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sur 558 notes
Le Roman du mariage, c'est l'histoire d'un classique triangle amoureux, qui commence sur un campus américain et qui se poursuit un temps dans une sorte de période de transition entre la fin des études et l'entrée de plain-pied dans la « vraie vie ».
Années 80, deux hommes, une femme, trois possibilités. Mitchell est amoureux de Madeleine, qui est dingue de Leonard, lequel aime Madeleine. Logiquement, ces deux derniers sont en couple, et Mitchell noie son chagrin en se concentrant sur ses études de théologie et son projet de voyage en Inde.
Mais rien n'est jamais simple. Leonard est très intelligent et très populaire, mais il est maniaco-dépressif depuis des années. Et sa vie de couple s'en ressent, faite de hauts et de bas, comme son moral.
Madeleine, jeune bourgeoise coincée, romantique mais accrochée à ses principes (« je n'épouserai jamais un homme instable »), a compris que la vie n'est pas un roman de Jane Austen et a vu ses certitudes ébranlées, d'abord quand elle a finalement craqué pour Leonard, ensuite quand elle s'est rendue compte que la vie serait peut-être tellement plus simple, sans prises de tête, avec le doux et gentil Mitchell, son confident des moments difficiles. Mais Madeleine se sent investie d'une mission : aider Leo à guérir.
Ravalant sa déception mais gardant l'espoir de conquérir Madeleine, Mitchell part à Calcutta dans les traces de Mère Teresa, en quête d'un idéal spirituel.

Résumé comme ça, ce n'est pas forcément très séduisant. Et pourtant… Difficile de comprendre pourquoi, mais ce roman est captivant. Ce n'est pourtant pas un roman « facile », il fait même parfois dans l'érudition, en tout cas quand on n'est pas familier de Barthes, Deleuze, de la chimie des levures ou des traitements au lithium. le récit n'est pas chronologique, et les personnages ne sont même pas vraiment attachants, alors c'est sans doute le mélange d'humour, de finesse psychologique, de philosophie, de spiritualité et de culture littéraire qui rend ce roman si intéressant. On pense à Tom Wolfe (en moins hot) pour la description du microcosme universitaire US, et aux Corrections de Jonathan Franzen pour l'analyse fouillée des personnages et de leur quotidien.
Chronique du passage à l'âge adulte, portrait d'une époque et d'une certaine élite intellectuelle américaine, ce roman, plus que du mariage, parle surtout d'amour. Et quand c'est si bien écrit, peu importe que la raison ou les sentiments l'emportent, il ne faut pas s'en priver.
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Même si j'en ai entendu énormément de bien depuis longtemps, et notamment depuis la parution de ce virgin mis en scène par Sofia Coppola Jr (un film qui, en dépit de son côté culte, m'avait un peu laissé dubitatif), je n'avais pas encore eu l'occasion d'ouvrir un roman de Jeffrey Eugenides, même le très culte "Middlesex", alors même que d'aucuns le considèrent comme un des plus grands romanciers américains actuels.

Heureusement, cette lacune a été comblée cet été avec la lecture de son dernier roman paru à ce jour en France, "Le roman du Mariage" (sorti en poche chez Points il y a quelques semaines), et qui n'a pas du tout douché mes espérances placés en cet auteur, tant ce roman est vrai régal d'intelligence et de talent..

L'auteur adopte le point de vue de Madeleine, une étudiante qui tombe amoureuse de Leonard, jeune homme à l'enfance malheureuse et maniaco-dépressif alors que Mitchell (qui incarne la figure du gendre idéal) aime la jeune femme en secret.

Tel un personnage de Jane Austen et plus généralement des romans dits victoriens, à qui Madeleine voue d'ailleurs un culte et l'objet de son mémoire d'études, la jeune femme se retrouve au coeur d'un dilemme, entre l'amant maniaco dépressif et le gendre idéal attiré par la spiritualité.

Madeleine va alors faire l'apprentissage d'une vie d'adulte, en perdant son innocence, sans renoncer pour autant à toutes ses illusions; le vrai sujet de ce livre étant certainement, celui toujours passionnant lorsqu'il est traité avec une telle maitrise, du passage à l'âge adulte.

