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4,11

sur 305 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman - mais est-ce seulement un roman ? - est magistral. On peut être un peu décontenancé au départ par l'absence de ponctuation. Un peu perdu aussi à chercher des péripéties ou un seul fil conducteur. Et puis on se laisse emporter.

Amma, anglaise, théâtreuse, la cinquantaine, lesbienne, noire, provocatrice et superbe, a monté sa dernière pièce dont la première se déroule dans un cadre prestigieux à Londres. Autour de cet événement se rassemblent des personnages hétéroclites qui ont un lien plus ou moins direct avec Amma, avec le milieu culturel du théâtre, avec les communautés lesbiennes, noires, féministes.

Il y a la fille d'Amma, Yazz, qu'elle a eue avec un grand ami intello homosexuel, ses grandes copines de jeunesse Dominique, Shirley, ses maitresses actuelles. Il y a Carole, Pénélope, Grace, Hattie, Lennox, Kenny, Bummi, La Tisha, Megan qui était Morgan, Bibi, Slim, des dizaines d'autres sans doute… et autant de portraits, d'histoires qui disent à la fois la destinée commune de n'être jamais accepté et la singularité de parcours qui ne sont jamais donnés pour être emblématiques. Car, pour la plupart, ces personnages sont noirs, ou métis. Arrivés récemment au Royaume Uni ou pas. A l'intersection de cette caractéristique, ils sont majoritairement femmes. Et subissent les violences symboliques ou physiques qu'entraine ce sexe. Ils sont quelques-uns à venir de quartiers populaires, à lutter pour récupérer le capital culturel qui leur faisait défaut en naissant là. Nés aux Antilles ou à la Barbade, en Ecosse de parents noirs, expatriés en Amérique ou en venant tout juste… Mais ils sont aussi propriétaire terrier, entrepreneur, érudit, directeur de banque… Bref, ça foisonne et rien ne semble pouvoir contenir le flot puissant de ces volontés, de ces identités qui ne se réduisent jamais aux assignations que l'on plaque sur elles.

Sans la focale d'un personnage principal sagement identifié, sans le recours à des péripéties bien calibrées, sans unité spatio-temporelle, il fallait une sacrée armature à ce roman pour que, de force majestueuse, il ne se transforme pas en chaos illisible. Et l'armature, elle est là. le travail de fond est colossal. L'enchaînement des chapitres ne souffre quasi aucune longueur. Les personnages sont discrètement reliés les uns aux autres. Pas à tous, c'aurait été détruire l'illusion d'une exhaustive représentation de ces voix multiples, mais selon deux ou trois nébuleuses qui cadrent l'attention du lecteur.

Et puis surtout, il y a une énergie, une dérision, un humour qui traversent le livre et l'unifient mieux que tout. Fille, femme, autre, c'est un rire, rauque et profond, c'est le triomphe des paroles qu'aucun barrage n'arrête, qui proclament sa propre puissance à être, magistralement.
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Ce que j'ai ressenti:

« on a tous une âme soeur dans ce monde »

si douze femmes nous racontent leurs vies, leurs émois, leurs combats, leurs intimités, leurs façons de voir la vie, leurs victoires et leurs espoirs

peux-t-on dire qu'on les aime comme des soeurs

est-ce que le mot Sororité va enfin résonner en nous

nous les femmes d'abord, mais nous, surtout humains, dans sa globalité avec ce que ça comporte de tolérance envers l'Autre, les autres

la différence en général

cela fait un moment que ce mot Sororité m'interpelle, m'attire, et que j'y projette de grandes espérances

alors avoir en main cette lecture c'est explorer la pluralité de ce courant féministe, l'afro-féminisme et d'en comprendre les enjeux ainsi que les douleurs de certaines souvent invisibilisées

ce roman est une révélation

un rythme et un poème

une alerte

quelque chose entre un battement de coeur audible et une émotion pure de la souffrance féminine tue

douze versions d'être une Fille Femme Autre c'est mettre en lumière une polyphonie vibrante de mots et d'idées sur un défi prioritaire contemporain

