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Anne-Laure Tissut (Traducteur)
EAN : 9782742765386
270 pages
Actes Sud (02/01/2007)
4.03/5   120 notes
Résumé :
Voilà bien des années que John Hunt, qui a maintenant atteint la quarantaine, a choisi de se détourner de la société des hommes en allant vivre dans un ranch où, aux côtés d'un oncle vieillissant, il élève des chevaux. Mais le fragile éden, édifié en intime symbiose avec les rythmes naturels du monde animal par ces deux hommes noirs dans le grand Ouest américain, vient à se fissurer: un jeune homosexuel est retrouvé dans le désert battu à mort, un fermier indien déc... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Blessés est un roman qui, sans fioriture, s'inscrit dans ce que la littérature américaine fait de mieux.

On est dans l'Ouest américain, pays de ranchers, de désert rouge et d'hivers où froid signifie encore quelque chose. John Hunt, éleveur de chevaux noir, vit avec son vieil oncle Gus dans un ranch isolé. Il a quitté les regroupements humains pour les solitudes. La mort brutale de sa femme l'a profondément meurtrie mais avec les années, une certaine sérénité s'est installée, faite de travail, de chamailleries avec Gus, ... Hélas la haine et la violence ne sont jamais loin et ravagent les meilleures volontés.

Avec Blessés, Percival Everett dénonce les haines qui parcourent l'espèce humaine : racisme, homophobie, et il en existe tant d'autres. L'auteur le fait avec une force subtile, sans grands discours. Il raconte juste la vie ordinaire de gens ordinaires où ça dérape et conduit à des tragédies.

Ce roman, je l'ai lu d'une traite tant je me suis retrouvée envoûtée par les paysages à l'âpreté sublime. Et comment expliquer mon ressenti face aux personnages principaux : John, Gus et Morgan? Je ne sais si ce sont eux qui ont laissé leurs marques en moi ou si c'est moi qui ai abandonné une part de moi-même entre les pages. Voilà un trio absolument magnifiques de tendresse et d'affection sans grandiloquence, de tolérance et de courage. Voilà de belles personnes, de belles âmes, comme il en existe en dehors de la fiction aussi fort heureusement. Ils connaissent la nature humaine, et notamment sa part la plus médiocre et mauvaise.
Il y a un échange qui m'a particulièrement marquée, entre la vendeuse de produits animaliers et John. Celle-ci remarque que les gens maintenant sont comme des animaux. Et John de rétorquer que c'est faux : les gens sont des gens, c'est bien ça le problème. Ça pourrait résumer la teneur du roman.

Blessés m'a procuré une lecture intense, aux émotions palpables et diverses. Pas de manichéisme simpliste ici mais une vision de l'être humain dans sa beauté, sa vulnérabilité ou son horreur.
En anglais, le romans'intitule Wounded. Il y a ambiguïté quant à sa traduction puisque les participes passés adjectifs dans cette langue ne portent pas de marque de genre. Alors : Blessé? Blessée? Blessés? Blessées? Peut-être est-ce la conscience de notrehumanité en chacun de nous qui est blessée par les haines, la violence, les mesquineries et les bassesses.
Je ne referme pas le livre sans avoir la gorge serrée de devoir quitter le ranch de John et ses formidables résidents, à deux, trois et quatre pattes.

PS: je crois qu'il vaut mieux lire ce livre en se passant de la quatrième de couverture qui en raconte beaucoup trop. Retenez, chers éditeurs, la leçon d'Alfred Hitchcock : "Il vaut mieux suggérer que montrer". Ce qui était valable pour le cinéma de qualité l'est tout autant pour les résumés intelligents.
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En lisant l'avis enthousiaste d'une bloggeuse (Sandrine pour ne pas la citer), j'ai donc emprunté ce court roman paru chez Actes sud il y a déjà quelques années. Et vu mon amour du Natural writing, je ne comprends pas comment j'ai pu passer à côté. Bref tout ça pour vous dire que Blessés mérite vraiment qu'on s'y attarde. Aux amoureux de grands espaces américains (ici le Wyoming) et de personnages attachants blessés par la vie, Percival Everett est fait pour vous.