Sur un pitch au départ follement banal (une fille partagée entre 2 garcons), Eugenides parvient, avec une maitrise éblouissante, à fignoler un roman de campus étincelant qui est aussi le portrait d'une génération ,celle qui a eu 20 ans à l'aube des années 80 (soit dit en passant, la même génération que celle de l'auteur).

On est épaté par ce texte à la construction extrêmement habile : légèrement déconstruit (parsemé de brefs bonds dans le temps, longs retours en arrière); il nous montre la même scène est racontée sous plusieurs angles différents , on y apprend, au fur et à mesure du récit, ainsi que des informations qui remettent en question notre première vision des personnages, ce qui est quand même un véritable tour de force ...

Analyse très fine de l'âme humaine et de la complexité de l'amour, le roman du mariage est un livre très riche, érudit sans pour autant être élitiste (les explications de textes sur Barthes et son"Fragment du discours amoureux sont passionnants et toujours plein d'humour) et également un fort bel hommage à la littérature.

Ce "roman du mariage" est donc un (très) grand roman d'apprentissage où les trois protagonistes découvrent la vie et se découvrent à travers les livres : romans, essais critiques, textes philosophiques....

On pense un peu au Franzen des" Corrections" ou au Jay McInerney de "30 ans et des poussières", bref que des très grands de la littérature américaine contemporaine, mais Eugenides développe un style proche en encore un peu plus érudit que ces deux grands maitres, mais tout aussi brillant...

Bref, un énorme coup de coeur qui, à coup sur, rendra mes prochaines lectures un peu fadasses et anecdotiques!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Auteur de Virgin suicides et de Middlesex, Jeffrey Eugenides publie là son troisième roman. Il y est question d'études, de flirt, de famille, de voyages France, Inde) de condition féminine dans les années 80 et aussi, bien sûr de mariage. Madeleine, pleine d'incertitudes concernant son avenir qu'il soit professionnel ou amoureux. Ses sentiments oscillent entre Mitchell, brillant étudiant, un peu mystique, et Leonard, séducteur, mais surtout bipolaire. Les malentendus et quiproquos qui marquent les relations entre Madeleine et Mitchell comptent dans la création du couple Madeleine-Leonard, pour le meilleur et pour le pire.

Comme souvent dans les romans américains, un luxe de détails émaille les 500 pages de ce roman, pour aboutir à un portrait précis des personnages mais aussi de la société américaine de cette période. Cela peut plaire, ou non. Personnellement, j'apprécie beaucoup cette ambiance et ce type d'écriture (un coup de chapeau, au passage pour le traducteur).

Madeleine est étudiante en lettres et cela constitue un prétexte pour de nombreux développements concernant la littérature victorienne et pré victorienne, entre autre, très intéressants.

Par ailleurs la description qui est faite de la maladie psychiatrique dont souffre Leonard est particulièrement travaillée ( résultat d'une documentation pointue ou vécu personnel de l'auteur?) le rendu est criant de vérité.

