Une lecture assez compliquée. Je pense que c'est une excellente manière de résumer mon avis. Une lecture assez compliquée, donc, parce que le steampunk est un genre que j'apprécie beaucoup, parce que globalement je m'attache moins à la trame (ici classique) qu'au personnage principal et que celui-ci était génial, que j'aime les histoires d'héroine et que ce roman réunit tout cela avec brio. A croire qu'en ce moment les romans ne m'emballent plus !
Je vais donc commencer par l'énorme point fort du roman : Constance Agdal. Originaire du Tourmayer, une cité où la magie est vilipendée, très profondément ancrée dans l'apprentissage de la Voie, la jeune femme est désormais titularisée en sciences magiques dans un monde pourtant très masculin (preuve en est des trois incapables dont on a affublé son laboratoire pour la punir de s'être hissée à ce statut). C'est un personnage fort, bien campée dans ses bottines et qui a dû bosser dur pour en arriver jusque là. Autant dire que la disparition de Simon Dowell, son estimé collègue, est le dernier de ses problèmes. Entraînée malgré elle dans cette histoire de faille, d'incube, de professeur envolé et de secrets industriels, Constance doit également tout faire pour protéger son don de chamane qui la rendrait extrêmement précieux aux yeux du Magistère mais plus du tout libre de ses mouvements.
Autre second point fort : la magie. Dans ce roman on la nomme « Pouvoir ». Ce pouvoir revient par cycle et il est, à l'époque du roman, revenu après plusieurs décenies d'absence. Entre temps la religion a fait son oeuvre et a largement sévi, détruisant tout ce qui pouvait s'y rapporter, biens ET personnes. Depuis son grande retour, industriels, sociétés, citoyens, écoles, s'intriguent, émettent des hypothèses et y puisent des dons remarquables. Et pourtant, tout cela reste un joyeux bordel. Des talismans surpuissants sont éparpillés aux quatre coins du pays, des sorts capables de libérer des démons sont devenus des comptines pour enfants, et plus personne ne connaît véritablement le moyen de les tisser. Bref, un petit capharnaüm qui donne lieu à des situations cocasses et souvent périlleuses.
Ces deux points sont vraiment de gros points positifs et franchement, l'univers développé par l'autrice est topissime, ça me donne même envie de lire
Sorcières Associées. Passons maintenant aux quelques petits points, plus ou moins gros, qui sont à mes yeux assez rébarbatifs.
Petit 1) L'aspect scientifique de la chose. Tout d'abord je ne nie absolument pas son importance et sa légitimité dans le récit. Constance est une scientifique, il était logique qu'on en vienne à un moment donné à parler de transconducteur (I guess). Mais ça m'a vraiment perdue. Je ne vous le cache pas c'est une des raisons pour laquelle je ne lis pas de hard sf et très peu de SF de manière générale. La multiplication des terminologies, des noms complexes, des systèmes, m'a complètement larguée. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis énormément focalisée là dessus, parce que ces termes ne composent clairement pas l'ensemble du récit, et ce point-ci ne tient sans doute qu'à moi… mais je suis curieuse de savoir si celles et ceux qui l'ont lu ont été perturbé.e.s par ce jargon.
Petit 2) La façon dont Constance tombe amoureuse. J'aurais voulu qu'il n'en soit rien, surtout qu'on nous l'apprend en une demie-page pour ensuite globalement l'oublier. Cela n'a aucune influence sur le récit, en dehors de quelques piques de culpabilité envers Arthéméis, sa meilleure amie dont l'homme est amant.
Petit 3) Je n'ai pas compris l'arrivée d'un des personnages dont j'ai d'ailleurs complètement oublié le nom (il est très maladroit et casse l'expérience de Constance au début du roman, si d'autres ont le nom en tête). J'ai trouvé qu'on l'avait beaucoup mis en avant pour pas grand chose tout comme Albert, l'incube, auquel on ne s'attache pas. Toutefois, je n'ai pas considéré ici mon manque d'attachements envers les personnages secondaires comme des défauts mais comme découlant naturellement du caractère logique et pragmatique de l'héroïne.
Petit 4) La prévisibilité. Je suis plutôt bon public. Je me fais avoir dans tous les
Agatha Christie, les romans policier jeunesse, voire même des intrigues identiques dans deux univers différents me passionnent. Mais là, je ne sais pas, peut être que mon cerveau était en grande forme (si si ça lui arrive parfois) mais j'ai tout compris très vite, devançant tous les twist et ressorts de l'intrigue ! Résultat, alors qu'il ne faisait que 180 pages, j'avais l'impression d'évoluer à la vitesse d'un escargot dans l'attente de ce qui me fera enfin trépigner.
Alors voilà, deux gros points positifs contrebalancés par plusieurs petits ou moyens points négatifs qui viennent entacher tout cela. La nouvelle à la fin m'a laissée un peu de marbre, puisque j'ai eu beaucoup de mal avec Cassandra qui m'a tapée sur les nerfs.
Dans l'ensemble je pense que mon humeur du jour a énormément influencé ma lecture et cela me désole un peu. J'étais pressée par le temps, je laissais mon copain une demie heure après, j'étais globalement pas très enthousiaste à l'idée de lire et ça a sans doute beaucoup joué dans mon appréhension de l'oeuvre… surtout lorsque je lis l'enthousiasme d'autres blogueurs ! Mais voilà, parfois on fait une critique négative, il faut bien qu'il y en ait, même parmi mes partenaires 😉
En résumé
La Machine de Léandre est un roman court avec une héroïne scientifique remarquable et à l'univers original. Malheureusement, une intrigue pas assez poussée et la complexité du jargon scientifique auront eu tôt fait de me lasser. S'ajoute à cela mon manque d'entrain globale qui a sans doute cassé le peu de patience qu'il me restait. Une lecture en demie teinte donc, mais qui pourrait parfaitement correspondre aux néophytes ou aux lectrices avides de figures féminines fortes.
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