c'est également nous présenter de belles histoires de femmes qui entrecroisent leurs destins, et sont en quête de liberté et d'affirmation de soi

c'est également faire entendre les voix de ces femmes noires qui nous interpellent sur des questions existentielles, humaines et émotionnelles avant même, d'être des courants de pensées engagés

ce livre c'est une vague d'amour

une vague de douceur mais de colères dénonciatrices aussi

une vague d'entraide et d'intentions bienveillantes

une vague magnétique avec des questionnements sur le genre, le rôle et la condition féminine

une vague de poésie très contemporaine et originale qui touche direct les âmes

une lame de fond en Fille Femme Autre

-alors-

si douze femmes entrent dans le cercle de mes soeurs à la fin de cette lecture

est-qu'on peut dire que j'ai trouvé mon Autre?

« si nous ne les aidons pas, qui le fera »


Lien : https://fairystelphique.word..
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Si je devais trouver une image à laquelle comparer ce livre, je choisirais celle d'une symphonie orchestrée avec une impeccable maîtrise. Une partition à douze instruments qui sont autant de femmes, noires, dont les destins se croisent, s'entremêlent sur plusieurs décennies dans un Royaume-Uni oscillant entre intégration et rejet. Chacune joue sa petite musique, certaines se répondent, d'autres s'enchaînent, les mélodies s'agrègent, se complètent, s'enroulent pour former un seul et même chant, celui de la quête de liberté et de l'affirmation de soi. C'est impressionnant. Les jurés du Man Booker Prize ne s'y sont pas trompés qui l'ont couronné en 2019.

Elles sont nées filles et noires, dans des nuances plus ou moins foncées. D'origines africaines, caribéennes, arrivées sur le territoire britannique pour diverses raisons et par différents moyens. Sous lesquels affleure le passé colonialiste et esclavagiste. Chacune a son histoire, souvent douloureuse. Complexe. Des parcours pleins d'obstacles. Il est ici question d'émancipation, de découverte de soi, de détermination à vivre selon ses aspirations. Sexuelles, de genre, ou professionnelles. Seules ou accompagnées. Plusieurs générations se croisent, les chaînes viennent de loin, les initiatives pour les scier également. Courageuses, plus discrètes ou carrément militantes. La plupart des personnages sont contemporains mais grâce à des incursions dans le passé, l'auteure donne de l'ampleur au tableau qui se dessine. Une histoire du monde en quelque sorte.

Il n'y a presque pas de points. Un seul par chapitre avant de passer au suivant. Mais ce n'est pas un caprice, cela donne un rythme au récit, comme dans une farandole qui entraîne petit à petit tous ceux qui sont à portée de main. Et cela ne gêne en rien la lecture, bien au contraire, comme si le lecteur était lui aussi attiré dans la ronde. Tous ensemble. Les uns à côté des autres. Contre, tout contre. Si différents et pourtant si semblables. Amma, Dominique, Yazz, Bummi, Pénélope... et nous. C'est à la fois moderne, très libre et ancré à la source de l'humanité. le ton m'a souvent fait penser à Chimamanda Ngozie Adichie par sa liberté, sa façon assez directe de constater sans couper les cheveux en quatre.

Surtout, la construction est remarquable. D'une précision horlogère. Chaque élément venant se glisser comme par magie aux côtés des autres, façon puzzle en trois dimensions, sans jamais déranger la fluidité d'un récit dans lequel je me suis immergée avec bonheur. L'étayant au fur et à mesure. Créant des liens entre les personnages, bien au-delà des évidences ou des a priori. Jusqu'au final, magistral.

Et dire que c'est un livre qui me faisait peur et que j'hésitais à lire. Heureusement, une précieuse amie a eu l'heureuse idée de me l'offrir pour mon anniversaire. le plaisir n'en est que plus fort.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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En partance pour le Burkina Faso, je cherchais à emporter des livres « écrits par des Africain.e.s ». L'image de couverture m'évoquait l'Afrique de l'Ouest et Bernardine Evaristo fleurait bon le Cap Vert ou l'Angola.

