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EAN : 9782251799490
176 pages
Les Belles Lettres (15/10/2002)
4.07/5   34 notes
Résumé :
La guerre de Troie a eu lieu : les navires grecs et leur cortège de captives vont repartir chez eux depuis le rivage de Chersonèse. Mais l'ombre d'Achille, le «meilleur des Achéens», exige qu'on l'honore du sang d'une vierge (réponse au sacrifice inaugural d'Iphigénie ?) : la victime sera Polyxène, fille de Priam et d'Hécube. Entre-temps, une autre ombre est apparue, le fantôme du frère de Polyxène, Polydore, tué par le roi thrace Polymestor, auquel ses parents l'av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ah ! Voilà une belle tragédie comme on les aime : cruelle, sanglante, larmoyante, sans issue, emphatique, un brin grotesque mais assez percutante, bref, en un mot comme en mille : à point.

Fallait-il qu'Euripide soit fasciné par les femmes pour leur dédier autant de tragédies ! de l'épouse bafouée devenue meurtrière, dans Médée, à la femme modèle sacrifiée, dans Alceste, l'auteur passe ici par la mère vengeresse, dans Hécube. Des femmes, des femmes, toujours des femmes, la larme à l'oeil et l'arme à la main avec du sang dessus, si possible, tant de poignards et tant de gorges tranchées qu'on s'y perd dans le décompte.

En tout cas, si je devais n'en choisir qu'une d'Euripide, ce serait probablement cette Hécube (j'aime bien Oreste aussi), cette ancienne reine troyenne, déchue à la chute de Troie, dont les nombreux enfants (aux rangs desquels on compte rien moins que Hector, Pâris et Cassandre) sont tous tombés, sauf deux : son dernier fils, Polydore (rien à voir avec le gentil cycliste qui arrivait toujours deuxième derrière Jacques Anquetil), confié, dans la tourmente de la guerre avec les Grecs, aux bons soins du roi Thrace Polymestor avec un petit pécule confortable, afin de lui assurer un début dans la vie.

Ensuite, sa dernière fille, Polyxène (oui, je sais, ils sont tous polis dans cette famille, c'est l'éducation sûrement), qui est aussi belle que vaillante, du digne sang de roi. Or, vous savez que les familles royales déchues n'ont pas un sort facile, donc, la vieille Hécube et sa fille sont rabaissées au rang de simples esclaves des Grecs et, en particulier, de leur roi Agamemnon.

Déjà, cela s'engageait mal pour notre héroïne, mais comme un malheur n'arrive jamais seul, les Grecs qui pleurent la mort de l'héroïque Achille pensent qu'il serait bon de lui offrir un petit sacrifice, histoire de lui rendre agréable le voyage au royaume d'Hadès, et, bien évidemment, qui a été désignée ? Pas de bol, c'est Polyxène.

Hécube essaie bien de négocier un peu avec Ulysse, mais tout disposé qu'il est à lui rendre service, on ne mégote pas avec un présent pour Achille tout de même ! Hécube a beau se désespérer, user de toutes ses dernières influences, invoquer des serments et des services rendus, voilà, la chose est entendue : Polyxène doit y passer pour la bonne cause.

Et Paul, y dort ? Eh oui, qu'en est-il de Polydore ? Faut-il croire en sa bonne fortune ? Certes Euripide est parfois capable de signer une fin heureuse inespérée, comme dans Alceste par exemple, mais ici, point de tout cela, puisque l'inqualifiable Polymestor n'a rien trouvé d'autre à faire que de trucider le gamin pour empocher l'or qui devait lui revenir. Hécube boit donc le calice jusqu'à la lie et je vous laisse découvrir la chute si vous ne la connaissez déjà.

Quand on se place du point de vue du projet de l'auteur, projet artistique, mais aussi et surtout projet civique et social, le fer de lance de cette tragédie semble être le devoir de faire appliquer la justice que doit l'autorité, même au plus humble et déconsidéré de ses sujets. Ainsi, même l'esclave doit pouvoir se fier en l'impartialité de la justice, en tant que fondement de l'organisation sociale.

