Pas Sydney, nom de famille Poitier n'a pas la vie tellement facile. Sa mère, Portia, est une originale, cf le prénom de son fils, activiste et qui ne fait aucune concession. Elle est également très riche. C'est peu de dire que l'enfance de Pas sydney est tout sauf conventionnelle avec cette mère militante et plus tard, à la mort de celle-ci, Teddy Turner un "ami", blanc et riche de Portia.
Pas Sydney, héritier d'une grosse fortune part donc à Atlanta avec Teddy faute d'autre famille. Leur relation, pour amicale qu'elle paraisse n'en est pas moins un peu étrange puisque le petit garçon vit seul avec des employés dans une maison et Teddy dans une autre.
On assiste au passage (assez difficile) à l'âge adulte de Pas Sydney, avec toutes sortes de mésaventures tragi-comiques, et même à sa rencontre avec un professeur un peu abscons:
Percival Everett himself , professeur de "philosophie du non-sens. Tout un programme!
C'est un roman drôle et absurde qui nous fait traverser l'Amérique contemporaine à la suite d'un garçon noir et riche.
Malgré sa richesse, il va devoir affronter son statut d'homme noir en Amérique. Peu de choses semblent avoir changé depuis les luttes pour les droits civiques des années soixante. Pas Sydney est sans cesse confronté à l'image de son célèbre homonyme, Sydney Poitier et il y a plusieurs scènes du livres qui renvoient aux films les plus célèbres de l'acteur.
Percival Everett, par le biais de l'humour essaie de montrer toute l'absurdité de la vie d'un noir en aux Etats unis, fut-il riche et séduisant. Que ce soit les rapports aux autres, au sexe, à l'argent... tout est matière à difficultés.
C'est drôle et poignant à la fois. J'ai beaucoup ri, mais, souvent, il m'est resté une légère amertume près le rire; c'est vrai qu'en général on ne pense pas à soi en terme de couleur de peau, mais quand la couleur de la peau devient une difficulté, alors c'est ce qui va nous définir, et du coup limiter notre identité.
J'ai beaucoup aimé ce roman, initiatique et identitaire. Contrairement à beaucoup de roman du genre il est drôle et n'enferme pas trop les personnage dans des carcans identitaires. Et puis j'ai découvert, encore grâce à Babelio, un nouvel écrivain, à la voix légère et ironique.