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EAN : 9781616558147
112 pages
Dark Horse (15/09/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
As the bird-brained wanderer Groo and his loyal mutt Rufferto crisscross the countryside, they encounter various acquaintances from years past--the hapless seaman Captain Ahax; the sinister witches Arba and Dakarba; the pompous Arcadio the Hero; and Groo's own sweet Granny Groo, who raised from a tot and would never try to profit from him! What will ensue from all these chance meetings? With Groo, the only possible result is chaos! The award-winning team of Sergio A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une histoire en 3 volumes. Il contient les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2015, coécrits par Sergio Aragonés et Mark Evanier, dessinés et encrés par Aragonés, mis en couleurs par Tom Lutth, avec un lettrage réalisé par Stan Sakai (le créateur et auteur de la série Usagi Yojimbo). Michael Atiyeh a pallié l'absence de Tom Luth pour les épisodes 2 & 3. le tome se termine avec 4 gags en 1 page mettant en scène Rufferto, le chien de Groo. Il n'est pas besoin de disposer d'une connaissance préalable de Groo pour apprécier cette histoire.

Épisode 1 - Adossé à la margelle du puits du village, le ménestrel chante une chanson en rime, sur la capacité surnaturelle de Groo à couler tous les navires sur lesquels il prend pied, ainsi que sur le calvaire vécu par le capitaine Ahax, chaque fois qu'il aperçoit Groo se dirigeant vers lui pour effectuer un voyage sur son bateau. Alors que Groo vient de commettre une gaffe dont il a le secret (réduire à néant l'armée engagée par le bourgmestre pour le détruire, et demander une récompense), il décide de quitter cette ville pour se rendre de l'autre côté de la mer. Dès qu'il le voit venir vers lui, le capitaine Ahax comprend que c'en est fini de son navire. Mais il se dit qu'il peut peut-être tirer profit de ce naufrage annoncé. Épisode 2 - le ménestrel chante une chanson (toujours en vers) pour les enfants et les femmes qui l'accompagnent de retour du puits. Il évoque l'enfance de Groo, et comment il a été éduqué par sa grand-mère Granny Groo, une gitane et une organisatrice de petites combines délictueuses. Chemin faisant, Groo se souvient de quelques-unes des gaffes qui lui avaient valu de bonnes fessées quand il était jeune. À peine arrive-t-il à proximité du camp de gitans qu'il se déclare un feu abimant une partie des roulottes.

Épisode 3 - Cette fois-ci, le Ménestrel chante au profit des clients d'une taverne. Sa chanson (toujours en rimes) porte sur les déboires des 2 sorcières Arba & Dakarba à chaque fois qu'elles ont essayé de réduire Groo à l'impuissance. Les vagabondages de Groo et Rufferto les amènent à proximité de l'antre des 2 sorcières. Mais ils continuent leur chemin jusqu'au village situé non loin de là. Les villageois se disent qu'ils peuvent peut-être essayer de l'employer pour les débarrasser d'Arba & Dakarba. Épisode 4 - le ménestrel chante une chanson sur le toit d'une maison avec les oiseaux come seul public. Il évoque les exploits sujets à caution du grand héros Arcadio. Suivis par la jeune fille qui a voyagé avec eux à bord du navire du capitaine Ahax, Groo & Rufferto arrivent devant Arcadio qui semble être en train de lutter contre 2 dragons. Groo fait ce qu'il sait le mieux faire : se battre et commettre une gaffe.

Quel plaisir de retrouver le barbare le plus idiot de toute la création dans une nouvelle série d'aventures. La précédente aventure de ce barbare avait été hors norme même pour lui : Groo vs. Conan (2014). Sa plus récente aventure traditionnelle (tout est relatif concernant ce personnage) datait de 2009 : Groo: The Hogs of Horder. Groo est un personnage qui a été créé en 1982, par Aragonés & Evanier, et qui survécu à de nombreux éditeurs : Pacific Comics (8 numéros), Eclipse Comics (1 numéro), Epic Comics (division de Marvel, 120 numéros), Image Comics (12 numéros), et maintenant Dark Horse Comics. le principe de la série est très simple : il s'agit d'une parodie de Conan, mettant en scène un barbare très habile à l'épée, mais à la comprenette très limitée, évoluant dans un monde de Fantasy, de type plutôt haut moyen-âge, dans un genre humoristique. Dès la couverture, le nouveau lecteur peut constater que les principales caractéristiques des dessins de Sergio Aragonés. Les personnages sont représentés de manière caricaturale, qu'il s'agisse de la maigreur des jambes de Groo, du gros nez de Granny Groo, du long nez du capitaine Ahax et de Dakarba, ou encore du menton démesuré d'Arcadio. Il constate également l'incroyable profusion de détails, que ce soit la façon dont Groo porte ses katanas, la petite sacoche avec une tête de mort à sa ceinture, la ceinture en corde et le bandana du capitaine Ahax, le bandeau, les boucles d'oreille, les bésicles et la dentelle de la robe de Granny Groo, l'amulette, le chapeau de sorcière, les poils au menton de Dakarba, le décolleté incroyable d'Arba, le casque tout aussi incroyable et la petite chauve-souris d'Arba, le pagne, le collier, la belle épée et la belle chevelure d'Arcadio.

