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Jacques Barbéri (Traducteur)
EAN : 9782743611323
170 pages
Payot et Rivages (15/04/2003)
3.67/5   9 notes
Résumé :

Comme dans la plupart de ses romans, Valerio Evangelisti jongle une fois encore avec les codes temporels, et promène son lecteur à travers plusieurs époques. Dans Black Flag, il alterne un futur très éloigné, où le monde s’est transformé en un gigantesque hôpital psychiatrique d’une violence extrême, une époque plus proche de nous, où l’on voit les Américains bombarder la vill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Black Flag » est mon 1er Valerio Evangelisti. Cette rencontre ne restera pas isolée. « Black Flag » est un roman bancal, inégal, bourré d'imperfections mais aussi passionnant, riche et diablement efficace.

Le roman est structuré en 3 parties distinctes. le prologue et l'épilogue font référence à l'opération militaire américaine au Panama en 89, la mal nommée opération « Just Cause ». le reste du roman alterne des chapitres se déroulant à l'aube de l'an 3000 sur une Terre ressemblant à un immense hôpital psychiatrique laissé à l'abandon où les schizos et les psychopathes se massacrent joyeusement et chapitres se déroulant lors de la Guerre de Sécession. Ces différentes parties ne vont pas finir par se rejoindre mais plutôt proposer des correspondances entre elles, des liens thématiques ou de cause à effet plus ou moins forts. Ces différentes parties sont d'intérêt inégal. Si la partie panaméenne et la partie futuriste se lisent bien et proposent des idées intéressantes, elles sont tout de même très nettement inférieures à l'histoire se déroulant pendant la Guerre de Sécession. La partie panaméenne fait la jonction entre les deux époques qu'on va suivre et c'est plutôt bien trouvé mais cette partie est trop peu développée pour déployer pleinement ses idées. Quant à la partie futuriste, elle est un peu plombée par son ultra-violence. le reste du récit est très violent également mais traversé par des éclairs d'humanité et surtout peuplé de personnages beaucoup plus intéressants. En l'an 3000, aucune lueur d'espoir ne vient atténuer la violence et aucun personnage ne suscite la moindre empathie. Même le personnage de Lilith, pourtant complexe et ambivalente, ne suscite pas un réel intérêt. Les parties panaméennes et futuristes sont donc intéressantes mais un peu ratées et le roman aurait été bien meilleur sans. Ceci dit, je n'ai pas envie d'en faire le reproche à Evangelisti qui fait preuve d'une ambition certaine en créant des ponts et des échos thématiques entre les époques. Il ne se hisse pas totalement à la hauteur de ses ambitions mais il a le mérite d'essayer.

Si « Black Flag » aurait été plus réussi sans les parties panaméennes et futuristes c'est aussi parce que la partie située pendant la Guerre de Sécession est vraiment extraordinaire. La partie futuriste est loin d'être ennuyeuse mais elle fait pâle figure à côté du 19ème siècle. A chaque fois qu'on finit un chapitre mettant en scène Pantera pour retrouver l'an 3000, on a un pincement, un regret. Il y a comme une cassure de rythme. Il faut dire que la partie située lors de la Guerre de Sécession offre une galerie de personnages tellement formidable qu'on a grand peine à quitter leurs traces. Il y a d'abord Pantera, héros ambigu, mystérieux, magnétique, ultra-charismatique. J'ai été littéralement envoûtée par ce personnage. Tous les seconds rôles sont tout aussi réussis, que ce soient Koger, Molly ou les redoutables bushwhackers. Ils forment une belle galerie de personnages, certains attachants, d'autres effrayants. J'ai particulièrement apprécié les apparitions de véritables personnages historiques comme les frères James, Bloody Bill Anderson et surtout Anselme Bellegarrigue. Ce dernier permet à l'auteur de donner un propos politique à son récit. En effet, si la plupart des bushwhackers qu'on suit dans le récit agissent au nom des valeurs du Sud ou par simple attrait de la violence, la motivation première de Bellegarrigue est la liberté. En témoignent certains de ses dialogues promouvant un anarchisme individualiste à l'extrême qui n'est pas sans rappeler l'idéologie libertarienne.
Au-delà des personnages remarquablement campés et d'un propos politique intéressant, cette partie du roman est surtout un formidable récit d'aventure mêlant western et fantastique dans une histoire très bien menée, riche en action et en péripéties qui s'avère complètement addictive.