Après avoir lu la biographie de l'auteur.e et la quatrième de couverture, j'ai eu des doutes. Allais-je me faire lapider à emmener un livre écrit par une Anglaise (de père nigérian), féministe et lesbienne entre la fête de Pâques et la fin du Ramadan ? Je me suis dit que, comme moi, peu de Burkinabè devaient avoir entendu parler de Bernardine Evaristo. D'autre part, je pouvais laisser Les Impatientes et du miel sous les galettes et repartir avec Fille, femme, autre dans ma valise.

La forme tout d'abord a de quoi surprendre au premier abord. Pas De majuscule au début ni de point à la fin de chaque phrase. Un peu comme des vers libres ou A la ligne : Feuillets d'usine de Joseph Ponthus.

Merci au jury du Booker Prize d'avoir accordé en 2019 le prix ex-aequo à Margaret Atwood pour Les Testaments et Bernardine Evaristo pour Fille, femme, autre. Si Atwood est un monument de la littérature mondiale, déjà récompensée par le Booker Prize en 2000 et dont la dystopie La Servante écarlate connaissait un regain d'intérêt suite à la sortie d'un feuilleton télévisé homonyme. A ses côtés, Evaristo fait pâle figure (sans mauvais jeu de mots), même si elle est sexagénaire et qu'elle en est à son huitième roman, dont aucun n'était traduit en français. Ce n'est pas tous les ans qu'on peut honorer deux autrices aussi talentueuses que dissemblables. Si Atwood explore le futur possible en Amérique du Nord, Evaristo nous incite à nous pencher sur le passé et le présent de Londres de la fin de l'Empire britannique et l'émergence d'une diaspora du Commonweath, entre tradition et mutations, où le féminisme se décline entre de multiples couleurs, où les hétéros s'opposent aux lesbiennes, celles d'origine africaine à celles venant des Caraïbes, les chrétiennes aux musulmanes, les croyantes aux athées, les carriéristes aux prolétaires, les artistes aux bosseuses, les carnivores aux végans, …

Amma, le personnage central du premier chapitre, ressemble fort à Bernardine Evaristo. Métisse de père africain et mère anglaise, féministe et lesbienne. Comédienne révoltée contre la piètre image de la femme noire dans le monde du théâtre et de la télévision, elle décide d'écrire des pièces de théâtre donnant une image positive des femmes noires et de les mettre en scèen. Elle ne connait qu'un succès d'estime dans les centres culturels de banlieue et la culture underground jusqu'à ce que le National Theatre de Londres lui demande de mettre en scène sa pièce La dernière Amazone du Dahomey. le début de la gloire ou la perte de son âme ? Sera-t-elle à la hauteur de la tâche ou risque-t-elle de se brûler les ailes ?


Challenge Pavés 2022
Challenge Plumes féminines 2022
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Sororité

Après avoir beaucoup entendu parler de ce roman, co-lauréat du Man Booker Prize, j'étais impatiente de le lire et je n'ai pas été déçue.
« Fille, femme, autre » est un magnifique roman d'une portée et d'une ambition étonnantes.

Bernardine Evaristo nous présente 12 voix, principalement des femmes racisées, toutes différentes. Horizon, âge, racines, classe sociale, profession, famille, région et sexualité.
C'est une Grande-Bretagne contemporaine qui apparaît, rarement lue, nous donnant un aperçu du passé, présent et futur du pays.
C'est un récit féministe sans faille qui va et vient dans le temps, avec une structure non conventionnelle, une prose poétique et un mépris réjouissant des conventions de ponctuation.
C'est une lecture émouvante, magnifiquement écrite, ingénieuse, si sensible et si humaine que l'on a l'impression, quand on referme le livre, d'avoir écouté un long chant et d'avoir vécu mille vies.
Brillant.

