Que dira-t-il de ces événements ? Je garderai mon calme, même s'il arrive en fureur. Le sage est toujours prêt à ne montrer qu'un front paisible.
Les traditions héritées de nos pères, vieilles comme le monde, aucun raisonnement ne les renversera, quelque découverte que fassent les plus profonds esprits.
Deux divinités pour les mortels sont primordiales. L'une est Déméter -elle est aussi la Terre, on peut lui donner les deux noms- qui nourrit les humains des aliments solides. Vint ensuite le fils de Sémélé en apporter le complément découvert par lui, la liqueur tirée de la grappe, la boisson qui met fin aux souffrances des malheureux (dès qu'ils se sont remplis de ce jus de la vigne) et leur donne, avec le sommeil, l'oubli des peines quotidiennes.
LE MESSAGER: Pour notre compte à nous, la fuite nous sauva d'être déchiquetés victimes des bacchantes. Mais notre bétail, lui ! Elles s'y attaquèrent à mains nues, sans couteaux... Si tu les avais vues ! L'une entre ses deux bras saisit une génisse, bête déjà laitière, et la souleva, meuglante... Et d'autres démembraient, déchiquetaient des vaches...
CADMOS: Simple mortel, je ne suis pas de ceux qui ont le mépris des dieux !
TIRÉSIAS: Et nous n'enveloppons pas les dieux dans des finasseries. Les traditions héritées de nos pères, et qui sont vieilles comme le temps, aucun raisonnement ne les jette à bas, si fines que soient les trouvailles de nos aigles d'intelligence ! : " Vieux comme tu es, tu n'as pas honte ? " Voilà ce qu'on dira, de me voir décidé à danser, les tempes chargées de lierre ! Mais le dieu n'a pas fait de distinction, qu'on soit jeune ou qu'on soit vieux, s'il s'agit de danser pour Lui.
Je ne veux pas d'une sagesse qui porte ombrage, mais un bonheur plus égal et durable [...].
Que jamais nos pensées n'imaginent rien qui soit supérieur aux lois !
C'est lui qui nous donna la vigne, le remède au chagrin. Or, sans vin, plus d'amour, ni plus rien qui charme les hommes.
Au riche et au pauvre il fait part égale en dispensant la joie du vin, remède à toute peine. (...) Ce que croit et pratique la foule des modestes je l'accepte pour moi.
Les pensées qui dépassent l'humain accourcissent la vie, car qui vise trop haut perd le fruit de l'instant.