John Hunt est un dresseur de chevaux afro-américain qui a fui la grande ville pour rejoindre son vieil oncle Gus dans son ranch niché au coeur des montagnes. Vivant dans une sorte d'autarcie bienheureuse au coeur de la nature, ces deux célibataires se sont accommodé des défauts de l'autre pour vivre de manière harmonieuse.

Tout irait pour le mieux si un jeune homosexuel n'avait été retrouvé assassiné, tout accusant le jeune et simplet commis du ranch de John d'être le responsable. Premier dérangement pour notre dresseur de chevaux qui s'en passerait bien. le deuxième dérangement survient quelques jours plus tard alors que des insultes racistes sont proférées à l'encontre de son voisin Indien (traité de « nègre rouge », comme c'est charmant). L'ambiance n'est donc plus au beau fixe au paradis des chevaux et des espaces sauvages. Et oui, les vieux réflexes racistes et homophones refont surface au sein de la petite communauté du coin peu habituée au changement et à l'autre de manière générale. Enfin, l'arrivée inopinée du fils homosexuel d'un de ses plus vieux amis, jeune militant bien décidé à manifester contre le climat homophobe de cette région de péquenauds, n'arrange pas les affaires de John Hunt.

Blessés m'a embarquée. Déjà conquise par la beauté des paysages ouest américains que Percival Everett décrit merveilleusement (le Wyoming fait dorénavant partie de ma to do list), il ne m'en fallait pas plus pour adhérer. Loin de la caricature, l'auteur nous immerge au sein de cette communauté réduite, attachante fratrie d'hommes et de femmes blessés par la vie. Rongé par la mort de sa femme, John hésite à se reconstruire ; à l'aune des événements dramatiques qui secouent son quotidien, il est amené à remettre en question ses choix de vie. Doit-il fuir la recherche d'un nouveau bonheur aux côtés d'une femme qui l'aimerait, par fidélité au souvenir de sa défunte épouse ? Doit-il nier sa différence alors que tout le lui rappelle sans arrêt ? Vivre en autarcie loin des hommes est-il la solution ?

Thèmes du deuil, de la différence, retour aux sources, culpabilité et rédemption, tous ces éléments sont habilement et merveilleusement agencés pour nous livrer un roman sensible. Une belle réussite indéniablement.
Blessés de Percival Everett, collection Babel
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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John Hunt, après de brillantes études en histoire de l'art a finalement décidé de vivre dans un ranch et de dresser les chevaux. Il trouve une sorte de paix intérieure dans cette vie proche de la nature. Il se reconstruit après la mort tragique de sa femme, commence à retrouver l'amour auprès d'une séduisante voisine. Mais les choses ne sont pas simples dans la campagnes profonde américaine, car John est noir, et un certain nombres d'individus font régner la violence, sur les bêtes et les hommes, ceux qu'ils jugent inférieurs et indignes de vivre, Noirs, Indiens ou homosexuels, comme David, le fils d'un ami de John venu l'aider dans son travail au ranch.

C'est le deuxième livre de Percival Everett que je lis, le premier ayant été Effacement. C'est incontestablement un auteur de grand talent, il a une belle écriture fluide et poétique, qui rend à merveille les beautés de la nature, le lien de John avec les chevaux, le rythme de travaux quotidiens au ranch. Je suis plus réservée quand à la construction du récit. Cette campagne profonde américaine raciste et violente, on l'a déjà vu très souvent chez les écrivains américains. Et je trouve que Percival Everett n'apporte rien de particulièrement nouveau ni original. Les assassins sont des sortes de silhouettes, on ne comprend pas vraiment ce qui arrive, et la fin est à mon avis trop rapide. de même son histoire d'amour avec Morgan est peu convaincante, il se laisse faire, à aucun moment ne transparaît chez lui quelque chose qui serait un sentiment, enfin moi je n'ai rien ressenti de cet ordre.