Traduit par Françoise Adelstain
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Ce livre est une divine surprise, touchant, parlant, émouvant, puissant, cru aussi parfois mais comme toutes les femmes présentes dans ce roman, qui sont certes femmes noires mais tout autant filles, mères, soeurs, aïeules, amies et tant d'autres choses....
Tout est finement écrit car au fil de chaque histoire se croisent les destins de chacune parfois ou se rejoignent à d'autres moments mais elles ont toutes un bien commun ces femmes, c'est de vouloir avancer malgré les préjugés, le racisme, la bonne société ou les obstacles que la vie prend plaisir à mettre sur leur chemin.
Mais c'est aussi une histoire commune finalement de combats pour la tolérance, l'émancipation, de compréhension de soi et de sa personnalité, de faire sa propre place dans une société lente à accepter, avec fracas pour certaines, avec patience pour d'autres mais toujours avec ténacité pour toutes. Ce sont des histoires douloureuses souvent, apprenantes toujours, et balayant des générations de femmes qui ont vécu selon leur caractère des moments compliqués mais qui les ont construites.
Une construction particulière car sans majuscules ni réels paragraphes, le récit ressemble à une longue phrase continue qu'il faut suivre avec attention mais qui emmène justement le lecteur dans un rythme formidable car c'est comme une mélodie en fait et franchement, j'ai trouvé cela très plaisant.
Perdez vous dans ces femmes noires et vous verrez défiler des moments d'humanité et vous prendrez un réel plaisir de lecture.
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Pour Amma, c'est la consécration, ce soir sa pièce est présentée au National Theatre de Londres. Un aboutissement de près de trente années de marginalité et de travail acharné. Mais ce soir c'est un grand soir, « Les dernière Amazones du Dahomey » devraient tout arracher et ce soir surtout, dans la foule des spectateurs, il y a tant de femmes et d'hommes qui ont comptés pour elle. Il suffit alors de tirer le fil de sa vie et de toutes les autres vies et voilà un siècle de l'Histoire féminine et africaine de l'Angleterre qui se déroule.

Racisme, patriarcat, déterminisme social et toutes les luttes pour exister dans un monde qui vous refuse : Black Power + Mee too + LGBT + Blacklives Matter devient tout simplement Human Rights.

Une construction diabolique pour un roman qui parle de notre époque, une longue phrase sans point sur près de cinq cents pages, comme un plan séquences infini qui nous raconte les vies de femmes noires, hétéros ou lesbiennes ou Trans, leurs amours et leurs combats.

Un collage urbain, londonien, féministe et humaniste.

Un très grand roman qui se lit comme on regarde une série très addictive.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Elles sont douze, douze femmes de 19 à 93 ans, presque toutes noires ou métisses, femmes ou sans genre défini, hétéro ou homosexuelles, qui apparaissent les unes après les autres, à la suite d'Amma. Amma est dramaturge, elle monte une pièce de théâtre à Londres, pièce sur les dernières Amazones du Dahomey. Elle réussit enfin à faire le théâtre qu'elle a toujours eu envie de faire, celui qui parle de femmes noires, qui fait fi de la suprématie blanche mâle.
On croise ensuite Dominique, qui s'engagera dans une histoire d'amour toxique, Carole la femme d'affaires et Bummi sa mère, femme de ménage, Shirley qui enseigne à des collégiens, Penelope qui ne connaît pas ses parents, Megan qui devient Morgane, et d'autres encore.
Bernardine Evaristo, auteure britannique d'une soixantaine d'années qui est pour la première fois traduite en français grâce au Man Booker Prize reçu en 2019, imagine la vie de douze femmes britanniques, donc, car il s'agit d'un roman, n'imaginez pas autre chose.
Chacune de ces femmes ressent, plus ou moins, le besoin d'affirmer son identité, d'aller à l'encontre des préjugés, de combattre souvent le racisme, le sexisme, et le plus souvent les deux à la fois. Certaines ont vécu des moments très difficiles, d'autres ont rencontré des personnes, hommes ou femmes, qui les ont aidé à avancer. L'action n'est pas seulement contemporaine, les plus âgées des femmes font remonter des souvenirs d'époques révolues et permettent au lecteur de voir la situation évoluer, en bien ou en mal. La diversité des situations ne conduit pas du tout vers une succession de thèses ou de cas de figures figés. Au contraire, une grande chaleur émane de ces portraits !

