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Kline est un détective qui a perdu sa main au cours d'une enquête. Tranchée net par le gentleman au hachoir. Il a cautérisé au plus vite, lui-même la plaie avec un réchaud dans le but de surprendre le tueur et ainsi l'achever, d'une balle dans l'oeil…
Pas le genre d'histoire qui reste insignifiante.
Et qui va attirer une secte : La Confrérie des Mutilés.

Kidnappé par les membres de la secte, il se voit octroyé de force, une mission complètement absurde : trouver un assassin au sein de la Confrérie, mais sans corps, sans lieu du crime, et dans l'interdiction formelle d'interroger les frères… Car la Communauté est hiérarchisée par le nombre d'amputation. Hors Kline n'est qu'un « un », puisqu'il ne lui manque que sa main. Et pour pouvoir avancer dans l'enquête, il faudrait au moins être un « quatre »…

1/Si vous connaissez un peu l'auteur, vous savez que le mormonisme occupe ses récits. Je vous synthétise grossièrement le mormonisme : un jour un mec très charismatique, Joseph Smith, se balade dans la forêt et rencontre un ange qui lui confie des plaques d'écritures saintes, lui permettant de rédiger le Livre des Mormons (une sorte de suite à La Bible, pour ceux qui arrivent aux States). Il aura au cours de sa vie, plusieurs contacts spirituels avec les hautes sphères déistes, notamment lorsqu'il se lassera de son épouse et qu'un ange lui annoncera qu'il doit se marier avec plusieurs femmes (bah voyons). Des branches différentes vont s'éloigner du mormonisme de base. Puis plus tard, s'installant dans l'Utah et pour des raisons politiques, ils vont devoir redevenir monogames. Mais la monogamie n'est pas du goût de tout le monde et d'autres branches extrémistes vont voir le jour.
J'ignore si Brian Evenson a été élevé par des extrémistes mormons, mais son personnage, Kline, va se retrouver bringuebalé d'une branche sectaire à une autre. La base du premier mouvement était que de perdre un membre, permettait de se rapprocher de Dieu. «Si la perte d'un membre nous rapproche de Dieu, ils pensaient l'approcher de plus près en multipliant les amputations. » C'est ainsi que la secte dévie dans l'exagération absurde et ridiculement douloureuse. La convoitise d'accéder au plus haut rang, va créer une hiérarchie au sein de la Communauté : plus vous avez de membres amputés, plus vous êtes au sommet. « La hiérarchie, les jugements portés contre les camarades ayant subi un nombre inférieur d'amputations, la servitude, la suffisance. »
Le sacrifice de soi, plus au sens propre qu'au figuré, n'est alors plus spirituel, mais motivé par le Pouvoir. Jeux de mains jeux de vilains. Notre protagoniste va devoir affronter l'horreur, les personnages se découpant de manière absolument consentante des bouts de leurs corps.
Consentants ?
Est-ce que justement, ce n'est pas le propre de la secte de nous faire croire que nous sommes consentants ?
Car la soumission au sein du groupe, fonde la course à la multiplication des amputations. Elle n'existait pas lorsque tous les membres étaient au même niveau spirituelle. La hiérarchie, que ce soit dans la religion ou les sectes, ne devraient pas exister, car nous sommes tous les agneaux de Dieu, au même niveau... Il ne devrait pas exister d'être supérieur en dehors du démiurge. La hiérarchie ce n'est pas spirituelle. Et en voulant atteindre le haut niveau, pouvons-nous alors parler de consentement? Voilà, à mon sens, la première symbolique du roman.