« Black Flag » n'est pas un roman parfait, les qualités de la partie western rendent plus criantes encore les faiblesses des autres parties parce qu'on ne peut s'empêcher de faire perpétuellement la comparaison. Mais, voulant aborder western, fantastique, sf et politique dans le même roman, la sincérité et la générosité de l'auteur sont palpables, et cette partie Guerre de Sécession est tellement réussie qu'on a envie de pardonner toutes les imperfections du roman. Une chose est sûre, je n'en ai pas fini avec Evangelisti. J'ai le 1er tome de la saga Eyrmerich dans ma PAL et je compte bien me procurer d'autres bouquins de cet auteur.
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Un vent libertaire souffle sur le sud des Etats-Unis dans cet Evangelisti grand cru où l'on retrouve le singulier Pantera, déjà aperçu dans Métal Hurlant.
En pleine guerre de Sécession, un Ranger a fait appel au charismatique sorcier pistolero adepte du Palo Mayombé pour exécuter un homme-loup soupçonné du meurtre de plusieurs prostituées dans la ville de Laredo. Trahi par ses commanditaires, il se retrouve au milieu d'une bande de bushwhackers, celle des frères Franck et Jesse James, fidèles à William Quantrill et Bloody Blood Anderson. En cet été 1864, la troupe progresse vers le Mexique, traquant les sympathisants nordistes et les déserteurs confédérés, drapeau noir à la main.
On pourrait presque se croire dans Josey Wales hors-la-loi, mais nous sommes dans un roman d'Evangelisti, qui revisite le bon vieux western des familles à grands coups de digressions libertaires et de voyages dans le temps.
Comme dans la série Eymerich, l'Italien nous ballade dans le futur, un futur bien aliénant, fait de surpopulation, de famine, de maladies mentales et de violence. A l'aube de l'an 3000, le monde devenu "Paradice" est un asile à ciel ouvert où les liens sociaux ont entièrement disparu.
Et comme dans Tortuga, le meilleur roman de piraterie de tous les temps, Evangelisti se fait libertaire. Pantera s'écrie "Je ne mets pas de putains d'uniformes nordistes. Ni sudistes d'ailleurs. Mais surtout, je ne veux pas recevoir d'ordres du premier type venu. C'est clair?". Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le Gersois Anselme Bellegarrigue, en frac noir et melon, fait partie de la troupe et trimballe dans son chariot un attirail digne du cabinet du docteur Caligari dans le but de réaliser des expériences sur la porphyrie et l'homme nouveau. le lecteur appréciera les allusions à Auguste Blanqui, à la Goguette des fils du diable, et à l'anarchisme fédéraliste de celui qui déclare "J'ai choisi l'Amérique parce que c'est ici que naîtra la véritable anarchie! Sans gouvernements, sans chefs, sans armées régulières. Des individus libres de posséder et de penser à eux, prêts à tuer quiconque voudrait leur imposer quelque chose! Bloody Bill ne le sait pas, mais il est en train d'inventer une nation!"
Ce qui est certain c'est que seul Evangelisti peut à ce point mélanger les genres, western, politique fiction et SF, saupoudrer le tout de recherche biologique, de cosmogonie indienne, de rappels d'histoire politique et sociale, y ajouter des bases lunaires et des laboratoires classés Secret Défense, sans sombrer dans le ridicule. Black Flag est un roman passionnant. On y retrouve bien sûr l'ultra violence dans les rapports humains et le sexe, la thématique de la décrépitude, de l'avilissement des corps, la figure du héros complexe et solitaire (Pantera comme Eymerich) qui lutte dès que son humanité refait surface, et le chaos généralisé.

Adepte de la lecture consolatoire, passe ton chemin. Pour les autres, la route se poursuit avec l'excellent Anthracite. C'est noir, mais c'est bon.
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Préquelle surprenante.

Evangelisti écrit ses romans par univers.
On retrouve ici Pantera, personnage récurrent de son cycle western, héros d'"Anthracite" et qu'on aperçoit dans la "coulée de feu". Dans un récit bien plus porté sur le fantastique que ne le sont les autres.

Et çà marche.
Mêlant le palero Mexicain à des icônes historiques (les frères James), accompagnés d'un personnage hors du commun, on les suit volontiers dans leur raid vers Laredo.
Un focus intéressant sur ces "bushwhackers" que la guerre de sécession a engendrée.

Par contre je passe sur les paragraphes associés aux flash futuristes, renvoyant à notre bonne vieille terre intégralement peuplée de psychopathes, à oublier.
(plus d'avis sur PP)
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Vidéo de Valerio Evangelisti
Il y a bientôt un an, Valerio Evangelisti nous a quitté, à l'âge de 69 ans. Valerio Evangelisti, c'est d'abord une oeuvre. Considerable, essentielle, aussi intelligente qu'engagee. Sensible et radicale. Une oeuvre qui restera, aucun doute. Écrivain protéiforme, Evangelisti est connu de ce côté-ci des Alpes pour son cycle de Nicolas Eymerich, mais son oeuvre est loin de se limiter aux aventures de l'inquisiteur. Afin de poursuivre l'hommage que Bifrost lui a rendu dans son numéro 109, nous vous convions à une discussion avec Mathias Échenay, des éditions La Volte, et Hugues Robert, libraire et collaborateur au Monde des livres. Animation : Erwann Perchoc Illustration : Corinne Billon https://www.belial.fr/revue/bifrost-109 https://lavolte.net/auteurs/valerio-evangelisti/
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