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Françoise Adelstain (Traducteur)
EAN : 9782266313155
576 pages
Pocket (19/08/2021)
4.12/5   302 notes
Résumé :
Amma, Dominique, Yazz, Shirley, Carole, Bummi, LaTisha, Megan devenue Morgan, Hattie, Penelope, Winsome, Grace.

Il y a dans ce livre plus de femmes noires que Bernardine Evaristo n’en a vu à la télévision durant toute son enfance. La plus jeune a dix-neuf ans, la plus âgée, quatre-vingt-treize.

Douze femmes puissantes, apôtres du féminisme et de la liberté, chacune à sa manière, d’un bout du siècle à l’autre, cherche un avenir, une mais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman - mais est-ce seulement un roman ? - est magistral. On peut être un peu décontenancé au départ par l'absence de ponctuation. Un peu perdu aussi à chercher des péripéties ou un seul fil conducteur. Et puis on se laisse emporter.

Amma, anglaise, théâtreuse, la cinquantaine, lesbienne, noire, provocatrice et superbe, a monté sa dernière pièce dont la première se déroule dans un cadre prestigieux à Londres. Autour de cet événement se rassemblent des personnages hétéroclites qui ont un lien plus ou moins direct avec Amma, avec le milieu culturel du théâtre, avec les communautés lesbiennes, noires, féministes.

Il y a la fille d'Amma, Yazz, qu'elle a eue avec un grand ami intello homosexuel, ses grandes copines de jeunesse Dominique, Shirley, ses maitresses actuelles. Il y a Carole, Pénélope, Grace, Hattie, Lennox, Kenny, Bummi, La Tisha, Megan qui était Morgan, Bibi, Slim, des dizaines d'autres sans doute… et autant de portraits, d'histoires qui disent à la fois la destinée commune de n'être jamais accepté et la singularité de parcours qui ne sont jamais donnés pour être emblématiques. Car, pour la plupart, ces personnages sont noirs, ou métis. Arrivés récemment au Royaume Uni ou pas. A l'intersection de cette caractéristique, ils sont majoritairement femmes. Et subissent les violences symboliques ou physiques qu'entraine ce sexe. Ils sont quelques-uns à venir de quartiers populaires, à lutter pour récupérer le capital culturel qui leur faisait défaut en naissant là. Nés aux Antilles ou à la Barbade, en Ecosse de parents noirs, expatriés en Amérique ou en venant tout juste… Mais ils sont aussi propriétaire terrier, entrepreneur, érudit, directeur de banque… Bref, ça foisonne et rien ne semble pouvoir contenir le flot puissant de ces volontés, de ces identités qui ne se réduisent jamais aux assignations que l'on plaque sur elles.

Sans la focale d'un personnage principal sagement identifié, sans le recours à des péripéties bien calibrées, sans unité spatio-temporelle, il fallait une sacrée armature à ce roman pour que, de force majestueuse, il ne se transforme pas en chaos illisible. Et l'armature, elle est là. le travail de fond est colossal. L'enchaînement des chapitres ne souffre quasi aucune longueur. Les personnages sont discrètement reliés les uns aux autres. Pas à tous, c'aurait été détruire l'illusion d'une exhaustive représentation de ces voix multiples, mais selon deux ou trois nébuleuses qui cadrent l'attention du lecteur.

Et puis surtout, il y a une énergie, une dérision, un humour qui traversent le livre et l'unifient mieux que tout. Fille, femme, autre, c'est un rire, rauque et profond, c'est le triomphe des paroles qu'aucun barrage n'arrête, qui proclament sa propre puissance à être, magistralement.
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Ce livre ne m'aura pas ému, emporté, conquis. J'ai bien compris, ce roman choral (trop !?), les douze filles, les douze femmes, différemment liées, qui deviennent "autres" par les évènements de la vie, des Amazones, qu'elles doivent défendre parce qu'elles sont femmes, et à tour de rôle, Noires des îles ou d'ailleurs, lesbiennes ou pas, dominatrices parfois, artistes ou institutrices, mères, filles, mariées ou divorcées, etc. On a l'impression d'être dans une réunion de femmes témoignant de leurs vies, de leurs amours, de leurs racines, et en cela c'est très bien fait. Mais qu'il faut s'accrocher (que je me suis limite forcé !) pour ce final. Livre qui a reçu quand même le Man Booker Prize 2019.
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Si je devais trouver une image à laquelle comparer ce livre, je choisirais celle d'une symphonie orchestrée avec une impeccable maîtrise. Une partition à douze instruments qui sont autant de femmes, noires, dont les destins se croisent, s'entremêlent sur plusieurs décennies dans un Royaume-Uni oscillant entre intégration et rejet. Chacune joue sa petite musique, certaines se répondent, d'autres s'enchaînent, les mélodies s'agrègent, se complètent, s'enroulent pour former un seul et même chant, celui de la quête de liberté et de l'affirmation de soi. C'est impressionnant. Les jurés du Man Booker Prize ne s'y sont pas trompés qui l'ont couronné en 2019.