Et la forme, alors ? Les chapitres se succèdent sans donner l'impression de lire des nouvelles, car les protagonistes sont liées entre elles, et reviennent toujours à un moment ou à un autre. Les descriptions sont très vivantes. J'ai l'impression que c'est une manière de présenter des personnages qu'on retrouve souvent dans les romans anglais, qui consiste à les décrire par leurs actions et par leurs discours, plutôt qu'à transcrire leurs pensées intimes. En tout cas leurs actions montrent de fortes femmes, à l'esprit aussi acéré que la langue.
Quant au style lui-même, avec une quasi absence de points et de majuscules et de nombreux retours à la ligne, on pourrait penser à des vers libres, c'est d'une grande liberté en tout cas, mais parfaitement lisible. Cette forme particulière peut déconcerter mais pour moi n'a pas été du tout un frein dès lors que l'intérêt pour les personnages s'est éveillé, c'est-à-dire très rapidement. La forme et le fond se complètent et se renforcent l'un l'autre, et procurent un véritable plaisir de lecture !
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Coup de coeur pour ce roman dans lequel on découvre 12 portraits de femmes noires ou metis, 12 vies qui s'entrecroisent avec pour fond la condition de la femme, noire, trans, non binaire, lesbienne, mariée, célibataire, mère, travailleuse...
J'ai beaucoup aimé le rythme du livre et le passage d'un personnage à un autre qui se fait avec beaucoup de fluidité. Je craignais de me perdre dans les personnages mais pas du tout. Je me suis immergée dans chacun d'entre eux avec facilité.
L'écriture est agréable, elle glisse sur le papier. Certaines femmes m'ont plus marqué mais toutes m'ont plu.
Une lecture passionnante
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Il est rare que je commence mes chroniques ainsi mais ce livre a été pour moi une magnifique découverte. Rencontre avec une auteure, plongée dans un style d'écriture poétique et terriblement réaliste, entrée dans le monde des femmes noires et métisses. Un chapitre, le parcours d'une femme, seulement quelques pages et pourtant l'impression forte d'avoir pu faire connaissance en profondeur. de nombreux sentiments mêlés : rage, tristesse, admiration, respect, incompréhension, crainte, enthousiasme, bien-être. Ma lecture aura été intense pour se clore sur un épilogue qui m'aura beaucoup émue.

Être une femme n'est pas toujours facile, de nombreuses injonctions pèsent sur nous, des barrières se lèvent fréquemment et celles-ci sont bien plus hautes quand on est une femme de couleur, une femme qui se sent homme, un homme qui voudrait être femme. Ce roman aborde toutes ces questions dans leur complexité et leur subtilité au travers du récit de la vie de 12 femmes, sublimées par les mots de l'auteure et une syntaxe qui nous donne le sentiment d'incarner tour à tour ces filles pleines de force et de courage. Et cet autre qui peut être la fille qui devient femme, la femme qui cherche son identité loin des genres édictés, la femme noire dans notre monde occidental, la femme qui doit être mère, la femme qui veut se réaliser loin des préceptes qui lui ont été inculqués. J'ai eu un vrai coup de coeur pour LaTisha, mère-fille qui franchira les obstacles avec courage et apprendra de ses erreurs ; mais aussi pour Hattie, difficilement acceptée par sa mère, attachée à sa ferme et ses valeurs ; enfin pour Bummi que la vie n'a pas épargnée mais intelligente et sensible et qui se relèvera toujours. le récit est savamment mené, les chapitres se font écho, nous n'adoptons pas le point de vue d'une héroïne, mais ceux de 12 femmes, mères, filles, amantes, grand-mères, intelligentes, créatives, amoureuses, malheureuses. Quand l'une peut nous sembler réprimandable dans un chapitre il suffit d'entrer quelques pages dans sa vie au chapitre suivant pour comprendre qu'il ne faut pas juger trop durement. A la fin de ma lecture il m'a semblé avoir vécu 12 vies, je me suis sentie à la fois étourdie de tant de belles personnes rencontrées et riche de tous ces récits. Mais je ne vous en dévoile pas plus et ne peux que vous inciter à vous laisser porter par la plume de Bernardine Evaristo !
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