Si les auteurs classiques ont eu besoin (ou injonction, car on sait que le pouvoir s'appuyait sur les festivités lors desquelles étaient jouées ces pièces pour faire passer des messages à son bénéfice) de communiquer là-dessus, peut-être est-ce parce que ce trait ne paraissait pas évident aux citoyens ? Je ne suis pas assez calée en histoire antique pour me prononcer plus avant sur cette voie.

Euripide s'ingénie également dans cette tragédie à montrer la vulnérabilité des chefs, qui, pour ne pas déplaire à la foule, prennent ou refusent de prendre les décisions que leur conscience leur dictait. C'est le cas d'Ulysse, qui, bien que se sentant redevable envers Hécube, n'ose pas aller contre le désir des compagnons d'Achille. C'est encore le cas d'Agamemnon, qui ne veut pas trop se compromettre dans l'histoire avec le roi Thrace Polymestor.

Il n'empêche que quelles que soient les motivations de l'auteur pour écrire cette pièce, je la trouve belle et plus alerte que beaucoup de ses contemporaines et qu'elle peut être une intéressante porte d'entrée pour l'art si particulier de lire du théâtre grec antique au XXIème siècle. Mais tout ceci, bien entendu, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Une dizaine d'années avant Les Troyennes, Euripide s'était déjà intéressé au sort des captives des Grecs après la chute de Troie avec les pièces Andromaque, puis Hécube. Comme l'indique bien le titre de cette dernière, ici Hécube, la reine déchue, occupe quasiment toute la scène, ce qui différencie cette tragédie de la composition chorale des Troyennes, où Euripide donnera bien davantage la parole à l'ensemble des captives, qui en fait sa spécificité.


La forme est presque surprenante. Certes, Euripide a fréquemment utilisé des retournements de situation. Mais pour le coup, il semble que la tragédie d'Hécube comporte deux parties plus ou moins distinctes. La première est consacrée aux deux terribles nouvelles qu'Hécube va devoir supporter : d'une part la mort de Polydore, son plus jeune fils, envoyé par Priam chez le roi thrace Polymestor afin de le protéger de la guerre ; or Polymestor, ayant jugé bon de ne pas suivre les règles de l'hospitalité, a fait tuer Polydore, jeté son cadavre à la mer et s'est emparé du trésor qu'il possédait. D'autre part, Hécube va apprendre que que le sacrifice de Polyxène, sa plus jeune fille, est réclamé par le spectre d'Achille (petit aparté : c'est Néoptolème le fils d'Achille, qui va égorger Polyxène, ce qui le rend tout de suite moins sympa que dans le Philoctète de Sophocle) . Les supplications d'Hécube auprès d'Ulysse n'auront aucun effet, on s'en doute. Cette première partie de la pièce va donc se concentrer sur les lamentations d'Hécube, appuyée par le choeur, et largement scandées et répétées.


À noter d'ailleurs qu'Euripide n'utilise pas les mêmes situations dans Hécube et Les Troyennes : dans la seconde, Hécube ne sait pas encore que Polyxène est déjà morte et il n'est pas question de Polydore ; dans la première, elle apprend le sort réservé à sa fille de la bouche des Grecs. S'il n'y a plus d'avenir possible dans la seconde pièce, la première met au contraire en scène une vieille femme accablée par le sort mais qui, d'abord, espère encore que son dernier fils est vivant, puis, cet espoir éteint, se raccroche en tout dernier lieu à une chimère : l'annulation du sacrifice de Polyxène. C'est donc une Hécube toujours accablée mais qui donne une image d'autant plus pitoyable qu'elle lutte inutilement contre le sort qui l'a déjà frappée, tentant de se trouver une dernière raison de vivre.