Elles sont nées filles et noires, dans des nuances plus ou moins foncées. D'origines africaines, caribéennes, arrivées sur le territoire britannique pour diverses raisons et par différents moyens. Sous lesquels affleure le passé colonialiste et esclavagiste. Chacune a son histoire, souvent douloureuse. Complexe. Des parcours pleins d'obstacles. Il est ici question d'émancipation, de découverte de soi, de détermination à vivre selon ses aspirations. Sexuelles, de genre, ou professionnelles. Seules ou accompagnées. Plusieurs générations se croisent, les chaînes viennent de loin, les initiatives pour les scier également. Courageuses, plus discrètes ou carrément militantes. La plupart des personnages sont contemporains mais grâce à des incursions dans le passé, l'auteure donne de l'ampleur au tableau qui se dessine. Une histoire du monde en quelque sorte.

Il n'y a presque pas de points. Un seul par chapitre avant de passer au suivant. Mais ce n'est pas un caprice, cela donne un rythme au récit, comme dans une farandole qui entraîne petit à petit tous ceux qui sont à portée de main. Et cela ne gêne en rien la lecture, bien au contraire, comme si le lecteur était lui aussi attiré dans la ronde. Tous ensemble. Les uns à côté des autres. Contre, tout contre. Si différents et pourtant si semblables. Amma, Dominique, Yazz, Bummi, Pénélope... et nous. C'est à la fois moderne, très libre et ancré à la source de l'humanité. le ton m'a souvent fait penser à Chimamanda Ngozie Adichie par sa liberté, sa façon assez directe de constater sans couper les cheveux en quatre.

Surtout, la construction est remarquable. D'une précision horlogère. Chaque élément venant se glisser comme par magie aux côtés des autres, façon puzzle en trois dimensions, sans jamais déranger la fluidité d'un récit dans lequel je me suis immergée avec bonheur. L'étayant au fur et à mesure. Créant des liens entre les personnages, bien au-delà des évidences ou des a priori. Jusqu'au final, magistral.

Et dire que c'est un livre qui me faisait peur et que j'hésitais à lire. Heureusement, une précieuse amie a eu l'heureuse idée de me l'offrir pour mon anniversaire. le plaisir n'en est que plus fort.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce que j'ai ressenti:

« on a tous une âme soeur dans ce monde »

si douze femmes nous racontent leurs vies, leurs émois, leurs combats, leurs intimités, leurs façons de voir la vie, leurs victoires et leurs espoirs

peux-t-on dire qu'on les aime comme des soeurs

est-ce que le mot Sororité va enfin résonner en nous

nous les femmes d'abord, mais nous, surtout humains, dans sa globalité avec ce que ça comporte de tolérance envers l'Autre, les autres

la différence en général

cela fait un moment que ce mot Sororité m'interpelle, m'attire, et que j'y projette de grandes espérances

alors avoir en main cette lecture c'est explorer la pluralité de ce courant féministe, l'afro-féminisme et d'en comprendre les enjeux ainsi que les douleurs de certaines souvent invisibilisées

ce roman est une révélation

un rythme et un poème

une alerte

quelque chose entre un battement de coeur audible et une émotion pure de la souffrance féminine tue

douze versions d'être une Fille Femme Autre c'est mettre en lumière une polyphonie vibrante de mots et d'idées sur un défi prioritaire contemporain

c'est également nous présenter de belles histoires de femmes qui entrecroisent leurs destins, et sont en quête de liberté et d'affirmation de soi

c'est également faire entendre les voix de ces femmes noires qui nous interpellent sur des questions existentielles, humaines et émotionnelles avant même, d'être des courants de pensées engagés

ce livre c'est une vague d'amour

une vague de douceur mais de colères dénonciatrices aussi

une vague d'entraide et d'intentions bienveillantes

une vague magnétique avec des questionnements sur le genre, le rôle et la condition féminine

une vague de poésie très contemporaine et originale qui touche direct les âmes

une lame de fond en Fille Femme Autre

-alors-

si douze femmes entrent dans le cercle de mes soeurs à la fin de cette lecture

est-qu'on peut dire que j'ai trouvé mon Autre?

« si nous ne les aidons pas, qui le fera »


Lien : https://fairystelphique.word..
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Un livre de vies, empli de douze femmes. Un genre de biographies fictives qui vont s'entrecroiser et parfois même devoir s'expliquer. Parfois même devoir se justifier entre elles. Des femmes qui se questionnent, questionnent leurs racines, questionnent la société. du féminisme qui se cherche, qui s'impose, qui devient à la mode. Un roman qui questionne le genre et le non genre, le genré, la sexualité, le militantisme, l'obscurantisme, le pouvoir, les liens de sang, le métissage, le racisme, la réussite, l'égalité, les inégalités, la reconnaissance. C'est énorme en fait! C'est sans fin!

