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EAN : 9782330037123
302 pages
Actes Sud (12/11/2014)
3/5   6 notes
Résumé :
Un homme rend régulièrement visite à son père âgé qui vit dans une résidence médicalisée : il termine les histoires que le vieil homme commence, lui apporte, à sa demande, l'appareil-photo qui doit lui permettre de garder la trace d'un monde qui peu à peu lui échappe, il l'écoute et délire avec lui... Vision intense, car très pudique, de l'amour filial, Percival Everett par Virgil Russell pénètre au coeur des mystères du langage et de la fiction dans un récit rocamb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il en est des relations que les lecteurs entretiennent avec les écrivains, comme des amitiés, des amours que l'on expérimente dans la "vraie vie".
Il y a celles qui dureront toute une vie, et celles qui n'excéderont pas le temps d'une saison...
Il y les fidèles et les frivoles, les incompréhensibles et les évidentes, les orageuses ou les sereines...

C'est une relation d'une nature inconditionnelle, peut-être irraisonnée, qui me lie à Percival Everett. Je crois qu'il pourrait bien me raconter n'importe quoi, une indéfectible et docile bienveillance me pousse à gober toutes ses paroles...

J'aime son intelligence et son humour, ses humeurs politiquement incorrectes, j'aime même le manque de retenue qui, parfois, préside à ses colères...

"Percival Everett par Virgin Russell" est peut-être à ce jour le roman le plus personnel que j'ai lu de cet auteur, et peut-être aussi, du coup, celui où il se montre le moins en colère. Il y aborde, en même temps que celui de la filiation, un sujet ô combien intime, celui de notre rapport à la mort. Celle de nos proches (en l'occurrence ici celle du père, que l'auteur a perdu en 2009), et plus généralement l'évidence de celle à venir, pour chacun de nous.

Une mort que Percival Everett a trouvé le moyen de tenir à distance, stylistiquement du moins : son récit tourne autour, flirte avec le coeur du sujet pour ensuite s'en esquiver, constamment. Par une intrigue sans cesse renouvelée, "rafraichie" par des changements de narrateur, les histoires s'imbriquant les unes dans les autres, on a ainsi l'impression d'un éternel recommencement...

Plongé dans une enchainement de pirouettes narratives, de passages parfois rhétoriques qu'allège une humour omniprésent, le lecteur se sentira peut-être parfois un peu perdu, mais peu importe, la découverte d'un roman de Percival Everett reste toujours un plaisir. En grande partie grâce à sa capacité à mêler savamment l'érudition et la réflexion à l'auto dérision, comme pour nous rappeler que les sujets les plus graves peuvent être évoqués intelligemment sans pour autant se prendre au sérieux.

Et ne vous fiez pas à l'apparent désordre qui régit l'intrigue. On devine, derrière, un dessein. La volonté aussi bien par la forme que par le fond, de nous faire toucher du doigt la dimension à la fois existentielle et dérisoire, intime et universelle, des tragédies individuelles. Tout cela avec la malice et la dextérité qui permettent à l'auteur de jongler avec le sens des mots, pour manier un humour dont lui-même est parfois la cible.

Bref, une fois de plus, j'ai adoré...
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Difficile lecture que celle-là.
Les rapports père-fils ne sont pas simples, ils sont assez décousus, tout comme le livre. Les degrés de narration sont multiples, dans le temps, dans l'espace. Les joutes oratoires n'arrangent rien et les multiples chemins de traverse sémantiques égarent le lecteur dans une forêt de mots qui frise l'écriture automatique. Des histoires hors-champ font irruption au hasard d'un chapitre.
Je ne suis pas versé dans l'expérimentation linguistique et ces exercices de style me fatiguent assez vite. Je suis juste content d'avoir lu cet ouvrage jusqu'à la dernière ligne.
Si quelqu'un peut m'éclairer, je suis preneur mais apparemment peu de lecteurs se sont risqués chez Percival Everett.
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Subtiles cent et une nuits de récit enchevêtré pour apprivoiser la mort à venir d'un père.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2014/12/14/note-de-lecture-percival-everett-par-virgil-russell-percival-everett/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si tu me tues, dit-il, si tu me tues, alors je serai triste, oui, troublé, sans aucun doute, peut-être même furieux, si me tues, et sinon, si tu ne me tues pas, alors je ne sentirai rien, plus rien, à jamais, me dit-il, et ça fait un paquet de temps. Tout du long, il tenait le livre que sa vue défectueuse ne lui permettait plus de lire, pas la Bible ni aucune bible, car jamais, de jour comme de nuit, n’aurait-il lu ni fait semblant de lire la Bible ni aucune bible, mais, sur ses genoux, inutile, sur ses genoux, son exemplaire maculé des Principia Mathematica et il parla de Russell avec ferveur et reconnut qu’il savait peu de chose sur Whitehead à part que son nom était fort malvenu. Je ne peux plus lire ça, dit-il, ce livre, parce que mes yeux ne sont plus bons à rien. Je déteste les analogies, dit mon père, depuis toujours, même les bonnes et il n’y en a pas de bonnes, sauf peut-être celle-ci. Ses paupières se plissèrent sur ses yeux inutiles et il déclara, je suis là, assis, inutile, comme une mauvaise analogie, avant d’ajouter, peut-être devrais-je dire toute analogie, dans la mesure où après ce que je viens de dire, l’épithète mauvaise est superflue. Si tu me tues, si tu le fais, dit-il, alors je ne dirai rien, si tu ne me dis pas que je dis mon histoire, fut ce qu’il dit. Je ne dirai pas au monde que je n’ai pas de fils si tu fais en sorte de ne pas avoir de père, car je ne peux pas marcher ni même trembler, dit-il, Russell était un homme plein de bonté, il l’a montré avec Wittgenstein qui pourtant n’était qu’un trou du cul prétentieux.
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