Une dernière raison de vivre, elle va finalement, contre toute attente, la trouver. La seconde partie va voir Hécube se confronter à Agamemnon, qui va, sinon l'appuyer, du moins la laisser préparer sa vengeance contre Polymestor. Et la vieille Hécube ne va pas faire dans la dentelle, gagnant sans difficulté la complicité de toutes les captives troyennes. Vengeance individuelle, mais vengeance collective, donc, et des plus sanglantes. On sera peut-être étonné par le rôle que joue ici Agamemnon, habituellement peu sympathique, et qui, malgré son statut de chef des Achéens, qui a traîné Cassandre dans son lit et qui ne voit pas d'objection au sacrifice de Polyxène, montre une compassion non feinte pour le sort d'Hécube, la laisse se venger, et, mieux, va faire office d'arbitre entre elle et Polymestor - au détriment de ce dernier.


Je l'avoue volontiers : c'est la vengeance d'Hécube qui m'a intéressée bien plus que le reste. Avec les autres captives toutes enfermées dans la même tente, elle prépare une surprise de taille pour Polymestor et ses fils - bah oui, on va pas se contenter d'une moitié de vengeance. Je ne dévoilerai pas le résultat, cela dit il est bien cracra. Bien. Mais outre que l'aspect sanglant de la chose met un peu de sel dans la tragédie et qu'un bon complot se révèle un ressort dramatique efficace, l'utilisation de l'eccyclème - cette plate-forme qui sort de la skene pour faire découvrir aux spectateurs les horreurs qu'ils ont dû imaginer grâce aux cris poussés par les protagonistes et le choeur - est une réussite, même à la lecture ; donc j'imagine sans mal la tuerie que ça devait être sur scène. On terminera sur note amère : une prédiction lugubre concernant Hécube et Agamemnon.


J'ai ressenti un effet quelque peu répétitif dans les lamentations renouvelées du choeur et d'Hécube concernant ses malheurs, que j'ai trouvées un peu longues. Il faut dire que j'avais lu Les Troyennes juste avant Hécube, et que l'effet de redondance en a sans doute été accentué. En revanche, la vengeance d'Hécube, je l'ai dit, vaut le détour : il s'agit là d'une très belle réussite dramaturgique.



Challenge Théâtre 2018-2019
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Je dois être un peu détraqué…

C'est vrai quoi ! Comment expliquer autrement le fait que je me délecte du malheur qui s'accumule sur le dos d'une veille femme ? Car c'est bien une accumulation d'indicibles malheurs qui s'abat sur la pauvre Hécube comme une avalanche sur le skieur hors-piste étourdi. Jugez-en ! Femme de Priam, reine de Troie, mère d'Hector et de quelques 49 autres rejetons, elle vit au sommet de la pyramide des mortels, pas loin du salon VIP des Dieux. A la fin de la guerre elle tombe forcément de très très haut. Esclave des Grecs honnis, sa ville est détruite, Priam est mort, Hector est mort, tous ses enfants sont morts sauf trois. Et on n'en est qu'au début de la pièce.

Et voilà que sa fille Polyxène est appelée au sacrifice par le fantôme d'Achille, condition nécessaire et suffisante au retour des Grecs chez eux, élaborant ainsi un effet de symétrie parfaite avec le sacrifice d'Iphigénie à l'aller. Sacrés dieux et demi-dieux ! Requérant toujours la chair fraîche pour prix de la traversée de la mer Egée là où Charon se contente de trois oboles pour faire traverser le Styx… Hécube supplie, elle est même prête à offrir son corps, rien n'y fait. Ce coup, c'est la dernière goutte d'eau.

D'eau oui, mais on peut encore ajouter une goutte d'acide : Son fils Polydore était en sécurité en Thrace chez le roi Polymestor (beaucoup de poly dans cette pièce) assis sur un tas d'or. Voilà qu'une servante retrouve son corps rapporté par le ressac et qu'elle en informe Hécube. Peut-on tomber plus bas dans la fosse des malheurs ?
De fait cette goutte d'acide va secouer notre reine. Son désespoir laisse un temps place à une fureur vengeresse. Il s'agit de faire justice. Vengeance et Justice ne s'expriment-t-elles pas par le même mot en grec ? (c'est ce que dit l'introduction en tout cas) Assassiner un hôte, rompre les lois de l'hospitalité, n'est-ce pas faire sacrilège envers les dieux eux-mêmes ? Hécube plaide sa cause auprès d'Agamemnon et obtient le droit de se venger… Ça va saigner !!!

