Chronique himalayenne bâtie chronologiquement avec des mots sans couenne et sans gras, la pensée saisit, sur le vif et sans temps mort, le déroulement d'un trek au Népal, dans la région des Annapurna, plus précisément au Gyaji Kang, sommet inviolé. le récit se lit avec plaisir car les phrases bien cadencées possèdent le bon tempo. le ton est railleur et chacun en prend pour son grade. Nul n'est épargné, pas même le narrateur, « Yann, 47 ans, marié intermittent ». Toutefois, le persiflage met à nu les travers des trekkeurs et rend leurs équipées totalement décalées dans un pays pauvre s'adaptant aux exigences d'un tourisme friqué. le lecteur sourit souvent aux vacheries qui viennent se nicher là où on ne les attend plus. Marie-Jo, bobo acariâtre de 51 ans, « quelques pellicules collées aux cheveux gras », qui amène dans ses bagages son « thé à la bergamote de chez Fauchon » va essuyer la buée sur les verres en cul de bouteille de ses lunettes ainsi que les piques assassines de Yann mais les rebondissements seront inattendus, du restaurant stylé le Krishna Pan à l'hôtel Baktapur. Yann sera bien obligé de revoir sa copie car rien ne se passera comme prévu, ni son retour admirable chez les siens, ni le renflouement de son entreprise déclinante. Il lui faudra trancher dans le lard là où ça fait mal mais naturellement, l'échappée belle au pays du sourire se clôturera ou plutôt s'ouvrira sur une promesse d'embellie.
Commenter  J’apprécie         30
Petit bijou de cynisme, ce ivre raconte une expédition sur un des 7000m de l'Himalaya,une expédition de touristes. L'auteur nous décrit avec beaucoup d'humour et de décalage les situations du groupe ou chacun a sa propre motivation et sa propre façon de se sociabiliser...
Le récit compté en "je" par un narrateur faisait partie du groupe est vivant et stimulant, on ne s'ennuie jamais même si le récit de montagne proprement dit passe souvent en second plan au profit de la vie du groupe et de ces aléas...
Une écriture fluide dans un ton cynique pour un récit qui dépayse... Idéal en période de vacances!
Commenter  J’apprécie         30
C'est toujours pareil avec ces souvenirs, on les trouve extraordinaires dans leurs pays d'origine mais dès qu'on les délocalise, ça ressemble à une fausse antiquité de supermarché qu'on ne sait pas où mettre.
(p. 150)
Les offrandes sont portées aussi bien à Bouddha qu'à Shiva ou à Krishna.On ne sait jamais. ça doit faire du monde là-haut sur la montagne. Et j'espère qu'ils ne se jalousent pas les uns les autres, sinon ça va être une sacrée foire d’empoigne quand on va se pointer!
(p.78)
Nous n'avons pas l'habitude de ces altitudes qui nous obligent à puiser dans des niveaux de fatigue extrêmes. Personne n'a réalisé de réel exploit, mais chacun à sa façon est allé chercher loin,très loin les ressources qui l'ont porté jusqu'ici.
(p. 127)
aucun exploit dabs aucune voie ne vaut la vie d'un homme
(p.118)