Très agréable lecture qui m'incite à poursuivre la découverte de l'auteur.
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Pourquoi ce titre si original "Le roman du Mariage" (The Marriage Plot) ? L'auteur, Jeffrey Eugendides, créateur du livre "Virgin Suicides" magistralement porté à l'écran par Sofia Coppola, l'explique au début de son livre: dans les sociétés traditionnelles, jusqu'à la fin des années 60, le mariage était l'axe principal de la réussite sociale et matérielle et dans les romans, jusque là, le ressort dramatique essentiel était le mariage.
Tout a changé depuis les années 80. C'est ce que montre l'auteur avec cette chronique douce-amère, dans la pure tradition du roman réaliste anglo-saxon, qui nous montre trois étudiants à l'université de Brown, au début des années 80.
Madeleine est une jeune étudiante en littérature, elle est très amoureuse de Leonard, jeune étudiant en biologie; mais, pour autant, elle n'est pas insensible au charme de Mitchell, d'ascendance grecque, comme l'auteur.
Les deux jeunes hommes sont très différents: Mitchell est attiré par les études théologiques et va partir en Inde et en Europe avec un ami.
Madeleine va rester avec Leonard mais le couple qu'elle forme avec lui est bien chaotique. Ceci en raison de la maladie chronique et implacable de Leonard, à savoir la psychose maniaco-dépressive.
Eugenides nous décrit les symptomes de cette maladie avec une précision de clinicien: les phases d'euphorie qui alternent avec des phases de désespoir, et l'origine probablement génétique de ce trouble.
Il nous montre aussi les traitements de l'époque (début des années 80) et les conséquences fâcheuses du traitement par le lithium; seul traitement connu à l'époque.
Au-delà des problèmes de maladie, ce roman nous montre toute une époque, avec ses manies, ses modes "intellectuelles".
Eugenides nous montre avec beaucoup d'humour les effets de la mode "intellos français", les étudiants américains de l'époque s'abreuvaient en effet des théories de Barthes et Derrida pour résoudre, entre autres, leurs problèmes amoureux...
La profondeur psychologique des personnages est très intéressante.
C'est un roman féministe qui nous montre une femme autonome, hésiter entre deux hommes...
Le récit est captivant..
Humour, réflexions philosophiques, psychologie.; tout y est pour vous faire passer un moment agréable et très "culturel".
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N'ayant lu ni Virgin Suicides ni Middlesex, c'est sans a priori que je me retrouvée dans les années 80 sur le campus d'une université de la côte Est où se sont rencontrés Madeleine, Leonard et Mitchell, les acteurs malheureux d'un trio amoureux. Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard qui aime Madeleine. Finalement seul Mitchell pourrait se retrouver sur le carreau et chercher à noyer son chagrin dans la théologie. Seulement voilà, Leonard, le bad boy intello féru de sémiotique, est bipolaire. Pas simple pour Madeleine, jeune femme de bonne famille, fougueuse et romantique, qui rêve sa vie sur le modèle d'une héroïne de Jane Austen ou d'Emily Dickinson. le passage à l'âge adulte des trois héros ne se fera pas sans heurts.
Ce roman ne m'a pas embarquée du tout. Un récit déstructuré entrecoupé de pénibles digressions pleine d'érudition sur Baudrillard, Deleuze ou encore Barthes, des personnages finalement assez lisses et sans grande envergure, un fil narratif passablement prévisible et une morale bien traditionnelle...
Ce livre est sans conteste une déception, même s'il reste assez marquant par ses passages très documentés et réalistes sur la maniaco-dépression.
Un rendez-vous manqué avec cet auteur... Dommage.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Lire Jeffrey Eugenides me fait un peu le même effet que Jonathan Franzen : celui d'un voyage au long cours en bateau, à savourer lentement.

J'ai longtemps hésité devant celui-là, un peu rebutée par un pitch pas très sexy ("Mitchell aime Madeleine qui aime Leonard sur un campus américain en lisant Derrida") mais une fois les amarres largués, ce fut un superbe moment de lecture.

Après un démarrage un peu poussif, on atteint la pleine mer et là, le vent dans les voiles, on se laisse porter par la plume étonnante de maîtrise et d'humour d'Eugenides, on s'attache aux pas de ces trois jeunes gens sur leurs débuts de chemins de vie respectifs au sortir de l'université :

Voyage initiatique pour Mitchell l'amoureux malheureux, habité de questionnements religieux ; embardées romantiques pour Madeleine, dont le côté fille à papa très WASP énerve gentiment; démarrage impossible pour Leonard, personnage solaire et douloureux plombé par une maniaco-dépression décrite avec un réalisme stupéfiant.

Les scènes de vies s'enchainent avec des aller-retours dans le temps qui donnent du nerf et du sens, et dans lequel le sujet du mariage, thème central du livre, vient s'imbriquer bien plus subtilement qu'à première vue.