2/Lorsque nous sommes extérieurs à une religion ou une secte, nous sommes confrontés à l'ignorance et l'incompréhension la plus totale, qui institue ainsi la place du mouvement dans quelque chose que nous ne pouvons pas saisir, sans ressentir La Foi. La Foi ou l'Appel de Dieu. Et pourtant, les détenteurs de cette Foi mystérieuse peut rendre curieux. Cette curiosité est un piège. « La curiosité est vraiment quelque chose d'affreux, songeait-il. Comment peut-on s'empêcher d'avoir envie de savoir? » Cette curiosité elle concerne surtout ceux ou celles qui s'intéressent à la métaphysique. Et les communautés prosélytiques le savent, elles sont formées ainsi. (Je peux en témoigner, ayant assister pendant 3 ans, deux fois par semaine aux réunions dans le salle du Royaume des Témoins de Jéhovah). C'est encore plus hermétique pour ceux ou celles qui ne cherchent pas à savoir. Ces derniers ne seront pas la cible. Alors quand on est la cible, on entendra des phrases, tel que Kline l'entendra : « Quand vous aurez reçu l'Appel » qui pour les fanatiques est une évidence incontestable. Vous recevrez l'Appel, c'est certain. Et lorsque l'Appel de Dieu ne vient pas, et qu'un carnage est accompli, l'autre branche le voit comme un Elu. Celui qui doit éliminer les faux prophètes. Ne peut-il donc pas se sortir de ce cauchemar ? Non car il est difficile de sortir d'une secte. Et la bienveillance qui y règne, avec cette gentillesse à outrance, cette assurance de « protection », c'est quelque chose de très enivrant. La communauté protège, aide, soutiens, pourquoi donc vouloir en sortir ? Et si elle disait la Vérité ? Adopter la politique de la main tendue lorsqu'on n'a pas de main, quelle idée!
L'auteur utilisera en symbole d'incompréhension, quelque chose d'absolument révulsant : la mutilation pure et simple (dans la joie et la fête en plus).

3/J'ai beaucoup de mal à saisir le rapport de Brian Evenson avec l'amputation. Dans son roman immobilité, le protagoniste n'est pas amputé mais il ne peut clairement pas utiliser ses jambes. Dans Baby Leg, on subit des expériences douteuses sur les corps et cette femme qui a une jambe de bébé à la place de sa vraie jambe, et maintenant celui-ci. Mais son génie d'écriture rend certaine situation très drôle. Les dialogues absurdes n'ont rien à envier à Samuel Becket et la banalisation des amputations donnent l'impression que l'auteur joue avec monsieur Patate. Même si j'avoue que les premiers passages m'ont donné la nausée, la répétition de l'horreur grandguignolesque finit par rendre ses scènes horribles à la limite de la comédie. Et lorsque le protagoniste se balade avec une tête ensanglantée, et qu'il se pose des questions sur son inhumanité, nous nous rendons compte que nous avons perdu la nôtre puisque nous ne sommes pas horrifiés par la situation. C'est très fort.

C'est mon quatrième roman de Evenson, et je dois avouer que je suis accro.
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Cette édition française présente les deux parties de ce texte, « La Confrérie des Mutilés », et sa suite directe « Les Derniers Jours », écrites et publiées aux USA à quelques années d'intervalle.
Notre ex-prêtre Mormon y offre le récit brut et gore d'un type, ex-policier infiltré aux contours plus que flous, nommé Kline, ni propre ni remarquablement petit, au prise avec des sectes dismophophobiques, ou plus précisément et « positivement », adepte de l'apotemnophilie…

Mais laissons la place à Marc Gozlan dans son blog du Monde pour nous expliquer:
« Apotemnophilie, terme utilisé la première fois en 1977 pour désigner le désir d'amputation d'un membre sain. Ce terme vient du grec apo signifiant « loin de », en référence à la notion d'extrémité, temno qui signifie couper et philie qui veut dire aimer. L'apotemnophilie signifie donc littéralement « l'amour de l'amputation ».

Initialement, ce terme désignait clairement un trouble de l'ordre d'une paraphilie (ensemble des pratiques sexuelles déviantes), le désir d'être amputé (apotemnophilie) coexistant avec une recherche de partenaires amputé(e)s (acrotomophilie). L'assimilation de l'aptemnophilie à une paraphilie va cependant rapidement laisser place à une autre conception.

Depuis 2004, le caractère paraphilique du trouble n'est plus établi. le terme d'apotemnophilie tend à être remplacé par une autre appellation. Les psychiatres parlent aujourd'hui de « trouble de l'identité et de l'intégrité corporelle » (TIIC). Cette nouvelle terminologie renvoie au fait que de nombreux patients expriment d'extrêmes préoccupations concernant leur image corporelle. Les patients atteints par ce trouble auraient un corps normal mais qui leur est devenu insupportable, estimant devoir être amputés pour être eux-mêmes. » M.G.

