Léa est très active. Illustratrice de livres pour enfants, elle gagne sa vie grâce à des travaux alimentaires : création de logos et publicité pour des firmes. Mais elle ne désespère pas de voir publiées les aventures de Marcello, un joli petit lapin. Pour garder la forme, elle fréquente un club de sport. Et là, un soir, elle entend un appel au secours. Oui, Léa est gentille et serviable, mais elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Et la femme qui appelle à l'aide est grossière et agressive. Ce qui irrite Léa. C'est pourquoi elle aura affaire à Rodolphe, un policier tiraillé entre les exigences du métier, un petit garçon pas comme les autres et une ex-maîtresse inquiétante.
Que dire à propos du roman de
Stéphanie Exbrayat ? J'ai peur de divulgacher et je ne veux pas révéler des éléments que vous aurez plaisir à découvrir quand vous lirez «
Colère assassine ».
L'auteure ne nous plonge pas d'emblée dans le coeur de l'histoire. Elle prend son temps pour nous permettre de faire la connaissance des protagonistes. Il y a d'abord Léa. Si on la présente comme colérique, je ne suis pas d'accord. Elle ne se laisse pas faire ? Bien sûr que non. Mais, à mon avis, elle est déjà bien plus patiente que moi. Après une rude journée de travail, la voici enfin assise dans une rame de métro bondée. En face d'elle, un enfant mal éduqué. Non. Je me trompe. Pas éduqué du tout serait plus juste. Il pousse des cris stridents tout en bourrant Léa de coups de pieds si violents qu'elle craint pour ses bas. « Sa mère assise à côté de lui (…) semblait ne rien entendre. Son attention était monopolisée par le clavier d'un téléphone portable. » Tout en martelant les jambes de Léa, le gosse fait « rouler une petite voiture rouge sur la vitre. Dans un bruit de moteur ses lèvres projetaient la morve en pluie. » Mais Léa, bien que bouillonnante, ne réagit toujours pas, jusqu'à ce qu'un « gros postillon glaireux s'écras[ât] sur son écran. » Je ne sais pas quel ange de patience pourrait supporter tout cela sans réagir. Pour ma part, il y a longtemps que j'aurais exterminé cet affreux moutard ! Quant à la mère, elle invective Léa qu'elle traite de « bouffonne » et de « connasse » avant de la menacer physiquement. Si Léa réagit vivement, elle a bien raison !
Puis, il y a Rodolphe. Policier, mais surtout papa seul d'un petit garçon, mutique depuis qu'un drame a endeuillé ses cinq ans.Cela fait des semaines que Rodolphe est harcelé sans relâche par une fille avec laquelle il a eu une brève aventure. Elle devient haineuse, menaçante : « Je sais où t'habites. Je te jure que tu vas le regretter ! »
Et puis, il y a Adeline. Sous son apparence séduisante se cache un démon dont on ferait bien de se méfier. D'emblée, elle apparaît comme très dangereuse et, au fil du récit, se montre de plus en plus terrifiante.
Les chapitres, assez courts, ont tous pour titre le nom d'un des trois personnages et la tension monte jusqu'à atteindre le paroxysme dans les dernières pages.
Stéphanie Exbrayat sait distiller habilement son suspense en l'entrecoupant de scènes décontractées (quelques jours de vacances entre soeurs pour Léa et Bénédicte) ou pleines de douceur (quand Léa raconte les aventures d'un petit lapin à Gabin).
Les personnages ont de l'épaisseur, on peut facilement comprendre leur psychologie et s'identifier à eux (à l'exception, bien évidemment, de la serial killeuse!)
Certes, Léa abandonne une femme en détresse à son triste sort. Mais franchement, qui aurait envie de rester près d'une personne qui lance « c'est pas possible d'être aussi bête ! », « Mais démerdez-vous espèce de conne ! » à quelqu'un qui fait tout ce qui est humainement possible pour l'aider.
Ce qui m'a tout particulièrement touchée, c'est l'affection et la complicité qui lient les deux soeurs. Les miennes sont très importantes pour moi. Et quand Léa s'occupe d'un chien abandonné, cela m'émeut car j'aime beaucoup les animaux. Bien qu'elle dise ne pas avoir d'atomes crochus avec les enfants, elle s'occupe pourtant avec patience et tendresse de Gabin.
Au centre du roman, le danger des non-dits. Plusieurs fois, des mots qu'on ne prononce pas entraîneront des catastrophes.
Ce livre m'a énormément plu (j'ai d'ailleurs immédiatement acheté le premier ouvrage de l'auteure).
Pourtant, j'ai un reproche à lui adresser : il est rempli de fautes d'orthographe qui me perturbent. Par exemple : « pour tout le monde, se serait la stupeur », « dis comme ça... c'est un peu... réducteur. », « un blaid pourri ». Ou de syntaxe : « Elle disait qu'elle n'y avait pas de clé » ou « Elle supputait les hommes préférer les filles imparfaites . »
Si cela ne vous dérange pas, foncez, vous ne le regretterez pas. Et si, comme moi, cela vous dérange, foncez quand même, car l'histoire en vaut la peine et vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière page.
Merci à l'Opération Masse critique de Babelio ainsi qu'à la maison d'édition de Borée Marge noire qui m'ont permis de découvrir cette lecture passionnante.