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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les Troyennes qui sont-elles ? La mère, Hécube, femme de Priam, reine déchue par la défaite de Troie face aux Grecs. La fille, Cassandre, considérée comme folle, enlevée contre son gré pour servir à la fois d'esclave et d'épouse à Agamemnon, roi d'Argos (donc un Grec). Enfin la belle fille, Andromaque, épouse du glorieux Hector, tué au combat lors de la prise de la ville, elle aussi réattribuée comme esclave-épouse à un autre notable grec, en l'occurrence Néoptolème, le propre fils d'Achille.
Euripide dresse un tableau sombre du sort réservé aux vaincus et cette pièce sonne comme une franche et vibrante dénonciation de la cruauté des vainqueurs. Une tragédie très engagée, bien loin du canon habituel qui d'ordinaire caresse le pouvoir et les dieux dans le sens du poil.
Ici, le message semble clair et prend l'allure d'une récrimination à l'adresse des Athéniens contemporains d'Euripide qui viennent de faire un coup pas très joli-joli à Milo. Peut-être est-ce la raison secrète pour laquelle la pièce reçut un accueil frisquet lors de sa première représentation ?
Une nouvelle fois, il est un peu compliqué d'entrer facilement dans cette pièce si l'on n'a pas au moins quelques connaissances sur la Guerre de Troie, et c'est mieux encore si l'on a lu l'Iliade d'Homère, car tout ici y fait référence : les personnages, les événements, le style (épopée, récit mythique).
Je serais tentée de dire que les tragédies grecques font sens les unes par rapport aux autres mais qu'il est difficile d'en choisir une et de la comparer sans préalable au restant du patrimoine littéraire mondial. Quand on est bien plongé dedans et dans l'esprit de l'époque, cela passe tout seul. Quand on sort d'une lecture plus contemporaine où les codes ne sont guère différents des nôtres, là, l'exercice est un peu plus périlleux.
En tout cas, quand on la compare à des pièces antiques, elle apparaît comme très savoureuse, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Troie est tombée, il n'en reste que des ruines. Les femmes ne sont plus qu'un butin à se partager, et nombre d'entre elles attendent, prisonnières des Achéens (les Grecs) de connaître le sort qui leur est réservé. Ainsi Hécube, qui fut reine et l'épouse de Priam. Ses enfants sont morts - Hector et Pâris, ainsi que la jeune Polyxène sacrifiée au tombeau d'Achille ; entre autres, car la famille est assez nombreuse. Lui restent sa fille Cassandre, déjà destinée au lit d'Agamemnon et qui perd la raison, sa belle-fille Andromaque et son petit-fils Astyanax. La roue a indubitablement tourné et Hécube n'est plus qu'une pauvre vieille se lamentant sur son sort et sur celui de Troie, se traînant dans la poussière, vêtue de loques (Aristophane s'est d'ailleurs assez moqué d'Euripide, qui n'hésitait pas à régulièrement mettre en scène des personnages loqueteux).

On sait dans quel contexte difficile, la guerre du Péloponnèse, a été écrite cette pièce, et je ne reviendrai pas dessus pour en avoir déjà parlé à propos d'autres tragédies grecques. Ici, nous noterons juste que la funeste prise de Mélos en -416 a probablement inspiré Euripide. Il faut en tout cas reconnaître à Eschyle (oui, même lui, même si ce ne fut pas toujours le cas), Sophocle et Euripide d'avoir fait rupture, chacun à leur manière, avec l'épopée homérienne qui glorifiait les hauts faits des Grecs lors de la guerre de Troie. Et on doit particulièrement à Euripide, notamment avec Les Troyennes, d'avoir pris pour sujet les conséquences désastreuses de la guerre de Troie sur les vaincus.

Avec Les Troyennes, c'est le triomphe du pathétique. Les femmes de Troie, après avoir vu leurs époux et leurs fils mourir au combat, vont devenir esclaves, vont être violées (quand elles ne l'ont pas déjà été). On pourrait penser que, après tout, vu le statut des femmes de l'époque, le viol n'est pas plus pris en compte que ça. Or ce n'est - étonnamment ? - pas le cas, cette forme d'humiliation est dénoncée régulièrement. C'est, tout de même, qu'il s'agit de princesses, de prêtresses, et que les Grecs sont allés un peu loin, même pour Athéna désormais en colère. Hécube occuppe le devant de la scène, mais la réussite de la pièce vient certainement aussi du fait que Cassandre, Andromaque, le chœur des Troyennes, le choryphée, lui font écho constamment et renouvellent constamment le pathétique incarné par la reine déchue, en scandant leurs malheurs actuels et les malheurs à venir. Hécube est cependant la représentante à la fois pitoyable et digne de ces victimes, subissant les coups du sort les uns après les autres, dont le dernier n'est pas le moindre, se relevant une dernière fois pour accuser Hélène de tous les maux subis par Troie (Hélène étant, avec Ulysse, le personnage qui en prend régulièrement plein la tronche dans les tragédies grecques), pour finalement se laisser porter, sans forces, vers les nefs achéeennes.

