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Critique de BazaR


Et voilà ! Encore une fois les dieux grecs font preuve de leur enfoiritude envers les pauvres humains qui les adorent.

Dans la dernière pièce d'Euripide que j'avais lue – Hélène – on apprenait donc que le carnage de la guerre de Troie s'était déroulé pour un leurre placé là par Héra, que la véritable Hélène n'avait jamais accompagné Pâris, n'avait jamais trahi Ménélas.
Et là, rebelote ! Cette fois on apprend qu'Iphigénie a échappé au sacrifice, qu'Artémis – qui avait expressément demandé ce don de soi – avait discrètement remplacé la fille par une biche au dernier moment, leurrant tout le monde au passage.
Un moment d'égarement de mansuétude de la part de la déesse ? Voire ! La « mort » d'Iphigénie incruste la haine implacable des Troyens dans le coeur d'Agamemnon, l'envie de vengeance dans celui de Clytemnestre, la volonté ensuite de venger leur père dans ceux d'Electre et Oreste. C'est à nouveau tout le carnage de la guerre et ses suites funestes qui en découlent. Artémis imite le dieu d'Abraham qui demande un sacrifice « qui fasse sens ». Mais le Dieu d'Abraham arrêtera sa main, alors qu'Artémis épargne Iphigénie en douce et se fait ainsi complice des conséquences.

La pièce elle-même ressemble d'ailleurs beaucoup à Hélène. Iphigénie a été transportée en Tauride – la Crimée d'aujourd'hui – pour être la prêtresse d'Artémis, sacrificatrice des étrangers qui échouent sur ce rivage (cocasse !). Justement Oreste, son frère, débarque avec son pote Pylade après avoir été « libéré » des Érinyes qui le poursuivaient pour son matricide. C'est Apollon qui lui a enjoint de venir. Oreste et Pylade sont faits prisonniers et mis en présence de leur bourreau : Iphigénie. Comme souvent dans ce genre de situation, l'auteur se régale à faire dialoguer le frère et la soeur sans qu'une parole ne permette à l'un d'entre eux de découvrir l'identité de l'autre. C'est toujours très fort.

Une fois la découverte faite, il s'agit de s'enfuir. Et comme dans Hélène, c'est la fille qui monte un plan capillotracté mais qui fonctionne vachement bien parce que celui qu'il s'agit de leurrer, le roi Thoas de Tauride, est un teubé fini. Il croit tout ce qu'Iphigénie lui dit. Et quand la tromperie est éventée, il s'empresse d'envoyer son armée à la poursuite… après avoir demandé à un témoin une description des événements circonstanciée de plus de cent vers, largement de quoi donner une belle avance aux fuyards.

On comprend qu'Apollon avait à coeur de « sauver » le culte de sa soeur de ces barbares et de le transporter dans un endroit civilisé près d'Athènes. Iphigénie et Oreste en ont été les instruments.

Hormis le comportement des dieux qui m'a encore fait bondir (mais sont-ils maîtres du Destin, ces zozos-là ?) la pièce s'est révélée très agréable à lire. Et j'ai été ravi de découvrir une Iphigénie différente de celle d'Aulis, plus aigrie, pétrie de haine envers Hélène (si elle savait), Ménélas, le devin Calchas et même envers Achille.
Et pour une fois tout finit bien. Même les esclaves grecques sont libérées.
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