Je n'ai qu'un seul regret après cette belle lecture, c'est de n'avoir plus qu'un seul roman (Virgin suicides) à lire de cet auteur qui écrit trop peu!
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C'est l'histoire de Madeleine Hanna, passionnée de littérature anglaise du 19è siècle, qui, au seuil de l'âge adulte, s'apprête à vivre son propre "roman du mariage". Tous les composants sont là: les prétendants, les demandes, les malentendus...Entre Mitchell le théologien un peu mystique et Léonard le scientifique brillant mais bizarre son choix est fait. Elle suivra son coeur et son âme romantique, et partira avec Léonard, avec toutes les conséquences que cela impliquera. Connaissait-elle suffisamment Léonard? L'Amour est-il toujours suffisant?
C'est un bon roman, bien construit et très prenant. La description des trois personnages et la fine analyse de leur état psychologique sont les atouts majeurs de cette oeuvre.
Évidemment, amateurs de suspense, passez votre chemin!
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Un roman de campus américain pendant les triomphantes années 80 ? Oui. Tous les ingrédients sont là. Les étudiants fréquentent l'université Brown, membre de l'Ivy League, ils postulent pour Yale ou Columbia, ils affichent un dédain convenu pour le New Jersey ou effectuent un stage à Cape Cod, ...Ils prennent des vacances en Europe ou en Inde. On pourrait multiplier les exemples. Mais ce décor privilégié cache des remises en question.
Deux étudiants Mitchell et Leonard sont amoureux de la belle Madeleine. Jeune WASP sans histoire elle veut se spécialiser dans le roman victorien, la conception de l'amour et le mariage, conclusion obligée et définitive de la vie des femmes les siècles passés.
Dans le bouillon de culture de l'université les 3 jeunes gens vont s'intéresser aux enseignements en sémiotique. L'abandon des schémas traditionnels de l'amour va les percuter dans leur vie sentimentale. Leur histoire d'amour pour la même jeune fille, leur maladresse et leurs difficultés à poursuivre des relations amoureuses harmonieuses constituent une sorte de mise en abyme. Ils sont aussi objet de leur étude.

A priori les deux étudiants sont brillants et Madeleine, très attirante. Leonard et Mitchell placent la barre très haut. Leonard souffre d'un syndrome maniaco-dépressif et Mitchell est un rêveur féru de théologie. Ils s'avèrent tous les deux incapables d'aller au bout leurs aspirations, bloqués malgré eux. On voit leur supériorité et leur faiblesse, leur lâcheté malgré leurs exigences. On assiste à un véritable gâchis, gâchis ressenti également avec les personnages secondaires.

Le roman est bien écrit, documenté sur les sujets pointus, la culture des levures, le roman déconstruit par Barthes ou Derrida, les aspirations théologiques semblent tenir la route. Les descriptions sont assez fines et drôles. Au final d'où vient cette sensation d'un roman peu captivant ? En quoi ce mélange ne fonctionne-t-il pas vraiment ? L'échec des personnages ne nous émeut pas. On ne s'attache pas à eux.Ils restent l'objet de l'étude mais ne sont incarnés totalement. le récit se déroule sur une année ou deux. On avance lentement et chaque nouvelle étape est ponctuée de longs retours en arrière.C'est systématique et artificiel. Lorsqu'on avance dans la chronologie, on en vient toujours à se demander « à quand le retour en arrière ? » Cela entrave notablement le dynamisme du roman. Mais peut-on parler de dynamique quand chacun est englué dans un présent douloureux sans perspective sereine et ne voit pas de lumière au bout du chemin ?
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J'étais curieuse de lire ce livre, à la fois parce que Jeffrey Eugenides est un auteur qui se fait très rare et dont j'avais énormément apprécié le très beau "Virgin Suicides", mais aussi parce que j'avais lu une présentation de ce roman comme une histoire à la Jules et Jim.