Ce « trouble », ou bien cette « maladie », — on voit bien que la terminologie, ( le langage en général ) pose la relativité de l'appréciation de certains comportements, spécialement de ce qui est ou a été catalogué sous le terme de paraphilie… on y reviendra… — mérite de s'y intéresser attentivement. Assez rares, les patients souhaitant l'amputation sont généralement décrits par les psychiatres comme « entièrement conscients et cohérents » dans cette volonté de modifier leur corps. En découle quantité de questions morales et d'arbitrages scientifiques…

Occasion donnée d'y réfléchir, car à part cela, ce roman ne demande pas beaucoup de concentration. Même l'horreur en reste plate, juste absurde.
Le plus court « Baby Leg », sorti juste après celui-ci, offre une variation beaucoup mieux menée de ces thèmes, avec sa structure ourobore, que cette tuerie allant crescendo.

Cousins des Assassins en Fauteuil-Roulant découverts dans « L'Infinie Comédie » de DFW, ces groupes sectaires aiment beaucoup le hachoir ou le couperet. Il y a vraiment beaucoup de sang dans ce roman.

En ultime page du livre, l'éditeur Lot49 annonce d'un énigmatique et volumineux symbole Omega Ω la prochaine sortie (en 2010) du volumineux roman « Oméga mineur » de Paul Verhaeghen, dont je vous parlerai un jour.
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La confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable. Et c'est ce qui fait l'intérêt de cette expérience singulière.

Souvent je me suis demandée où l'auteur m'emmenait, parfois j'ai hésité à arrêter ma lecture. Il faut dire qu'Evenson malmène son lecteur, il le brutalise, le pousse dans ses retranchements, le confrontant à des situations poussées à l'extrême. Pour autant, on ne peut s'empêcher de poursuivre sa lecture, fasciné. On en redemande même. Evenson a du talent, du style et de l'audace. Il ose tout. L'humour noir très présent distille un délicieux malaise.

La confrérie des mutilés n'est pas qu'une expérience extrême. C'est également une oeuvre avec un propos, fort, intelligent et bien amené. Evenson s'intéresse à la fois à la folie absurde à laquelle peut mener la foi religieuse et également à la façon dont la religion annihile les personnalités et formate des individus dans un même moule.

j'ai trouvé ce roman brillant, fascinant, dérangeant, hypnotisant, il m'a secouée, il m'a retourné le cerveau (et l'estomac aussi)... Pourtant, je ne peux pas dire que je l'ai aimé. Non, la confrérie des mutilés n'est pas un livre aimable mais c'est un livre passionnant, à lire absolument.
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Le détective privé Kline rejoint à son corps défendant une drôle de secte aux moeurs sordides, pour y mener une enquête dont les tenants et aboutissants lui demeurent obscurs.

Les titres et places dans la hiérarchie des membres de cette confrérie sont fonction du nombre d'amputations subies volontairement comme autant 'd'actes de foi'.

Ambiance déplaisante et hautement malsaine, donc - âmes sensibles s'abstenir. Action, hémoglobine, gâchette en folie et violence à gogo, voilà ce que j'appelle un polar bien bµrné.
J'ai eu la curiosité de m'y frotter, après avoir été aussi captivée qu'horrifiée par 'Père des mensonges' du même auteur.
J'avoue avoir survolé certains passages de mutilations au hachoir ou de strip-tease très particuliers.

Au-delà des moments difficiles qui conduisent le lecteur au bord de la nausée ou de l'évanouissement selon son endurance, le roman présente une intrigue intéressante et une accusation métaphorique des sectes qui amputent l'individu de son âme et de ses biens, qui le rendent anonyme et interchangeable...

Dommage que le dernier tiers n'offre rien d'autre qu'une surenchère de violence, là où j'attendais une explication plus solide.
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Après son acte de naissance avec La langue d'Atlmann, et alors que l'on se remet encore de son premier roman au vitriol de l'Eglise avec Père des Mensonges, l'américain Brian Evenson publie une novella au titre intriguant : La Confrérie des mutilés. Traduit en France dans la défunte collection Lot 49 dirigée par Claro et Hofmarcher, la version française regroupe à la fois la novella originale de 2003 mais également sa suite, Derniers jours, parue six ans plus tard. L'auteur continue de définir les contours morbides de son oeuvre et vous êtes loin d'imaginer les tréfonds indicibles de l'horreur qu'il vous réserve…avec le sourire !

