Hypsipyle

Pour une fois, ma mauvaise note ne traduit pas ma déception face à la qualité du texte ou de l'intérêt de l'histoire ; elle traduit mon dépit de voir qu'il ne reste que quelques fragments de cette pièce d'Euripide qui s'annonçait intéressante.

D'Hypsipyle, il ne reste qu'un papyrus contenant quelques passages et des allusions chez d'autres auteurs comme Aristophane. J'ai lu ces fragments rassemblés et reliés par des paragraphes explicatifs des manques dans la somme « Les Tragiques Grecs » (La Pochothèque). Impossible de ressentir du plaisir dans la musique du texte. Mais un intérêt intellectuel présent.
Car qui connaît Hypsipyle ? Elle fut reine de Lemnos, accueillit Jason et ses Argonautes ; Jason prit le temps de lui faire deux jumeaux (il n'avait que ça à faire alors que la Toison d'Or l'attendait. Mais bon, Jason adorait faire des gosses partout) avant de filer. Hypsipyle fuit lors de la révolte des femmes où tous les mâles furent massacrés. Manque de bol, elle se retrouva esclave du roi de Némée (la ville du Lion d'Héraclès) Lycurgue et de son épouse Eurydice. Séparée de ses propres enfants, elle devint la nourrice d'Opheltès, le fils encore bébé de ses maîtres, pour lequel elle éprouva un sentiment maternel profond (probable report de sa maternité ratée).

Vint à passer par là Amphiaraos, le devin guerrier en route pour Thèbes, l'un des Sept destiné à affronter la ville, et à mourir au combat. Il le sait, il l'accepte (un modèle pour le Lew Nichols de l'Homme Stochastique de Silverberg ?). Hypsipyle l'emmène vers une source d'eau fraiche où – malheur ! – le bébé est tué par un serpent. Sentiment de culpabilité. Colère de la mère Eurydice qui veut mettre à mort la nourrice. Les choses s'arrangeront grâce à Amphiaraos. Hypsipyle retrouvera même ses fils dont on apprendra les péripéties, sauvés par Orphée puis par Dionysos.

On voit l'intérêt de cette pièce qui navigue entre plusieurs mythes : les Labdacides, la quête de la Toison d'Or, Orphée. C'est la première de ce genre que je rencontre. Cela lui donne un caractère unique, au-delà du texte malheureusement trop fragmentaires.