AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330130848
332 pages
Actes Sud (09/10/2019)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Artiste peintre noir américain, Kevin Pace, la soixantaine, se consacre depuis plusieurs années à un tableau très grand format qu’il dissimule jalousement aux regards de tous, gardant le secret sur ses avancées comme il garde secrets bien des épisodes de sa vie. Mais aujourd’hui, c’est à sa fille de dix-sept ans de lui demander de garder un nouveau secret, le sien.
A partir d’une réflexion fondamentale sur l’ombre et la lumière, les mutations des sentiments... >Voir plus
Que lire après Tout ce bleuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un très fort sympathique cadeau de Noël d'un ami libraire-musicien,
pour un auteur que j'affectionne, découvert en 2008, alors que j'avais
choisi pour un D.U de Documentation & Médiation culturelle, de
réaliser un dossier sur la littérature afro-américaine , juste avant l'élection
d'Obama...

"Est-ce mon chef-d'oeuvre ? Peut-être. Sans doute pas. J'ignore ce que ce mot veut dire. La notion de chef-d'oeuvre a quelque chose à voir avec l'éternité, à tout jamais, paraît-il. Je refuse d'avoir commerce avec ce genre de concepts, non par position philosophique, mais par goût. Peut-être bien que l'éternité d'un chef-d'oeuvre lui permet d'exister hors du temps (...) Mon -chef-d'oeuvre-, apparemment, est l'objet d'une préoccupation intense
de la part de grand nombre de gens. Ce n'est pas agréable de savoir qu'on est plus intéressant mort que vif, mais ce n'est pas non plus si désagréable que ça. "(p. 15)

Un auteur que j'apprécie, mais j'ai eu un peu de mal avec ce dernier ouvrage traduit; repris et abandonné plusieurs fois depuis plus d'un mois... A quoi cela tient: une sorte de désordre ou d'impression de "décousu" dans la narration...un récit éclaté alternant entre la vie personnelle, amoureuse, amicale du narrateur (que l'on devine proche de l'auteur) et son chemin difficile, existentiel vis à vis de sa "peinture"; récit éclaté entre le lointain passé, les années 70, et le présent immédiat !!

Je m'y "remets"... et souhaite qu'un déclic se fasse....afin que je pénètre réellement dans le texte...

"Tu sais, dis-je, je n'aime plus les musées.
-Comment ça se fait ?
-C'est là que l'art vient mourir. "(...) (p. 130)

Ce qui a retenu le plus mon attention sont les digressions sur l'Art, réflexions, sur l'Art par un artiste, qui aborde un très abondant nombre de questionnements sur la valeur, les fonctions, consolations ou réponses possibles de la création artistique....! Perceval Everett offre aussi ses ressentis, ses admirations pour les artistes qui l'éclairent : Monet, Lhote, Metzinger, Léonard de Vinci...et l'interrogent sur son propre parcours , celui-ci, lui restant mystérieux...

"Apparemment, Monet en vieillissant perdit confiance en ses dernières oeuvres et voulut les brûler. Quelle patience d'avoir attendu la vieillesse pour éprouver ce sentiment. Que de différences entre son problème et le mien. Lui se battait pour arriver à rendre par la peinture la clarté de l'eau et l'herbe ondoyant sous la surface. Moi, je me battais pour essayer de comprendre pourquoi diable je peignais. "(p. 49)

Une lecture avec de nombreux points passionnants....me laissant toutefois perplexe, et sur une impression globale partagée... mais comme dirait une charmante camarade babéliote... ce n'est que mon humble avis, donc...subjectif, nécessairement !!
Une relecture, plus tard, m'offrira sans doute un autre regard et une perception plus large, plus dynamique ! ?

Je termine ce modeste ressenti par une phrase qui a tout spécialement retenu mon attention...au vu de son large questionnement existentiel quant à la création et au geste artistique....