L'homme-chiffre
Ancien mormon, Brian Evenson est fasciné depuis toujours par le pouvoir de la croyance et le phénomène sectaire. Logique donc que la religion occupe une place centrale dans son oeuvre. La Confrérie des mutilés ne fait pas exception à la règle.
Nous y retrouvons Kline, un détective privé qui vient de vivre une expérience pour le moins très désagréable. En cherchant à débusquer le « gentleman au hachoir », Kline est contraint de s'amputer la main et de cautériser la plaie lui-même pour pouvoir s'échapper et mettre fin aux agissements du tueur. En pleine convalescence et alors qu'il en est encore à s'habituer à sa nouvelle condition, notre détective reçoit un étrange coup de fil de deux inconnus qui lui proposent de venir les rencontrer au plus vite. Kline doit les aider sans tarder.
D'abord surpris, puis intrigué, notre héros n'a finalement plus d'autre choix que de suivre les deux inconnus lorsque ceux-ci se présentent à son domicile en le forçant à les suivre.
Gous et Ramse, puisque c'est ainsi qu'ils se nomment, expliquent à Kline qu'il doit absolument les aider à résoudre une sinistre affaire qui a eu lieu dans leur communauté et que sa mésaventure avec le « gentleman au hachoir » est un signe clair qu'il est l'homme de la situation.
Voilà donc que Kline se retrouve de l'autre côté d'un portail sécurisé, au milieu d'un lotissement de plusieurs maisons encadrant un immeuble à deux étages. C'est là que réside la fameuse Confrérie dont sont membres Gous et Ramse.
Il ne faut d'ailleurs pas longtemps pour comprendre que ce qui rassemble les hommes de cette Confrérie, c'est un goût prononcé pour l'amputation.
Ici, on vénère l'absence plutôt que la présence.
Le dévot est celui qui sera prêt à se séparer du plus de membres ou de morceaux de chair inutiles. Orteils, doigts, pieds, jambes, bras, oreilles, oeil, fesses… Plus, c'est moins.
Brian Evenson nous fait pénétrer dans un monde avec des règles complètement insensées et macabres, construisant une religion autour de la mutilation de soi, troquant la livre de chair contre l'accumulation du savoir, suscitant l'excitation pour le corps transfiguré.
Les membres de la Confrérie sont d'autant plus élevés dans la hiérarchie qui leur manque des morceaux. Un novice est un « Un » tandis que les puissants vont bien au-delà de Dix. L'homme devient un chiffre, devient un tableau de chasse.
C'est ainsi que Kline se retrouve devant un « Douze », le numéro deux de la Confrérie en réalité, un certain Brochert. Celui-ci demande alors au détective de faire ce qu'il fait le mieux : débusquer la personne qui a assassiné le Prophète et Chef de la Confrérie, Aline. Mais Aline est-il vraiment mort ? Et comment découvrir quoique ce soit quand on soi-même qu'un « Un », presque un non-croyant ? Faut-il jouer selon les règles des autres une fois dans leur monde ?

