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Critique de Bellonzo


Très beau roman,sombre et brusque d'un auteur français que je découvre. Les spadassins est une grande réussite du roman sur fond historique qui conjugue le regard sur la brutalité d'une époque,les Guerres de Religion, et le récit d'aventures et de combats refusant totalement,et à ce point là c'est rare,le picaresque qui enjolive parfois un peu trop ce type de littérature.Jean-Baptiste Evette confie la narration de cette histoire à Antonio Zampini,bretteur italien assez lettré pour devenir l'homme de confiance et le chroniqueur de Guillame du Prat,baron de Vitteaux en cette fin de XVIème Siècle. le royaume de France est à feu et à sang et s'ils s'engagent du côté du roi et du parti catholique ce n'est certes pas par conviction papiste.La seule fougue qui stimule Vitteaux,c'est le goût de la bagarre,très en vogue à l'époque où le fratricide était un art majeur dont l'exemple venait de très haut.


Car de religion ou de foi point n'est question dans ce qui ressemble parfois au journal de bord d'une bande de brutes rappelant certains univers de westerns, plutôt à l'italienne,ou fin de mythologie.Très loin d'Alexandre Dumas où l'on a du chevaleresque,du preux, Evette nous présente ses combattants,courageux certes mais n'hésitant pas à tirer sur un fuyard ou à trucider au coin de la rue,rue bien peu avenante en ces années de Saint Barthélémy.Car si la Saint Bart est la star incontestée de ces années obscures on assiste à une multitude de sympathiques petits massacres sans importance,où l'on trucide le parpaillot,même pas gaiement d'ailleurs.Certes le huguenot n'est pas en reste quant à brûler et dévaster.


Zampini,qu'il ne faut pas trop sanctifier parce qu'il sait lire et écrire,est en fait fasciné par le baron de Vitteaux,que rien n'arrête,et que rien n'intéresse hors les lames et à la rigueur,les aventures sans lendemain.Des lendemains il n'y en aura pas pour tout le monde,même pas pour les grands,Coligny, Guise, Charles IX ou Henri III. Mais Vitteaux semble protégé par un quelconque talisman alors que ses proches rejoignent le paradis ou l'enfer, romain ou protestant.J'ai aimé ce livre aussi pour son vocabulaire très riche. D'ailleurs pour défendre la langue française je suis prêt moi-même à tirer de l'émerillon ou du fauconneau,voire du basilic,coiffé d'un morion. La guerre a parfois de bien jolis mots. On pense un peu à La Reine Margot mais on est aux antipodes de ce brave Alexandre.Alors on pense à l'autre Reine Margot, celle de Patrice Chéreau. Pour la brutalité et l'effet "soudard" on a un peu de ça,c'est vrai.Mais débarrassé des intimes obsessions du metteur en scène. Si vous ne craignez pas de chevaucher et ferrailler, claquant des dents, affamé et crotté, foncez dans les sillage des Spadassins. Eux au moins ne vous donneront pas de leçon de morale.
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