Après plusieurs années à traîner dans ma bibliothèque, j'ai décidé de me lancer dans ce livre, qui est globalement très apprécié. C'est pourtant avec une certaine appréhension que je débute cette lecture.
L'histoire se déroule dans le Montana, un état du nord des Etats-Unis, à la frontière avec le Canada. Entre les larges vallées et les Rocheuses, c'est le territoire américain dont la densité de population est la plus faible. Cela est particulièrement bien rendu dans le roman : les descriptions permettent au lecteur de prendre conscience de ce magnifique cadre naturel, où les hommes sont principalement des ruraux qui vivent en adéquation avec leur environnement. En totale adéquation ? Pas vraiment puisque le roman soulève le problème de la chasse au loup, cet animal qui, après avoir été vénéré par les Amérindiens, fut assimilé au Diable par les populations blanches.
L'histoire débute par la mort d'un chien domestique, semble-t-il égorgé par un loup. A partir de cet évènement, deux clans vont s'affronter : les éleveurs qui souhaitent abattre cet animal qui endommage leurs troupeaux, et les agents des Eaux et Forêts, des zoologistes charger de protéger cette espèce et de l'étudier.
Les 150 premières pages sont très intéressantes puisqu'elles posent l'histoire, l'environnement et les personnages. Ces derniers sont nombreux :
- Buck Calder et sa famille : des opposants à la présence des loups. Eleveurs depuis trois générations, très respectés dans la région, les Calder utilisent les médias pour mener leur lutte contre le prédateur.
Buck lui-même est un personnage odieux, qui trompe sa femme sans états d'âmes.
- Luck Calder, son jeune fils de dix-huit ans, est méprisé par ce père charismatique. Bègue et rêveur, il est aussi un amoureux fervent de la nature dans laquelle il vit et un fin observateur des loups, qu'il veut protéger à tout prix.
- Helen Ross est une zoologiste spécialisée dans l'étude des loups et de leur mode de vie. Appelée en renfort par l'équipe des eaux et forêts dirigée par Dan Prior, elle va devoir faire face à une population traditionnelle bien campée sur ses positions et peu encline au changement et aux idéologies différentes.
de nombreux autres personnages alimentent l'histoire de leur présence plus ou moins conséquente.
Le début du livre est donc fort intéressant et instructif. Puis par la suite, les longues descriptions m'ont lassées et l'intérêt de la découverte s'est heurté à un récit plat et sans grande envergure. le problème ne vient pas de l'histoire elle-même, qui comporte des personnages éclectiques, chacun avec ses travers, mais plutôt de la façon dont la narration est menée. Il n'y a que peu d'action, ce qui fait que si l'on n'est pas vraiment embarqué dans le récit, l'ennui se fait sentir.
L'abandon de lecture est rare chez moi, mais là, je n'en étais pas loin. J'ai tout de même survolé certains passages dans le dernier tiers du livre.
En conclusion je suis déçue de cette lecture car après un début alléchant, les descriptions alourdissent l'histoire. Je ne retenterais pas l'expérience avec cet auteur.
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Des vacances à la montagne
J'ai beaucoup apprécié ce voyage dans le Montana, on 'y plonge avec délectation.
Les personnages principaux sont attachants.
Le destin des loups , leurs habitudes ,et la nature .... une vraie leçon de vie et un vrai bonheur de lecture
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"Bientôt les spasmes d'agonie du vieil orignal cessèrent et ses yeux noirs désormais aveugles ne brillèrent plus que de l'éclat e la lune qui s'y reflétait. C'est seulement alors que le male alpha se décida à lâcher prise. Se dressant sur son séant, il leva vers le ciel son museau ensanglanté et se mit à hurler. Le reste de la famille se joignit à lui. L'un après l'autre ils levèrent la tête et hurlèrent a la lune avec lui, tous autant qu'ils étaient, ceux qui avaient tué comme ceux qui étaient restés spectateurs. La ou jadis avait palpité la vie, la mort avait assis son empire. Et de la mort, la vie tirait à présent son aliment. Rassemblés par un pacte de sang, les vivants et le mort formaient un cercle aussi vieux que le monde, aussi immuable que l'orbe que la lune décrivait au dessus d'eux."
Ayant fait commerce de la mort tout au long de ses jours, il (= Lovelace, le chasseur de loup) ne la craignait point. Et quand elle vint enfin, ce ne fut pas dans un paroxysme de souffrance, avec choeur débitant d'une voix vengeresse la longue litanie de ses péchés. Dans sa rêverie, il ne vit que le visage d'un tout petit enfant qui le regardait avec de grands yeux, à la lueur dansante d'une chandelle. Etait-ce le bébé de la maison rouge? Non, il ne lui ressemblait pas vraiment. Etait-ce l'enfant qu'ils n'avaient jamais eu, Winnie et lui? Tout à coup, le vieux chasseur comprit que c'était son propre visage qu'il voyait, le visage de l'enfant qu'il avait été. et à cet instant précis, l'ombre de la mère qu'il n'avait pas connue se pencha vers la chandelle e, d'un souffle léger, en éteignit la flamme.
Helen avait rappelé à Dan qu'un jour, en essayant d'injecter une dose de tranquillisant à un loup qu'ils venaient de capturer, il avait fait un faux mouvement, s'était planté la seringue dans la cuisse et était tombé instantanément dans les bras de Morphée. Ça les fit rire si fort que les deux moutards des Allemands de la table voisine se retournèrent plusieurs fois pour les regarder en arrondissant leurs grands yeux bleus.
- Dan me disait, l'homme est un prédateur, il ne faut pas qu'on perde le contact avec ça. Il disait que le problème numéro un de l'espèce humaine était de s'être coupée de sa vraie nature.
- Ces bêtes-là doivent voir quelque chose de particulier pour que les gens les haïssent à ce point. A votre avis qu'est-ce que ça peut bien être ?
- Je n'en sais rien. Peut-être qu'elles nous ressemblent trop. On les regarde, et c'est un peu comme si on se voyait nous-mêmes. Des êtres capables de beaucoup d'amour, de beaucoup de sollicitude, qui vivent en société, mais qui sont aussi de redoutables prédateurs.
Eléanor médita un instant.
- Peut-être qu'il y a aussi une part de jalousie.
- De la jalousie ? Pourquoi ?
- Parce qu'ils appartiennent encore à la nature, alors que nous avons perdu le contact avec elle.
Extrait du livre audio "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" de Nicholas Evans lu par Christophe Brault. Parution numérique le 23 février 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/lhomme-qui-murmurait-loreille-des-chevaux-9791035407759/