Croire jusqu'à la lie
En explorant la secte avec Kline, le lecteur finit par perdre pied et l'atroce devient une norme. Se couper un membre quelque chose de banal, de ritualisé, d'obligatoire. Cette banalisation de la violence et du macabre permet à Brian Evenson de déployer une certaine forme d'humour noir qui vient donner un ton plus distancié que, par exemple, celui de Père des Mensonges. Mais cet humour n'empêche pas l'américain de disséquer patiemment et cliniquement les chemins empruntés par le fanatisme.
Ce qui fascine dans La Confrérie des mutilés, c'est sa capacité à exposer les rouages de l'endoctrinement de façon implacable. Kline, à force de côtoyer des croyants complètement inébranlables dans leur conviction, finit par supporter une réalité qui vacille à son tour. La dévotion et le changement de paradigme entraînent de facto une déformation du réel. Et l'on en perd ses repères.
Sous l'influence de Beckett, Brian Evenson poursuit par une suite direct avec Derniers jours. Une suite qui ajoute une autre dimension supplémentaire à son exploration du phénomène sectaire : le schisme et l'uniformisation. Car si la Confrérie était une première étape dans la négation de l'individualité, les adorateurs de Paul en sont une autre expression qui cherche à annihiler peut-être encore plus complètement l'identité, à la façon d'un Chuck Palahniuk dans Fight Club.
Tous les membres s'appellent Paul et prennent Kline pour l'Élu, menant à un phénomène de prophétie auto-réalisatrice aussi sanglante que savoureuse. Cette fois, Brian Evenson pousse son jeu de massacre jusqu'à dénicher le point de rupture où la raison se laisse dominer par l'absurdité de ce qui nous entoure. Où l'on est prisonnier de l'absurde.
C'est aussi une façon radicale de comprendre que pour sortir d'une secte… il faut trancher dans le vif. Que seule une solution extrême peut mettre fin au fanatisme qui, lui-même, s'auto-alimente sans aucune limite.
Évidemment, le roman reste un monument de macabre et de glauque comme seul Brian Evenson en est capable. On y retrouve sa fascination pour le body-horror et l'amputation, sur la capacité de l'humanité à produire une violence qu'elle justifiera par n'importe quel mythe ou religion.
D'ailleurs, Kline a surtout un très vilain défaut : celui de la curiosité.
Cette curiosité qui mène à la fascination et ultimement, à l'endoctrinement. Un fait que lui fera remarquer à plusieurs reprises Brochert, comme si la curiosité avait l'effet pervers de découvrir ce qu'il ne fallait pas et allait de fait causer notre perte.
Surtout quand le mystère s'annonce déjà sinistre à l'avance…

Aussi fascinant que macabre, La confrérie des mutilés dépèce les croyances et le phénomène sectaire. C'est une exploration radicale et extrême de l'homme qui croit, de ce qu'il est capable de se faire à lui-même et à autrui en modifiant le réel. Brian Evenson s'amuse dans le glauque et l'on en ressort éprouvé autant qu'étrangement réjouit. Amputez-vous qu'ils disaient…
Lien : https://justaword.fr/la-conf..
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Kline est un détective. Ou plutôt Kline était un détective. Jusqu'à l'affaire du « gentleman au hachoir ». Il a débarrassé le monde de ce tueur mais y a laissé sa main droite. Une amputation d'autant plus traumatisante que Kline à dû cautériser lui-même cette blessure sur un réchaud à gaz. Alors, bien entendu, la presse a parlé de l'affaire. Et, alors qu'il se laisse peu à peu mourir de dépression dans son appartement, Kline est enlevé par deux drôles de types qui veulent qu'il résolve une affaire. Membres d'une secte qui pratique l'amputation à but religieux, ils veulent que le détective trouve le meurtrier de leur guide. Pas assez amputé pour pouvoir s'adresser aux membres les plus importants de la confrérie, Kline doit enquêter sans voir de cadavre ni de scène de crime et sans pouvoir interroger quiconque… à moins de sacrifier quelques membres.

Avec un tel point de départ, on peut s'attendre au pire, et on a raison. Suivre Kline dans cette enquête en devient physiquement douloureux tant le propos est explicite. Pas forcément gore, car Evenson est bien plus fin que ça et réussit à nous faire visualiser bien des choses que l'on aimerait ne pas voir par la grâce de quelques mots bien choisis, ce roman est toutefois épouvantable.
On pénètre dans un antre de la folie placé sous le signe du grand guignol avec l'appui d'un humour que l'on ne peut que qualifier de pince (monseigneur, en l'occurrence) sans rire. Ainsi en va-t-il des discussions théologiques sur le comptage des amputations : dans une confrérie où plus on a subi d'amputation plus on est important, la question est essentielle : quelqu'un qui s'est fait couper un bras vaut-il moins que celui qui s'est fait couper deux doigts ? À ce titre les discussions entre Gous et Ramse, les ravisseurs de Kline, véritables Dupond et Dupont façon puzzles humains, ne peuvent que vous arracher, au minimum et sans anesthésie, un rire jaune.
Sans doute faut-il voir dans ce roman vraiment atypique écrit par un ancien mormon en rupture totale avec son Église, une parabole sur la religion en général et sur la sienne en particulier. Tout au plus regrettera-t-on une certaine baisse de rythme sur la fin, mais voilà un livre qui mérite d'être lu tant, sous cet aspect rude, il se révèle intelligent et obsédant. À lire à jeun, cependant.

