin de la vigne, à la vinification et à l'oenologie semblent catapultés dans ce roman de façon étrange et sans véritablement faire le lien avec le reste du propos.

Un roman tout à fait dispensable en ce qui me concerne mais qui a néanmoins plu au Figaro. En vin comme en littérature, tous les goûts sont dans la nature.
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Dans ce livre assez court, nous suivons tour à tour trois voix. Raul, le fils, torturé par sa haine envers sa mère et sa volonté déchirante de trouver la faille qui la fera vaciller ; Fermin, l'ami d'enfance, apprenti vigneron, dont toute la vie s'est construite sur le souvenir d'une après-midi ; Isabelle, la mère, au centre du souvenir de Fermin, mais qui cache elle aussi un lourd secret. Dans sa quête pour blesser sa mère, Raul tombe un jour sur un cahier de dessins que Fermin a envoyé, lorsqu'il était adolescent, à Isabelle. Persuadé qu'elle a fait de cet enfant, aujourd'hui un homme, son unique fils, celui à qui elle donne toute son affectation, Raul prend la route pour revoir Fermin. Dans sa volonté de vengeance, il bouleversera profondément la vie de Fermin. Mais il rouvrira aussi la boîte dans laquelle Isabelle et Fermin avaient rangé leurs souvenirs. L'occasion, quinze ans plus tard, de mettre enfin des mots sur ce qui leur est arrivé.

Ces trois personnages très différents les uns des autres offrent chacun une réflexion différente sur le souvenir et la mémoire. Jouant sans cesse, avec un style très ciselé, entre le présent et le passé, entre la précision de certains souvenirs et le vague de la mémoire, l'auteur nous entraîne dans une belle histoire familiale, bien que tragique. L'apogée de cette réflexion se réalise avec le récit d'Isabelle, qui, à cinquante-quatre ans, effectue pour la première fois un retour sur elle-même, alors qu'elle essaye enfin de se débarrasser d'un souvenir traumatisant. Autre thème : le récit de Fermin est entièrement guidé par sa passion par le vin, l'explication de sa vie et de ses actes revient toujours à une métaphore sur la vigne. Ces passages sont magnifiques, car il s'en dégage une réelle impression de paix intérieure et de sérénité. Malgré cela, j'ai regretté que les personnages ne soient qu'effleurés : on ne saura pas la fin de l'histoire entre Raul et sa mère, alors que c'était le point de départ du roman. Une frustration recherchée peut-être, mais qui laisse un goût d'inachevé.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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Curieuse lecture en poupées russes.

Un sale mec capricieux, un vigneron terrien et amoureux, une mère toute puissante et lassée.

Une lecture en pointillés, hachée. Des sensations à la volée. On pense ne pas avancer dans ce match où la balle va et vient, d'un passé à un présent pour esquisser un avenir.

Et mot après mot on arrive au coeur à ce qui semble important pour l'auteur. Son traumatisme d'enfant. C'est la dernière poupée russe. Après on remet tout en place et on redémarre une nouvelle partie, vie ?

Oui curieuse lecture, pas forcément désagréable.



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critiques presse (1)
LeFigaro
20 avril 2012
Le livre est fort, émouvant, gracieux. Il a quelque chose de stylé et de météorique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J’aurais dû lui répondre que garder en mémoire ce n’est pas se souvenir, que ce qu’on trouve après avoir longuement fouiller dans le débarras du passé, ce n’est pas un souvenir.
Le souvenir existe sans effort.
On va vers sa mémoire, poussé par un objet, une odeur, une atmosphère, une rencontre imprévue.
Le souvenir se présente à toi, te poursuit.

Le souvenir ne surgit pas, il demeure, persiste. il s’impose sans que tu le veuilles n’importe quand n’importe où.
La mémoire relève uniquement du passé. Le souvenir appartient surtout au présent. Il influe sur lui et l’interprète. La mémoire est mobile, le souvenir statique.
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« Même le souvenir ne conserve pas les sensations. » (p. 168)
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« Le village est tout près maintenant. Mais je conduis sans me presser. Justement parce que je suis anxieux, à l’affût. Au milieu de deux histoires, de deux époques qui m’appartiennent, comme dans le remous fécond d’une embouchure. » (p. 11)
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« Je devais découvrir à tout prix le passage menant à l’intimité de ma mère ; et une fois à l’intérieur, trouver son point faible, le fil lâche sur lequel tirer. Jusqu’à la défaire. » (p. 19)
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« Ce que je veux dire, c’est que raconter, ça change tout. On résume le souvenir, on le transforme en un point de vue. On l’affaiblit. On le réduit à une simple version des faits. » (p. 178)
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Vidéo de Luisa Etxenike
Interview de Luisa Etxenike en espagnol, sous-titré en anglais.
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