Sergi Aragonés et Mark Evanier écrivent des aventures comiques, tout public, avec un regard humaniste sur leur personnage et des observations pleines de bon sens sur la nature humaine, et les comportements idiots. Une fois l'oeil acclimaté aux particularités des dessins de Sergio Aragonés, le lecteur découvre un monde d'une grande richesse, d'une grande gentillesse, et très drôle. Cet auteur est également un créateur apparaissant dans tous les numéros de MAD Magazine depuis plusieurs décennies, auquel il a été consacré un recueil : MAD's greatest artists: Sergio Aragones: Five decades of his finest works. de séquence en séquence, le lecteur se rend rapidement compte que Sergio Aragonés dispose d'une bonne compréhension de ce qu'il dessine. C'est apparent dès la première scène qui se déroule dans un village portuaire. L'artiste lui a donné un urbanisme adapté, à la fois pour les maisons adossées au flanc de la montagne, mais aussi pour l'aménagement des quais où viennent s'amarrer les navires. Il ne se contente pas de représenter un ponton en bois avec quelques bittes d'amarrage et des navires, il représente également les activités autour, telles que le chargement des cargaisons dans les soutes. Il ne s'agit pas de l'objet principal de la case, il s'agit d'activités banales se déroulant en fond de case, attestant du fait que cette ville est vivante, et que ces habitants exercent leur profession. Il est également possible de détailler les tenues vestimentaires des nombreux figurants et constater leur variété, ainsi que leur cohérence au sein d'une même communauté.

Sergio Aragonés est réputé pour sa capacité à dessiner plus vite que son ombre, une source de gag récurrent dans l'une des précédentes séries. Pour autant, il ne bâcle aucune case. Derrière une apparence un peu tout public et caricaturale, les dessins présentent une forte densité d'informations visuelles, comportant des éléments signifiants. Quand des villageois s'arment de ce qui leur tombe sous la main pour se défendre ou attaquer Groo, le lecteur observe des outils de la vie de tous les jours, piochés directement dans leur stock d'outils en rapport avec leur métier. Quand Aragonés représente une carriole, il représente un modèle réaliste, fidèle à sa conception dans la réalité, opérationnelle. Ces dessins véhiculent une impression de spontanéité, mais ils attestent également que l'artiste représente des environnements dont il a une bonne compréhension. Lorsque Groo déambule dans une ville, il ne s'agit pas de trois rues bordées de maisons indistinctes. le lecteur peut voir les différentes activités, comme le marché, l'acheminement de nourriture, la boulangerie, l'approvisionnement en eau au puits, etc. Quand les vagabondages de Groo l'amènent à passer d'une communauté à une autre, le lecteur peut observer les différences dans les modes vestimentaires. Par exemple, les gitans ne sont pas habillés de la même manière que les pirates, qu'il s'agisse de leurs vêtements, ou des accessoires.

La première page de chaque épisode est construite de la manière : le Ménestrel en train de chanter pour un public chaque fois différent, dans un décor différent, avec le texte de la chanson dans une cellule en forme de parchemin placée en haut de la page, et des dessins illustrant ce qu'il chante autour du parchemin. À chaque fois, Aragonés représente 5 à 8 situations différentes pour illustrer ce que chante le Ménestrel. C'est l'une des autres forces graphiques de cet artiste : il peut accoler ses gribouillis dans un espace réduit, et rester parfaitement lisible en conservant tout son sens comique. Loin d'être de simples gribouillis, ce sont plutôt des représentations d'une incroyable richesse, d'une grande finesse. Ce fourmillement d'éléments n'obère en rien la lisibilité, et s'apparente plus à une grande générosité de la part de l'artiste, ainsi qu'à la création d'un monde pleinement réalisé. Lorsqu'Arba et Darkarba mettent en oeuvre leur idée de combattre le feu par le feu, en créant des duplicatas de Groo, Aragonés réalise un dessin en pleine page comprenant une cinquantaine de Groo, en train de se battre entre eux, tous dans une posture différente, avec une répartition conservant une lisibilité maximale. le lecteur est laissé libre de son choix : jeter un rapide coup d'oeil à la page et passer à la suite sans ralentir son rythme de lecture, ou bien s'attarder sur la page pour détailler chaque Groo et sourire à ses mouvements.