"Ce tableau était censé m'aider à comprendre quelque chose, à entrer en relation avec le monde que je n'aimais guère, mais tandis que je considérais mon dilemme, le tableau ne me suggéra rien du tout. "(p. 172)
Commenter  J’apprécie          342
Kevin Pace, un artiste peintre reconnu de cinquante six ans, travaille sur un tableau dont il ne veut rien dévoiler, interdisant l'accès de son atelier à sa femme Linda, ou à Avril, sa fille adolescente. En pleine réflexion sur sa vie actuelle et sur ce que lui a secrètement confié sa fille, c'est la couleur bleue qui occupe son esprit et le malmène. Ses réflexions le plongent dans une instrospection, faisant remonter à la surface deux périodes charnières de sa vie...La première, en fin d'études, quand il a accompagné son meilleur ami Richard, à la demande ce dernier, au Salvador au tout début de guerre civile, après la disparition du frère de Richard. Une deuxième série de souvenirs concerne son séjour à Paris, à l'invitation de son galeriste, c'était il y a dix ans et Kevin avait vécu, sur quelques jours, une grande histoire d'amour avec une jeune artiste aquarelliste française, Victoire.

Introspection, atermoiements, regrets et interrogations constituent l'état d'esprit de Kevin Pace et c'est surtout un face à face avec lui-même et avec les choix qu'il a fait quand il sortait, après ces études avec Linda, avec laquelle il se rassure de vivre une relation harmonieuse, mais ce bleu, symbole de loyauté et de confiance, remet en cause cette union avec le coup de canif au contrat, qui s'est avéré plus qu'un écart, - se révélant comme une vraie histoire d'amour - et il y a ce secret qu'il garde sur le voyage au Salvador et des assassinats dont il a été témoin et quelque fois acteur. Alors comment utiliser le bleu si cette couleur remet en cause ses propres certitudes, celles sur laquelle il s'est construit ?
Un roman à plusieurs niveaux pour cerner cet artiste à qui tout semblait réussir mais qui, à l'évocation du passé, va voir le vernis de sa vie tranquille, craquer. Percival Everett livre une variation sur la construction sentimentale et artistique d'un homme au milieu de sa vie, une prise de conscience lucide, quelquefois amère qui va lui permettre d'affronter le réel et le présent.
Tout ce bleu est roman plus classique que les autres romans de Percival Everett, qui m'a intéressée sans vraiment me séduire et qui m'a laissée sur ma fin, même si j'ai retrouvé son agilité intellectuelle.
Commenter  J’apprécie          340
Bon roman sur l'histoire d'un couple, mais sans plus.