Déjà, pour le côté trio amoureux à la Jules et Jim, je ne peux que vous inviter à revoir le magnifique film de François Truffaut car ici il n'en est point question.
Ce n'en est même pas une sous-version, le tourbillon de la vie est totalement absent de cette histoire.
Je n'ai pas franchement apprécié les personnages, notamment celui de Madeleine qui a plutôt eu tendance à m'agacer tout au long du roman, à la fois par son côté naïf et découverte du sentiment amoureux et de ses paradoxes : "La solitude était extrême parce qu'elle n'était pas physique. Elle était extrême parce qu'on la ressentait alors qu'on était en compagnie de l'être aimé. Elle était extrême parce qu'elle était dans votre tête, le lieu le plus solitaire qu'il soit.", mais aussi par son aveuglement et son manque total de reconnaissance.
Je reconnais pourtant que le caractère amoureux est bien traité par l'auteur, il rend bien le fait que Madeleine amoureuse ne jure plus que par Leonard, qu'elle se croit plus forte que tout et tout le monde et que, bien entendu, ce qui arrive aux autres ne lui arrivera pas car son couple est différent : "Mais, comme toute personne amoureuse, Madeleine était convaincue que son couple à elle était différent de tous les autres, immunisé contre les problèmes ordinaires.".
Le problème, c'est que Madeleine manque de charisme à mes yeux, et même si cet aspect est bien traité par l'auteur je n'y ai pas pris de plaisir à la lecture.
Passons à Leonard, alors là, il cumule tout : le manque absolu de charisme, sa maladie : la maniaco-dépression, le manque total de gentillesse, de tendresse, ce qui en fait un personnage énervant au plus haut point et dont au final le lecteur ne sait pas tant de choses sur lui.
Il est à mon avis trop peu décrit pour que le lecteur puisse bien le cerner et il n'est là que pour ôter toute raison à Madeleine et l'entraîner avec lui dans une spirale quasi destructrice.
Mais là aussi, le côté dramatique n'est pas exploité, l'auteur préférant faire une pirouette à la fin du livre alors qu'à mon sens le drame aurait été plus logique dans la construction de son histoire et de ses personnages.
Vient enfin le personnage de Mitchell, c'est de loin celui que j'ai préféré mais qui est à mon goût peu utilisé.
Il disparaît pendant une partie de l'histoire alors qu'il aurait pu en être véritablement le troisième maillon et redonner une dynamique à l'ensemble.
Il a des aspects très intéressants mais qui sont peu mis en valeur par l'auteur, dommage car c'est bien le seul qui a su un tantinet me toucher et a fait que j'ai terminé cette lecture pourtant laborieuse.
J'ai également trouvé que de placer l'histoire dans le début des années 80 avec des relations sexuelles libérées ôtait presque toute pudeur à l'histoire, alors que j'en aurais préféré plus dans ce trio amoureux.
Et puis les autres personnages sont mal ou peu exploités, ils ne servent à l'auteur qu'à synthétiser les points essentiels sur les lesquel il a bâti son histoire.
Ainsi Alwyn, la soeur de Madeleine, est très peu présente et n'est là que pour balancer quelques phrases bien pensées sur le féminisme et la non-égalité entre femmes et hommes : "Tu crois que les choses ont changé, qu'on est arrivé à une sorte d'égalité des sexes, que les hommes ne sont plus les mêmes, mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : c'est faux. Les hommes sont toujours aussi salauds et égoïstes que l'était papa. Que l'est papa.".
A mon sens ce n'est pas le portrait d'une génération mais plus un supermarché où le lecteur vient piocher les grandes idées des années 80.
Il est beaucoup question de littérature et de grands auteurs dans ce roman, c'est bien l'un des seuls aspects qui a trouvé grâce à mes yeux bien que par moment l'auteur se perde dans des dissertations philosophiques sur certaines oeuvres.
Quant à la construction de l'histoire, je n'ai pas du tout aimé le choix de l'auteur de partir sur une situation présente pour systématiquement revenir pendant des pages et des pages sur des situations passées pour revenir au présent.
C'est une construction chronologique désorganisée qui plaît sans doute à des personnes, ce n'est absolument pas mon cas.