J'imagine sans mal que le contexte du théâtre grec antique, et notamment le jeu du chœur, magnifiait ce terrible concert de lamentations.



Challenge Théâtre 2018-2019
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Tragédie grecque rédigée par Euripide, les Troyennes est un récit n'apparaissant pas dans l'Iliade d''Homère mais laissant la place à des personnages très mal exploités - selon moi- comme Cassandre, Andromaque, la reine Hécube ou même Ménélas. Je ne parlerai pas vraiment de Hélène car elle n'apporte pas grand chose au récit, hormis le fait qu'elle et son prince poule mouillée sont les "responsables" de tout ce carnage humain. On ressent juste une aura de méprise à son égard.
Le récit commence peu après la mise à sac de Troie par les Achéens avec le départ pour le retour en Grèce. Chacune des Troyennes doit échoir à l'un des souverains Grecs comme prise de guerre et esclave. Malgré la situation, Cassandre et sa mère Hécube sont émouvantes et tentent une ultime fois de tenir tête et de s'affirmer face à une situation qu'elles n'ont jamais souhaité. Andromaque est elle aussi poignante et elle restera à tout jamais l'emblème de l'épouse fidèle et dévouée, refusant de se soustraire à l'ennemi, en la personne de Néoptolème, un des fils d'Achille.
Cette pièce, courte à lire, reste un classique de la tragédie et j'en conseille bien-sûr la lecture!
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La guerre de Troie est terminée, les hommes sont tous morts et les femmes pleurent et se lamentent sur la perte de leur mari, père, amant et fils. Hécube était la reine de cette ville tant aimée et il ne lui reste rien sauf son petit-fils mais pas pour longtemps car il subira un sort tragique aux mains des vainqueurs. Hécube n'a plus d'espoir, elle est vieille et courbée. Elle se doute bien du sort qui l'attend, celui d'esclave condamnée à exécuter de viles taches pour un homme grec qu'elle abhorre. Son époux a été assassiné de même qu'une de ses filles et tous ses fils. Les autres femmes sont tout aussi éprouvées et toutes, elles attendent de s'embarquer sur les navires grecs qui les amèneront dans leur nouveau pays. le malheur s'est abattu sur Troie qui n'est plus que ruines et désolations. Hécube maudit Hélène et la rend entièrement responsable de ce désastre mais celle-ci se défend et tente de rejeter la faute sur Pâris.

Une tragédie grecque très forte, dérangeante, émouvante et surtout, mettant en scène des femmes qui ont tout perdu. Je tenais à lire cette pièce car dans son livre « le carnet noir », Michel Tremblay y fait référence souvent. J'ai donc lu l'édition de Leméac dont le texte français est rédigé par Marie Cardinal. Elle a aussi rédigé une très belle préface. La pièce fut crée en avril soixante-douze au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal. On ne peut dissocier Michel Tremblay du théâtre donc lire cette pièce, c'était plonger encore plus dans son univers si particulier et qui me touche au plus haut point.

J'ai apprécié cette lecture. La pièce est de toute beauté et frappe l'imagination. Une tragédie d'une infinie tristesse. Comment ne pas être émue par le sort de ces femmes accablées de douleur et désormais vouées à servir un peuple qu'elles méprisent ?