J'espère que vous aurez de la compassion à mon égard et que vous considèrerez que je ne suis pas un pervers détraqué, mais seulement un amoureux de l'esthétisme avec lequel cette tragédie est contée. J'aime Tarantino, je ne suis pas violent pour autant… Et la construction d'Hécube est une belle oeuvre d'art vu sous cet angle, saupoudrée de morceaux d'Histoire, de géographie, de débats philosophiques et de la fin de mes illusions d'enfants sur l'héroïsme des héros Grecs qui, qu'ils s'appellent Ulysse ou Agamemnon, prennent les couleurs verdâtres et violacées de la cruauté, de l'indifférence au malheur voire de la lâcheté.

Superbe !
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Mais non, BazarR, rassure-toi, tu n'es pas un pervers détraqué, c'est indéniablement scotchant et captivant, cette avalanche de malheurs qui s'abat sur la pauvre veuve du roi Priam, tombée en esclavage, qui voit sa fille lui être arrachée parce que le fantôme de ce bon Achille a fait une apparition nocturne pour faire une bien charmante demande: il se plaint de ce que sa tombe n'ait point été honorée et réclame pour cela le sacrifice de Polyxène. 😬
Et comme si ça ne suffisait pas, voilà qu'on amène à Hécube le cadavre de son petit dernier, Polydoros, qu'elle pensait bien à l'abri, vu qu'il avait été confié aux bons soins du roi des Thraces. Grosse erreur! Polymestor le cupide n'a pas hésité à assassiner Polydoros pour faire main basse sur son riche trésor.
C'est simple, les malheurs d'Hécube sont tels qu'on en vient à douter de l'existence des dieux:
« Ô Zeus, que dire? que tu regardes les humains
ou que c'est illusion portée en vain à ton crédit,
(qu'on se trompe à croire qu'il existe une race divine)
quand le hasard seul veille à tout ce qui est mortel? »
Du coup, au moins, Hécube sort de son abattement. Et alors quelle vengeance!
Bon d'accord BazaR, on est peut-être tous détraqués, parce que, il faut bien l'avouer, c'est terrible mais impossible de nier que ça fait sacrément plaisir de voir les Troyennes aveugler cette raclure de Polymestor et massacrer sa progéniture. 🤭

Fascinante expression de la cruauté, de la terrible dureté d'une existence humaine, de l'effroyable beauté de la violence aussi, Hécube est une pièce d'une grande puissance.
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« Chante, ô Muse, la douleur d'une mère... ». Elle qui a vu ses fils mourir les uns après les autres, massacrer son mari sur un autel, détruire son palais, brûler sa ville, violer ses filles.
Oui, Hécube est la figure, la voix et le cri, de la souffrance maternelle, mais aussi de la déchéance, elle qui était reine de Troie et qui devient esclave d'Agamemnon. Cette pièce ne met donc pas en valeur les héros grecs victorieux comme Ulysse ou Agamemnon, qui n'apparaissent que dans des rôles secondaires, assez petits dans le sens de mesquins d'ailleurs : Ulysse utilise comme toujours la ruse et la manipulation par la parole, Agamemnon ne comprend pas tout ce qui se passe et laisse agir les autres à sa place. C'est Hécube l'héroïne, une femme – et même une vieille femme, non une jeune vierge qui peut être désirée, une étrangère qui n'est pas grecque, une vaincue. Elle est accompagnée d'autres Troyennes captives dans le choeur. Ce sont donc les perdantes, les victimes, les proies aussi devenues des marchandises qui passent de mains en mains, de couches en couches aussi. Cassandre est ainsi évoquée, elle qui est devenue l'esclave d'Agamemnon qu'elle devra suivre dans la mort.
Or, ces femmes qui ne sont plus rien que des objets vont se révolter, dans un acte de vengeance et de violence ultime. Ces hommes si fiers les pensent incapables de faire autre chose que pleurer vont découvrir que la sororité permet aux femmes de résister.
Cette pièce est donc à la fois bouleversante et puissante, à l'image de ces femmes : Polyxène qui fait de son sacrifice un suicide pour refuser la déchéance annoncée, Hécube qui est la figure de la Mater dolorosa, les captives du choeur qui prouvent que, unies, les femmes ont une force incroyable.
C'est enfin une pièce athénienne, destinée à un public athénien. Elle met donc en avant certaines valeurs civiques dont s'enorgueillissent les Grecs par rapport aux moeurs barbares, comme l'importance de l'hospitalité, le respect de l'hôte et de la parole donnée.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
LE CHŒUR:
... Ah ! la sœur des Gémeaux (*), Hélène
et le bouvier d'Ida, ce Pâris exécré,
à quelles malédictions,
je les ai voués tous les deux !
C'est par sa faute à elle que je meurs
d'être bannie hors du sol de mes pères,
chassée de mon foyer à cause d'une épouse...
Épouse ? non : peste infernale
suscitée pour nous perdre !
Puisse-t-elle se voir refuser le retour
sur la route des flots amers,
et ne rester jamais dans sa patrie,
à son foyer !