A l'ouverture, il me faut reconnaitre que j'ai cru à un défaut d'édition : pas de point, des mises à la lignes incompréhensibles, des découpages de phrases improbables. Puis un ptit tour sur internet, m'assure que l'impression est bonne, pas d'erreur, Bernardine Evaristo met là aussi le non conformisme sur le devant de la scène, que ça nous saute bien aux yeux. Après un temps d'adaptation pour mon rythme de lecture, la mise en forme ne pouvait pas mieux servir le fond de son roman. L'absence de points donne une continuité aux récits qui colle à merveille.
de nombreuses voix, qui sont rendues par clin d'oeil quand on croit se perdre entre elles, en oublier certaines. Des femmes tellement contemporaines et tellement ancestrales.
Touchée par bien des voix, notamment celle d'AGM, l'arrière grand mère. ‘93ans et c'est pas fini' ça fait presque un siècle de générations et c'est joliment écrit.

Tout est finement mis en scène. Ma lecture se termine, je ne sais plus bien qui j'ai rencontré ni comment, mais je sais que toutes ces femmes qui se sont dévoilées ont encore beaucoup de choses à dire et à vivre. Comme si elles restaient bien incarnées dans mon esprit.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
29 décembre 2020
C’est un vibrant chœur de femmes que met en place Bernardine Evaristo (Eltham, 1959) dans ce qui est son huitième livre. Ses personnages apparaissent chacun à leur tour, les fils se nouant sous les yeux du lecteur : lien de parenté, professeur et élève…
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
03 novembre 2020
Couronné du Man Booker Prize, ce huitième roman de l'autrice britannique Bernardine Evaristo est un monumental appel à la tolérance et au respect des différences.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
" et n’allez pas croire que l’enfant qu’elle a élevée est du genre à s’affirmer féministe plus tard"

Le féminisme c’est tellement grégaire, lui a dit Yazz, franchement, même être une femme c’est dépassé aujourd’hui, à la fac nous avions une activiste non-binaire, Morgan Malenga, qui m’a ouvert les yeux, je pense que nous serons tous non-binaires à l’avenir, ni males ni femelles, qui sont d’ailleurs des prestations sexo-spécifistes, ce qui signifie que ta politique « féminine », m’man, deviendra obsolète, et tant que j’y suis, que je te dise, je suis humanitaire, ce qui se situe à un niveau beaucoup plus élevé que le féminisme

As-tu une idée de ce que ça signifie ? »
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je dis toujours à Mum qu’elle a épousé un patriarche

regarde les choses autrement, Amma, me répond-elle, ton père est né homme au Ghana dans les années 1920 et toi femme à Londres dans les années 1960

et alors ?

tu ne peux pas attendre de lui qu’il « te pige » comme tu dis

je lui répète qu’elle fait l’apologie du patriarcat et se rend complice d’un système qui oppresse les femmes

elle répond que les êtres humains sont complexes

je lui dis de ne pas le prendre de haut »
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quand elle quitteront l'université avec une énorme dette sur le dos et la perspective de la course délirante aux boulots, et le prix scandaleux des loyers qui signifie que leur génération devra retourner habiter chez ses parents pour l'éternité, ce qui les poussera à désespérer encore plus de l'avenir sans compter la merde de cette planète avec le Royaume-Uni qui va se séparer de l'Europe qui elle-même dévale la voie de la réaction et redonne du lustre au fascisme et tout ça est si cinglé que l'ignoble milliardaire éternellement bronzé a tellement abaissé le niveau intellectuel et moral en devenant président des Américains et fondamentalement tout ça veut dire que l'ancienne génération a TOUT DETRUIT et que la nôtre est condamnée
à moins qu'on arrache aux aînés leur autorité intellectuelle
le plus tôt sera le mieux
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Mum travaillait huit heures par jour comme salariée, a élevé quatre enfants, tenu son foyer, veillant à ce que le diner du patriarche soit sur la table tous les soirs et ses chemises repassées tous les matins
pendant ce temps il était dehors en train de sauver le monde
sa seule tâche ménagère consistant à acheter la viande du déjeuner du dimanche chez le boucher - variation banlieusarde du chasseur-cueilleur
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Le féminisme c'est tellement grégaire, lui a dit Yass,franchement, même être une femme c'est dépassé aujourd'hui, à la fac,nous avions un.e activiste non binaire,Morgan Malenga,qui m'a ouvert les yeux, je pense que nous serons tous non-binaires à l'avenir,ni mâle ni femelle, qui sont d'ailleurs des prestations sexo-specificistes,ce qui signifie que ta politique féminine, maman,deviendra obsolète, et tant que j'y suis, que je te dise,je suis humanitaire, ce qui se situe à un niveau beaucoup plus élevé que le féminisme
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Videos de Bernardine Evaristo (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernardine Evaristo
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures. Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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