« Pourtant, s'ils nous haïssent tant, ils auraient pu nous exterminer tous, qu'il ne reste rien, absolument rien de Troie. Pour eux c'était facile. Alors pourquoi épargner les femmes ? Pourquoi disséminer les Troyennes partout dans l'univers, sachant que nous allons, chacune de notre côté, chanter notre ville, nos héros, nos richesses, notre histoire ? Pourquoi les dieux agissent-ils de telle sorte que notre splendeur soit répandue et reconnue par les générations à venir ?... Je crois qu'il existe entre les dieux et Troie des liens secrets et troubles qui font ressembler leur haine à de l'amour ? »
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On pourrait suivre la lecture des Troyennes avec celle d'Andromaque qui en est comme un prolongement. Comme souvent dans les pièces d'Euripide, les femmes sont au premier plan du drame, en toute logique d'une condition franchement tragique! Hécube, reine déchue, voit passer tous les malheurs faisant suite à la défaite. Ces lamentations pourraient lasser sur l'ensemble du drame, mais Euripide parvient à transformer ce tableau victimaire en réquisitoire contre les abus des vainqueurs et leur oubli des règles liturgiques. Même si Euripide avait coutume de dénoncer les campagnes guerrières, c'est la première fois qu'une de ses tragédies dénonce si explicitement la politique athénienne. Situation évocatrice d'une certaine réalité de la démocratie à Athènes.
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Avec cette pièce, Euripide, un auteur grec, n'hésite pas à stigmatiser le comportement sauvage des Grecs victorieux. Certes, la pièce se réfère à un lointain passé (la fin de la guerre de Troie).. Mais il se trouve que la représentation des "Troyennes" (en 411 av. J. C.) est intervenue un an après l'agression athénienne contre Milo. de toutes façons, le message d'Euripide est intemporel et universel.
La tragédie évoque ce que nous appelons maintenant des crimes de guerre. Elle vient contredire le mythe d'une civilisation grecque raffinée et "humaniste". En réalité, à la guerre, les vaincus étaient très mal traités: les hommes étaient tués au combat , les femmes devenaient des concubines (pour ne pas dire des esclaves sexuelles) et leurs enfants étaient parfois assassinés.
La tragédie est surtout une longue lamentation des femmes survivantes après la prise de Troie. Elles ont été "adjugées", comme des objets, aux chefs de l'expédition grecque: Hécube, Andromaque (la veuve du héros Hector), Cassandre (la prophétesse vierge qui s'est vouée au dieu Apollon), sans parler de Polyxène égorgée sur la tombe d'Achille... En contrepoint, celle par qui le scandale et la guerre sont arrivés, Hélène, fait une brève apparition.
Mais, au final, la loi du plus fort - celle des soudards victorieux - n'est pas destinée à prévaloir. Au début de la pièce, les dieux Posidon (= Poséidon) et Athéna concluent un accord surprenant. Les Grecs trouveront un sort tragique, pour les punir de leur arrogance et de leur cruauté pendant ou après leur retour dans la patrie. le message éthique délivré par Euripide est clair. Tout en restant dans le cadre de la mythologie antique, l'auteur apparaît étonnement moderne. J'ajoute que le lyrisme caractéristique des tragédies grecques se retrouve dans "Les Troyennes". C'est une pièce qui inspire le respect.

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Responsabilité humaine ou responsabilité des dieux, quel choix faire ?

Gagnant, vainqueur ou perdant ? le poète choisit son camp, le lecteur se laisse plonger dans le mélodrame qu'on lui offre.

Théâtre ou réalité, la tragédie se rappelle à l'un comme à l'autre.

Tragédie à redécouvrir.

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Comme dans Hécube, cette tragédie d'Euripide fait le bilan dans le camp troyen de cette guerre qui s'est achevée. On a sacrifié Polyxène, fille d'Hécube et de Priam, aux mânes d'Achille, ce que sa mère ignore encore au début de la pièce. Cassandre, qu'Agamemnon emmène comme captive à Mycènes, entre dans une transe prophétique et une joie vengeresse, qui glace Hécube, en évoquant les nostoi, retours des héros grecs, qui seront la perte de la plupart. On évoque alors les malheurs d'Andromaque, fraîchement veuve et déjà promise à Néoptolème (Pyrrhus, chez Racine) qui voit son fils, Astyanax, précipité du haut des murailles de Troie, avant qu'on l'enflamme. La grand-mère enterre l'enfant sous le bouclier de son père Hector avec des lamentations puis s'apprête à embarquer en gémissant avec les autres Troyennes.

Beaucoup d'analogies entre les pièces, mais moins qu'on aurait pu s'y attendre chez le même auteur. Certes, Hécube est une femme âgée qui se lamente sur le fait qu'elle n'est désormais plus rien après la mort du roi Priam et de sa postérité mâle et sur son chagrin de mère. Mais la flamme vengeresse sera absente de cette pièce, alors qu'elle en flamboyait jusqu'à la folie dans la pièce Hécube, mais parce qu'il était question de venger la trahison de Polymèstor. Ici, la mort de Polydore n'est pas la question centrale, Euripide décide d'évoquer les malheurs de deux autres femmes, Cassandre et Andromaque, ainsi que l'autre postérité royale possible, celle d'Astyanax, étouffée par un pur et lâche assassinat.

Euripide fait ici oeuvre de critique de son Histoire contemporaine et non pas de rhapsode de vieilles légendes. Les Athéniens viennent de massacrer tous les mâles de la colonie de Milo en 416 et ont vendu les femmes et les enfants, et Alcibiade, nouvel Agamemnon, avait même pris sa captive milienne... La tragédie n'a pas gagné la compétition cette année 415, ce qui veut peut-être dire que les Athéniens ont bien compris la leçon qu'elle contenait.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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