Sergio Aragonés maîtrise également l'art du comique visuel, sous différentes formes. Il est possible de trouver les personnages difformes et trop éloignés de la réalité. Il est aussi possible de les prendre comme une vision du corps humain à la fois un peu enfantine dans ses approximations, mais aussi comme une acceptation du fait que la chair obéit à ses propres lois. Elle peut être entretenue et sculptée dans une certaine mesure ; elle peut aussi être laissée à son état naturel, et dans les 2 cas, l'état du corps est révélateur d'une partie de l'état d'esprit de l'individu, ainsi que de son patrimoine génétique. le talent comique de l'artiste apparaît bien sûr dans sa capacité à exagérer les expressions, pour traduire un sentiment ou un état d'esprit exacerbé, une réaction incontrôlée à une agression ou à une situation dépassant la mesure. Il sait aussi jouer sur le langage corporel, naturel ou exagéré pour accentuer les réactions et les émotions. Il est impossible de résister à l'entrain qui se lit sur le visage de Groo quand il s'élance sur le bateau de pirates, ou à aux gestes frénétiques et à la mine ahurie ou apeuré desdits pirates se jetant à l'eau dans le plus grand désordre pour échapper à la catastrophe imminente.

Aragonés se montre encore plus impressionnant quand il combine sans effort apparent un comique visuel, avec une forme d'horreur visuelle qu'il est possible de prendre au premier degré. Quand Groo et Rufferto approchent de l'antre des sorcières, ils se retrouvent devant des apparitions de dragons et d'Arba & Dakarba géantes. Les dragons ont une petite tendance à arborer un air ahuri, mais pour autant leur masse imposante permet d'attester de leur dangerosité. Dans le même épisode, les 2 sorcières conjurent un double géant de Groo qui va se promener dans le village voisin en occasionnant des destructions massives du simple fait de sa taille. À nouveau, il se produit un indéniable effet comique de voir cet idiot maladroit tout casser autour de lui sans faire exprès, mais il y a aussi une dimension dramatique à voir les conséquences pour les villageois, et même un effet écoeurant à voir cette réplique de Groo en taille géante, dans le même registre que les sculptures de Ron Mueck. le dessinateur peut également se montrer très subtil, comme dans la façon dont Groo porte ses épées, avec le bon accessoire, mais mal utilisé.

Le nouveau lecteur, comme l'ancien lecteur, découvre une structure d'histoire très simple. Dans chaque épisode, Groo croise un personnage récurrent des séries précédentes. Il y a un discret fil narratif en arrière-plan : une jeune demoiselle qui cherche son père. Les situations sont rocambolesques, sans velléité d'être réalistes, mais les auteurs veillent à maintenir un niveau de cohérence. Groo est indestructible, mais ses actions ont des conséquences pour les autres. le premier épisode repose sur la mise en oeuvre d'une arnaque à l'assurance, le deuxième sur les difficultés de cohabitation entre un village et des gens du voyage, le troisième sur les conséquences d'une obsession (vouloir se débarrasser d'un gêneur à tout prix), et le quatrième sur un imposteur rattrapé par ses vantardises. Les auteurs racontent leur histoire d'une manière simple et linéaire, accessible à tous les lecteurs. Ils ne donnent pas une leçon de morale, mais ils décortiquent des défauts de caractère ou des comportements de foule, avec une gentillesse qui n'exclut pas la moquerie pertinente. Mark Evanier réalise des dialogues bien calibrés. Il ne reprend pas les blagues des séries précédentes : pas d'allusion au mulch, pas de message caché. Il intègre des blagues régulièrement, dans le comportement des personnages, dans la bêtise de Groo, dans les dialogues, dans les jugements de valeurs de Rufferto, à la fois dans sa confiance inébranlable dans Groo, mais aussi dans son regard critique et décillé vis-à-vis de son compagnon de route.

Le tome se termine avec la reprographie des couvertures, et avec 4 gags d'une page mettant en scène Rufferto. C'est à nouveau l'occasion d'apprécier les talents de conteur visuel de Sergio Aragonés car ces pages sont dépourvues de tout texte. En quelques cases, le lecteur se retrouve transporté dans un village, ou dans une forêt. Il regarde Rufferto évoluer, en projetant sur lui des intentions en fonction de son comportement, et en se laissant prendre par la chute et son effet comique. Il a l'impression d'avoir bénéficié d'une histoire, d'avoir observé son animal de compagnie préféré et d'avoir eu droit à un commentaire amusé sur une attitude humaine. Un régal de concision et d'humanité.

Toujours aussi chaleureux et amicaux, Sergio Aragonés et Mark Evanier (bien assisté par Tom Luth et Stan Sakai) proposent au lecteur des portions de bonne humeur bien servie, avec une parodie de barbare, en mettant à profit le riche terreau de la série, sans en devenir incompréhensibles pour les nouveaux venus, sans se reposer sur leurs lauriers en se répétant ad nauseam.
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