"Le roman du mariage" de Jeffrey Eugenides n'a ni la grâce ni la beauté de "Virgin Suicides", les personnages manquent pour beaucoup de charisme et le trio amoureux n'a ni la saveur ni la complexité de celui de Jules et Jim.
En somme, un tourbillon de la vie ennuyeux au possible et dans lequel je n'ai surtout pas envie de retrouver les personnages mais juste les perdre de vue.
Une déception littéraire.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Madeleine, Leonard et Mitchell se sont connus sur les bancs de l'Université, une de ces vénérables institutions de la Ivy League, l'immuable et respectable campus de Brown. Ils s'y sont aimés, se sont déçus, se sont déchirés. Madeleine la jeune bourgeoise du trio, passionnée de littérature victorienne aime Leonard, fantasque et insaisissable étudiant en sciences. Quant à Mitchell, le fils prodigue, chéri de ses parents, il se cherche une voie dans le domaine non moins mystique de la religion et aime d'un amour sans retour la belle Madeleine. Et oui, nous voilà face à ce que l'on appelle couramment le trio amoureux. Jeffrey Eugenides s'attaque à l'amour avec un grand A mais forcément il s'agit d'amours contrariées. Car il y un hic derrière tout cela : notre scientifique et cartésien Leonard est bipolaire, le faisant alterner phase de joie et d'intense activité intellectuelle et sociale avec de profondes phases de dépression, sombrant dans un puits sans fond de fatalisme et de repli sur soi. Difficile alors pour notre jolie et policée Madeleine d'apprivoiser cet homme qu'elle aime par-dessus tout, au-delà de la raison pure, elle qui ne pensait pouvoir être touchée par la grâce de la passion et capable d'une telle dévotion. Face à ce spectacle, Mitchell notre amant éconduit, fidèle compagnon, assiste impuissant aux affres de ce couple et à la détresse de celle qu'il considère comme l'amour de la vie. Sans jamais sombrer dans le pathos ou l'excès de sentimentalisme, Jeffrey Eugenides nous offre une belle histoire d'amour et d'amitié, profonde et sensible, tout en retenu. le désespoir de Madeleine face au rejet de Leonard qui n'assume pas sa maladie et refuse de se soigner correctement (on le comprend le lithium utilisé annihile les sens et les capacités intellectuelles) est traité avec toute la pudeur et l'émotion qui conviennent. Mais c'est surtout la détresse de Léonard, être égoïste s'il en est, qui m'a le plus émue. Car derrière cette maladie obscure Jeffrey Eugenides restitue la solitude et le désarroi éprouvés par ceux qui en sont atteints, étrangers à eux-mêmes, incontrôlables et qui dans leur malheur ne peuvent être compris , les excluant d'autant plus. Quant à Mitchell, paumé parmi les paumés, on ne doute pas un seul instant de son amour sincère pour Madeleine et malgré l'affection portée à Leonard, nous, gentils lecteurs n'attendons qu'une chose : que Madeleine quitte Leonard et choisisse enfin le dévoué Mitchell, le seul qui saura la rendre heureuse. Autour de ce trio Jeffrey Eugenides nous dépeint aussi une époque, les années 80, les fameuses années Reagan et le souffle de liberté qui régnait sur ces campus de la côte Est américaine, Brown étant le parfait exemple des universités dont les Humanités (philosophie, littérature, religions…) étaient encore valorisées. On y découvre une jeunesse qui cherchait à briser les chaînes du puritanisme qui selon elle l'entravaient, cette jeunesse qui voyait dans l'Europe, la France en tête et ses auteurs tels que Barthes, l'exemple parfait du renversement des valeurs ancestrales et des idées préconçues sur l'Amour, la vie, la morale. Au coeur de cette émulation intellectuelle, notre trio amoureux insensible aux bouleversements, continue sa course folle, entraîné dans les affres de la passion. le roman du mariage fut ma première découverte de l'auteur (à qui on doit le fameux Virgin Suicides). Il ne sera pas la dernier. Un livre que je recommande chaudement, une belle réflexion sur la maladie, un touchant portrait d'une génération perdue et un puissant hymne à l‘amour et à la vie
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