(*): Hélène est sœur de Castor et Pollux
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LE CHŒUR. Tu n'as pas encore subi, mais tu vas subir ton châtiment. Comme celui qui, précipité, chaviré en haute mer, tu tomberas dans la mort, toi qui as tué ! L'expiation terrible, due par la justice et par les dieux, ne frappe jamais en vain. La route que tu as prise te trompera et te mènera dans l'Hadès mortel, ô malheureux, et ce n'est pas par une main guerrière que tu perdras la vie.

VOIX DE POLYMESTOR. Malheur à moi ! On m'aveugle, on m'arrache la lumière des yeux !

LE DEMI-CHŒUR . Amies, avez-vous entendu cette lamentation du Thrace ?

VOIX DE POLYMESTOR. Malheur à moi ! Encore un coup ! Ô mes enfants, quel affreux massacre !

LE DEMI-CHŒUR . Amies, il arrive de nouveaux malheurs dans les tentes !

VOIX DE POLYMESTOR. Mais non ! Vous ne fuirez pas d'un pied rapide, car je briserai de mes coups le fond de ces tentes !

LE DEMI-CHŒUR . Voilà le trait qui part de sa lourde main ! Voulez-vous que nous nous précipitions ! C'est le moment de venir en aide à Hécube et aux Troyennes.
(Hécube sort.)

HÉCUBE. Va ! Cogne ! Brise, enfonce les portes, n'épargne rien ! Jamais plus tes yeux ne brilleront dans tes prunelles, jamais tu ne verras vivants les enfants que j'ai tués !
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HÉCUBE. [...] Mais sous quel vain prétexte ont-ils décrété le meurtre de cette enfant ? Quelle nécessité les pousse à égorger des êtres humains sur un tombeau, là où il convient plutôt d'égorger plutôt des bœufs ? Est-ce Achille qui, à son tour, veut tuer ceux qui l'ont tué, et demande, au nom de la justice, le meurtre de cette enfant ? Mais elle ne lui a fait aucun mal ! C'est Hélène dont il devrait exiger l'égorgement sur son tombeau, car c'est elle qui l'a perdu en le menant à Troie.
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HÉCUBE : C'est l'acte d'un grand cœur de servir la justice, de frapper les méchants, toujours et où qu'ils soient.
LE CORYPHÉE : On voit dans la vie bien d'étranges rencontres. La loi de la nécessité tranche en dernier recours, nous faisant des amis de nos pires ennemis, mettant dans l'autre camp ceux qui nous étaient favorables.
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Ah! mère, chassée de tes palais princiers pour voir se lever le jour de servitude, ton sort est maudit autant qu'il était hier béni! Un dieu a retourné le sablier: en échange de ta félicité passée, il t'écrase aujourd'hui.

(le fantôme de Polydore évoque ici sa mère, l'ex-reine de Troie Hécube, à présent réduite en esclavage par les Grecs)
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Videos de Euripide (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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