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Après avoir perdu une main, Kline, un détective privé, se retrouve plongé au sein d'une société de mutilés volontaires où l'on attend de lui qu'il résolve un meurtre. Il doit gagner la confiance des membres de cette étrange secte. le degré d'amputation détermine l'accès à certaines personnes et informations. Jusqu'où sera-t-il prêt à aller pour découvrir l'insoutenable vérité ?
Brian Evenson nous plonge encore une fois au coeur de la folie. Plus exactement au coeur de la rencontre entre la folie de son héros et la folie institutionnelle. Ici celle d'une secte qui voit la mutilation volontaire comme un acte de rapprochement avec Dieu. Oui je sais ça glace le sang.
 La maîtrise du récit d''Evenson évite la complaisance. La concision de son écriture dans la description de scènes très violentes permet de garder de la distance et de tomber dans le voyeurisme malsain.  Il arrive même que l'absurde des situations nous face sourire voire rire. L'auteur nous offre une nouvelle fois un texte qui dérange, une texte que l'on pourrait qualifié de dingue tant la Folie affleure à tous les niveau. L'auteur n'a pas froid aux yeux. Il va jusqu'au bout de son propos. Brian Evenson est sans conteste un très grand auteur et pas qu'à mes yeux !
Une écriture au scalpel qui ne laisse pas indifférent. Nous faisons passer de l'angoisse à l'horreur mais heureusement l'auteur manie l'humour avec un tranchant certain.
Dans la lignée de Poe et de Borges, une prose incisive au service d'un récit dérangeant, où rivalisent humour noir et banalité de l'horreur.
Un ovni à découvrir.
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Détective privé, Kline se remet de sa dernière affaire qui lui a coûté l'auto amputation et auto cautérisation de sa main droite. Et vi, c'est un dur, que n'aurait-il pas sacrifié pour arrêter et tuer "le gentleman au hachoir"? Sans souci d'argent, il tente de se recréer un quotidien, d'apprivoiser sa main gauche en sortant le moins possible de chez lui, de son lit. Hélas il existe un fléau au monde moderne, ce téléphone qui ne cesse de retentir, avec au bout une étrange voix l'engageant d'office sur une nouvelle enquête. Malgré ses refus, c'est chez lui qu'on viendra le débusquer et l'amener de force au sein d'une curieuse communauté. C'est la plongée dans un univers d'illuminés, avec pour cadre une demeure austère, pour compagnons des personnages à la politesse glaciale, au physique mutilé. Kline découvre une secte avec sa hiérarchie, ses codes, ses cérémonies. Un détective, c'est curieux de nature mais ici le savoir se paie cher, un membre contre un indice.
"La confrérie des mutilés" est un récit d'une rare intensité, truffé d'humour noir, de scènes horrifiantes et frissonnantes à souhait, très imagées, avec des dialogues absurdes. Il est dingue ce B. Evenson, très différent de ses autres romans, mais ces 220 pages défilent bien trop vite.
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Ahurissant récit mettant en scène une mystérieuse et terrible "confrérie des mutilés" , un club secret qui rassemble des êtres cherchant l'extase dans l'automutilation poussée jusqu'à l'extrême. Récit d'action avec enlèvement, séquestration, évasion, poursuite, fusillade et d'insoutenables scènes de torture.
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Autant le dire tout de suite. Si vous avez plutôt l'âme sensible, abstenez vous de lire ce livre ! ! Mais quel dommage pour vous ! Car ce roman est odieux ! Magistralement et délicieusement odieux !

Kline est un policier. Au cours d'une enquête, il se retrouve face à criminel armé d'un hachoir. Pour en réchapper, il n'a d'autre solution que de laisser le tueur lui trancher la main, ce qui dans ce court laps de temps, lui permet de saisir son arme de service de son autre main valide, et de tirer une balle dans l'oeil de l'assassin. Pour couronner le tout, Kline va cautériser lui-même son moignon ensanglanté sur une plaque électrique!