Perceval Everett nous avait habitué à des livres engagés, sur la question des noirs, des femmes, des homosexuels... Rien de tout cela ici. Un livre plus banal, ai-je envie de dire. Pas forcément mauvais, mais qui n'a pas cette touche supplémentaire qui me plaisait chez cet auteur.
Commenter  J’apprécie          160
« Tout ce bleu » ; Perceval Everett (Actes Sud, 330p)
Le narrateur, Kevin Pace, sexagénaire bien installé, quelque peu alcoolique, américain, noir, marié, deux enfants ados et peintre relativement bankable (à prendre dans n'importe quel ordre), va nous compter trois épisodes marquants de sa vie, à quelques décennies d'intervalle ;
- une folle virée au Salvador en plein coup d'état militaire en 1979, pour accompagner son ami Richard qui cherche son frère embourbé là-bas dans une sombre et dangereuse histoire,
- une très brève et passionnelle aventure extra-conjugale à Paris, 20 ans plus tard
- le douloureux secret que lui confie sa fille de 15-16 ans, en lui faisant promettre de n'en rien dire à sa mère.
Il fait s'alterner des bribes de chacun de ces épisodes (qui n'ont a priori strictement rien à voir l'un avec l'autre), les emmêlant dans une chronologie d'écriture assez baroque. Enfin, dans le même temps, au fil du récit, il fait aussi quelques allusions à un tableau immense auquel il se consacre depuis des années hors du regard de tout le monde, la toile étant sous clé dans un grand hangar.
Voilà pour la trame du roman, nouée autour des secrets (que l'on peut peut-être voir comme le seul référent commun aux trois épisodes). Même si je n'ai guère compris le sens de l'entremêlement temporel des différents chapitres, je ne m'y suis pas perdu, j'ai bien accroché à l'histoire, qui ménage ses doses de suspense. Au fil des évènements que traverse Kevin Pace, on fait connaissance avec un type plutôt sympathique et attachant, pris entre ses doutes, ses questions existentielles, son sens de l'engagement, ses bouleversements émotionnels. L'écriture est simple et directe, comme un parler de tous les jours, d'autant que les dialogues sont assez nombreux et rendent la lecture aisée. Et bien sûr, le « héros » étant peintre (comme Everett, lui-même écrivain et peintre), il fait jongler sa perception des couleurs, leur chimie, avec ses ressentis (un peu comme la synesthésie associe chez certains mélomanes musique et couleurs.) Il distille aussi quelques belles réflexions sur l'art, et quelques piques discrètement acides sur le commerce de l'art.
Un plutôt bon roman, vite lu bien lu.
Commenter  J’apprécie          31
L'intrigue se déroule alternativement sur trois pans, plus précisément trois périodes de la vie de Kevin Pace, le narrateur, artiste peintre noir et sexagénaire, qui mène une vie paisible dans une insignifiante bourgade américaine.
1979.
Kevin, alors étudiant, accompagne son meilleur ami Richard au Salvador, à la recherche du frère de ce dernier, qui a disparu dans des circonstances louches, probablement en s'adonnant à quelque trafic. le pays est alors au bord de l'explosion et de la guerre civile. Les deux jeunes hommes ramènent de leur pourtant bref séjour le souvenir de rencontres terrifiantes, de scènes d'horreur, et un lourd secret.
Aujourd'hui.
Marié à Linda depuis trente ans, Kevin est également père de deux adolescents avec lesquels il entretient des rapports devenus distants. Aussi, quand sa fille lui confie un secret qu'elle lui demande de ne même pas dévoiler à sa mère, la torturante mauvaise conscience conséquente à sa promesse de silence se mêle à l'inavouable fierté d'avoir été choisi comme confident.

Dix ans auparavant.
Lors d'un séjour à Paris à l'occasion d'un vernissage, Kevin vit une brève mais très romantique liaison avec une jeune aquarelliste de presque trente ans sa cadette, qu'il n'a jamais avouée à sa femme. C'est à son retour de la capitale française, ébranlé par sa trahison, certain de ne pas vouloir quitter sa femme, mais amoureux fou de l'artiste parisienne, qu'il entame une oeuvre gigantesque, encore inachevée, mise à l'abri des regards dans une grange dont il interdit l'accès à quiconque, puisqu'elle n'aura vocation à être vue que par son auteur.
En naviguant entre ces trois épisodes de la vie du héros, l'intrigue dévoile peu à peu l'ampleur de ses doutes et de ses questionnements. Parce qu'il faut bien dire qu'au départ, Kevin Pace suscite peu d'empathie, car atteint d'une sorte de passivité émotionnelle et d'une réserve qui le met à distance de ses proches comme du lecteur.

Derrière la sérénité trompeuse que peut laisser supposer sa nature peu expansive, de subtils indices témoignent d'un mal-être que lui-même peine à identifier : son addiction ponctuelle à l'alcool, ses questionnements sur le sens de sa vie, la légitimité de son couple ou ses relations avec ses enfants. Et que révèle cet évitement systématique du bleu dans ses oeuvres, cette couleur que tout le monde aime, qui représente la confiance, la loyauté, mais le met terriblement mal à l'aise, et qu'il ne sait maîtriser ?