Je ne veux pas avoir l'air trop négative non plus, c'est un livre que j'ai lu sans aucun déplaisir, très rapidement, grâce en particulier à la belle écriture de Percival Everett. Mais j'ai eu la sensation d'être en face d'un brouillon de quelqu'un de très doué, plus qu'en face d'une oeuvre aboutie, peut être en face de quelque chose qui serait un excellent scénario de film. Il faut dire que j'avais beaucoup aimé Effacement, qui à mon sens est un livre infiniment plus ambitieux et réussi, et que j'attendais peut être trop.
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Ce roman nous marque dans le sens où, pour fuir la haine des hommes, si ce n'est de la haine raciste entre noirs et blancs, ça serait une haine contre les homos, Jhon Hunt choisit de se donner à la nature et aux animaux. Amoureux des chevaux, il communique avec eux comme s'ils avaient un vide à combler dans sa vie. Il y a aussi une grotte solitaire qui est un refuge pour lui dans ses moments de nostalgie. Mais quand va venir David dans son ranch, la vie paisible de Jhon Hunt va être bouleverser, et même sa capacité à tolérer les autres va ébranler la tranquillité de sa conscience. Un roman très humaniste, donc très paisible à lire malgré certaines cruauté envers les homosexuels.
L'écriture n'est pas aussi envoutante, ni aussi antipathique, mais elle procure simplement un plaisir pondéré...
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Une petite ville de l'Ouest américain, un ranch isolé où vivent John et son oncle Gus … Il y a vingt ans, John, le narrateur, a choisi de s'éloigner de la société des hommes pour élever et dresser des chevaux. Au moment où il est devenu veuf, six ans auparavant, Gus est venu habiter chez lui.
John fréquente le moins possible la petite ville proche de son ranch, il entretient des relations amicales avec quelques personnes. Ce qu'il désire avant tout, c'est « avoir la paix ». Dans ce « Far West », on ne parle que pour dire l'essentiel, on ne se livre pas à l'introspection, on agit, on travaille … Nous apprenons peu de choses du passé des protagonistes, libre à nous de meubler les non-dits …
Dans une écriture simple et efficace, l'auteur nous livre un roman âpre et rude comme le climat et le paysage du Wyoming. Quelques événements (meurtre d'un jeune homosexuel, bétail abattu sauvagement, présence de néonazis) nous font pressentir le drame.
Le racisme envers les « gays », les Indiens et les Noirs (la couleur de peau de John et Gus) est présent et nous avançons dans le roman la peur au ventre, peur partagée avec John et justifiée par l'acte barbare qui survient dans les dernières pages…
La face noire de l'âme humaine est heureusement éclairée par l'histoire d'amour entre John et Morgan, une jeune voisine, et la profonde tendresse qui unit le narrateur à son oncle, Gus, le personnage que j'ai d'ailleurs trouvé le plus attachant …


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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le reste du repas fut pénible et ennuyeux. Le fils de Howard me plaisait pourtant. Quant à Robert, j'essayai de ne pas le trouver déplaisant. Leur homosexualité ne me dérangeait nullement, mais la façon qu'avait Robert de l'afficher à l'attention de la serveuse me semblait d'une agressivité déplacée. Je n'avais pas honte de cette pensée, dans la mesure où tout hétérosexuel, homme ou femme, marquant de la sorte son territoire, m'eût tout autant mis mal à l'aise.
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- Voilà pourquoi je vis ici. Chaque fois que je contemple ce spectacle depuis ce point, je sais d’où je suis. On a le droit d’aimer quelque chose de plus grand que soi sans en avoir peur. De toute façon, tout ce qui vaut la peine d’être aimé nous dépasse.
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Tu sais quoi, les gens, c'est plus que des animaux.
- Non, ce sont des gens. C'est bien ça le problème.
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- Vous avez déjà eu des ennuis ? Pour des questions de race, je veux dire.
- Evidemment, petit. On est en Amérique. Il y en a des fanatiques. (...) Par ici, c'est plein d'imbéciles sans la moindre ouverture d'esprit. ça court les rues. Beaucoup d'ignorants, et beaucoup de gens bien, intelligents. C'est différent d'où tu viens ?
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« S'il fait froid, allume un feu, s'il fait chaud, saute dans le ruisseau. La vie n'est pas plus compliquée. »
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Videos de Percival Everett (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Percival Everett
Percival Everett itw .Entretien avec Percival Everett filmé au Publicis Drugstore (Paris 8ème) le 30 septembre 2008. Interview Isabelle Rabineau / Interprète Dominique Chevalier.Vidéo sous-titrée en français :http://www.dailymotion.com/video/x71nz3?subtitle=frArticle sur Percival Everett :http://blog.topolivres.com/blogtopolivres/2015/
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