Cet exploit, rapporté dans la presse, ne va pas passer inaperçu. En particulier auprès d'une secte constituée exclusivement d'individus amputés d'un ou plusieurs membres, qui reste admirative devant ce geste insensé qui vient d'être accompli.

Pendant sa convalescence, Kline va être contacté par celle-ci pour lui demander de se déplacer dans ses locaux pour une affaire urgente. Notre policier refusera, et ce qui n'était qu'une demande courtoise va rapidement se transformer en une invitation ferme et coercitive, formulée par deux anges gardiens un peu trop directifs.

Dans cette confrérie, l'organisation y est très hiérarchisée. Les places et les grades s'établissent en fonction du nombre d'amputations comptabilisées sur la personne. Si vous ne possédez qu'un seul moignon, vous n'êtes qu'un vulgaire « Un » et occupez le bas de l'échelle. Par contre vous êtes un « onze » et occupez le haut du panier s'il vous en manque à ce point !

Et c'est justement un Onze que va rencontrer notre homme, pour se voir confier une enquête qu'il ne peut refuser faute d'y laisser un peu plus que quelques membres .Le gourou de la secte a été assassiné et il convient d'en trouver le coupable.

Alors débute véritablement la descente aux enfers pour notre inspecteur si particulier. Car le problème voyez vous, c'est que les membres de cette confrérie ont la fâcheuse habitude de ne parler qu'à des personnes de rang égal ou supérieur. Et donc pour pouvoir les interroger et obtenir des informations il faut se mettre à leur niveau. Et pour se faire, avoir l'esprit de sacrifice. Vous me suivez jusqu'ici ? Et la question est de savoir jusqu'où notre héros involontaire est il prêt à aller pour découvrir la vérité !

Les choses vont rapidement aller de mal en pis pour Kline devenu bien malgré lui une icône de ces croyants vouant un culte si particulier au don de soi. Son enquête le conduira à découvrir un groupe dissident de la confrérie ! Il se retrouvera bien malgré lui l'enjeu et l'outil de cette confrontation à mort entre les deux organisations rivales.

Et c'est donc au milieu de ce capharnaüm que notre flic va patauger et tenter de surnager. Au final celui-ci optera pour une solution radicale qui transformera le reste du roman en un cataclysme sanguinolent du meilleur effet !

Ce livre est hors norme. C'est un roman obsédant, dérangeant, qui vous met extrêmement mal à l'aise, mais dont on ne peut s'empêcher de se délecter à chaque page, tant nous prenons plaisir à l'inconfort. Car derrière le premier degré, abrupt et violent, se cache un humour noir jouissif, omnis présent.

La scène de la stripteaseuse qui une fois effeuillée de son soutien gorge et de son string , prolonge le spectacle en se décortiquant comme une écrevisse un soir de réveillon en s'ôtant bras, jambes, oeil, seins,fesses…. est croustillant d'obscénité !

L'auteur est un ancien mormon qui a été sommé par son église de choisir entre l'écriture et sa foi. Heureusement pour nous, Brian Evenson a décidé de commettre des romans.

Sans doute règle-t-il d'ailleurs quelques comptes avec la religion en général ,qu'il monte en dérision à travers ce débat ubuesque qui agite la confrérie , pour savoir si l'amputation d'un orteil à la même valeur que celle d'un pied ou d'un bras dans le décompte des amputations ! Où lorsqu'il décrit les membres du groupe dissident où tous s'appellent Paul ! Vous imaginez les dialogues !

Et ne cherchez pas la moindre notion de bien ou de mal, de remord ou de doute, vous n'en trouverez pas. Evenson ne s'attache pas à l' épaisseur psychologique de ses personnages. Tout juste Kline se demande de quoi le lendemain sera-t-il fait. La force d'Evenson réside dans les situations qu'il mets en place, dans son écriture épurée qui sert une mise sous tension du lecteur de plus en plus forte et étouffante.

Quant à vous cher lecteur, si la lecture de ce billet ne vous a pas retourné l'estomac, il ne vous reste plus qu'à vous lancer dans celle de ce roman si particulier ! Mais attention, à le dévorer, il se pourrait bien que les bras vous en tombent !


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