Ses interrogations sur l'art sont elles aussi permanentes : doit-il être utile ? Et si oui à qui ? Au public ou à l'artiste ? Doit-il être une consolation ou un exutoire ? Que vaut l'oeuvre d'un artiste qui l'estime lui-même sans valeur ? Car le succès que connait Kevin lui paraît surestimé, face à des tableaux qu'il juge de plus en plus prévisibles, et ce sentiment d'être illégitime en tant qu'artiste constitue autant une insulte qu'une blessure. On devine d'ailleurs que l'élaboration de son oeuvre cachée est une tentative de produire de l'art pour lui-même, indépendamment de toute contrainte liée à sa diffusion, à sa valeur mercantile.

Quant aux deux secrets ramenés de ses séjours au Salvador et à Paris, ils ne se révèlent finalement pas si importants que celui qui a de manière inconsciente accompagné toute sa vie de couple, et qu'il ne s'avoue à lui-même que bien tardivement, en réalisant que la plupart des choix qu'il a faits -se marier, avoir des enfants, se montrer responsable et conforme à un modèle parental acceptable- étaient davantage guidés par la volonté de répondre à une certaine normalité, que parce qu'il les souhaitait vraiment.

Les pistes de réflexion initiées par Percival Everett sont pour la plupart très intéressantes, mais pâtissent de l'éparpillement conséquent à son choix narratif. En alternant ainsi les époques, son intrigue adopte un rythme qui l'empêche souvent de traiter ses sujets en profondeur, et de donner une véritable consistance à son personnage, même si la dernière partie, plus longuement focalisée sur le présent, compense un peu.

La lecture reste tout de même plaisante -un titre de Percival Everett, même "mineur", ne peut pas être mauvais !- mais décevra sans doute les fans de l'auteur, parmi lesquels je m'inclue.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
LeMonde
19 novembre 2019
En maître des secrets et du suspense, Percival Everett dissémine dans « Tout ce bleu » traces, indices et pistes au fil des chapitres, tel un impressionniste.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce mon chef-d'oeuvre ? Peut-être. Sans doute pas. J'ignore ce que ce mot veut dire. La notion de chef-d'oeuvre a quelque chose à voir avec l'éternité, à tout jamais, paraît-il. Je refuse d'avoir commerce avec ce genre de concepts, non par position philosophique, mais par goût. Peut-être bien que l'éternité d'un chef-d'oeuvre lui permet d'exister hors du temps (...) Mon -chef-d'oeuvre-, apparemment, est l'objet d'une préoccupation intense de la part de grand nombre de gens. Ce n'est pas agréable de savoir qu'on est plus intéressant mort que vif, mais ce n'est pas non plus si désagréable que ça. (p. 15)
Commenter  J’apprécie          100
Il y avait très longtemps, quand je lui avais demandé de m’épouser, je crois que c’était ma tristesse et ma mélancolie profondes qui l’avaient fait accepter. Elle était romantique et je soupçonne qu’elle devait croire qu’elle pouvait me sauver. Je soupçonne que je pensais la même chose.
Commenter  J’apprécie          160
Ce qui est vraiment triste, c'est que, m’étant éloigné de ma femme et de mes enfants à cause de l’alcool, je ne revins pas vers eux en arrêtant de boire, mais campai à l’extérieur, sur une île non cartographiée, au milieu de moi-même. Néanmoins, égoïste que j’étais, j’allais mieux, et me sentais plus fiable.
Commenter  J’apprécie          130
Nous entrâmes dans une grande salle abritant des oeuvres de Metzinger et de Lhote qui me laissèrent de marbre, à la façon d'un artiste peut être imperméable à l'art, ce qui me rendait toujours un peu triste, et me faisait un peu honte. (p. 114)
Commenter  J’apprécie          160
Après la naissance d’Avril, nous emménageâmmes dans une ferme massive de style Nouvelle-Angleterre. Des pièces carrées disposées dans un plus grand carré avec des rectangles, le tout planté dans un grand terrain carré. Elle était fonctionnelle, bien carrée. Simple et de bon goût. La nouvelle maison mit de l’ordre dans ma vie, dans mon travail, et cela me fit du bien.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Percival Everett (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Percival Everett
AMERICAN FICTION | Official Trailer
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5263 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..