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EAN : 9782072994029
448 pages
Gallimard (05/01/2023)
3.32/5   17 notes
Résumé :
Lorsqu’un enfant découvre que le père Noël n'existe pas, un ange vient lui conter une histoire. Quatre émissaires envoyés sur Terre pour annoncer une naissance, quatre rois en témoins, mais les hommes n'en retiendront que trois.
Le quatrième, Bjørn, élevé dans le sang de ses frères vikings, est rattrapé par ses démons. De contres en rencontres, il entame un périple qui le ramène à son passé de violence, à savoir si sa vie le décide ou s'il peut se choisir.>Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La légende parle d'un homme qui, à l'instar des trois Rois mages (Gaspard, Balthazar et Melchior), devait être le témoin d'une naissance et donner un cadeau au nouveau-né. Cependant, ce quatrième ambassadeur arriva en retard. La famille et l'enfant ayant fuit la fureur et le massacre d'Hérode, il ne put accomplir la mission qui lui était confiée. Ce serait-il perdu en route ? Quelque chose ou quelqu'un l'aurait-il retenu ? La légende ne le dit pas, mais le quatrième Roi Mage aurait alors distribué les cadeaux, initialement destinés à Jésus, à chacun des enfants qu'il croisa.

Qui aurait pu prévoir qu'en ouvrant le Quatrième Roi Mage, l'interprétation (et premier roman) d'Antonio Exposito, j'allais tomber sur l'histoire du père Noël digne d'une tragédie shakespearienne ? Que j'allais tomber sur la lecture la plus bouleversante de ma vie ? Que cette histoire allait me faire éditeur ?

Je me suis baigné dans le régicide et le fratricide, je me suis écorché sur le rasoir des lignes du destin, j'ai plongé dans le cauchemar d'un homme hanté par la grande gueule d'une hydre, j'ai été témoin d'un amour aussi puissant que dévorant.
J'ai surtout vécu un récit initiatique à l'envers, une trajectoire qui ne se conclue pas par un accomplissement ou un acte de bravoure. D'emblée, j'ai été avec un personnage qui avait cela, et c'était sa folie. J'ai vu celui qui choisit le Don pour se par-donner ses retards, sa faiblesse et ses manques.
J'ai retrouvé une femme au nom d'Amour, un personnage féminin fascinant qui m'a bouleversé par son regard sur le monde. Et son livre est retranscrit ici.
J'ai écouté un conte magnifique décrivant un geste pur, un acte sans compromis, splendide, pour en percevoir son revers.

Parce que j'aime philosopher – en amateur – je crois avoir lu la preuve, par l'épreuve que traverse le héros de cette histoire, du non-avènement du « Surhomme » et la fin de « l'éternel retour » Nietzschéen.
On ne peut s'en rendre compte que rétrospectivement, mais ces idées ont finalement malmené ma vie de jeune-homme qui se voulait toujours mieux, toujours plus, à (se) dépasser, à (se) surpasser, sans faille, sans tache, sans aspérité, et n'être que « Volonté de Puissance » et qu'importe si cette volonté écrase l'autre, mettant de fait de la distance entre moi et le monde.
Si le personnage de Bjørn / Nol incarne le Surhomme – l'absolu d'un contre / l'absolu d'un pour – vous verrez le prix de son éternel retour.

C'est pourquoi à travers ce texte, par l'expérience qu'il m'a donnée à vivre, j'ai pu saisir le fond de ces idées nécessairement déformées par ma compréhension et mon sensible, et j'ai vu émerger de nouveaux possibles, tant philosophiques que théologiques.
J'ai espéré cet homme sans majuscule. J'ai voulu, pour lui, qu'il trouve comment s'inscrire en ce monde, tel que chacun est, permettant ainsi de le faire ensemble, tel que nous sommes.
Je me suis saisi d'une nouvelle idée : « l'éternel détour » de nos humanités, et de cette spirale ouverte aux deux bouts dont m'a tant parlée Antonio, cette spirale qui bat du coeur vers l'extérieur et de l'extérieur vers le coeur dans un même mouvement.

Ce fut ma compréhension de ce texte.

Il faut savoir que la lecture du Quatrième Roi Mage est exigeante. Accéder à cette histoire nécessite une attention de chaque instant et, paradoxalement, « un lâcher prise ».

Le premier tirage d'un livre ne sera jamais exempt de coquilles malgré tous les moyens mis en oeuvre pour vous tendre un contenu sans fautes. Néanmoins, nombre de « fautes » n'en sont pas. Dans son usage du langage écrit, Antonio nous force à nous tordre en tordant le commun de notre discours, enchâssant ses phrases, enchâssant sa pensée en détours pour nous mener là où on ne l'imaginait pas. Il nous force à mettre en doute ce que nous connaissons de l'écrit et de ses règles, pour faire émerger une musique et un sens qui lui sont propres.

Mon travail d'éditeur ne fut et ne sera pas de vous amener aux mêmes conclusions que moi, mais que votre lecture de cette histoire ne soit que le commencement de votre parole.

« Une histoire est de rencontres qui rendent conte. […] Elle voyage plus loin, en qui l'a entendue, elle attend un nouveau souffle pour se redéployer. Son silence est son commencement en nous, son silence nous rend notre parole… En espoir d'un deux-venir entre le disant et l'entendant : le lien. Celui dont la voix est le fil et l'oreille le noeud. Une bonne histoire prologue, puis prolonge ces deux-là. Les mots ne sont que la partie émergée d'un rêve commun qui se transmet, et ils répéteront de voix en voix, en l'accent de chacun, le message. Une bonne histoire fait le lien, mais aussi délie l'élan. » p.266.

Quoi que vous trouviez dans le Quatrième Roi Mage, il est difficile de passer, indifférent, au travers. Soit on le rejette totalement, soit on fait une plongée vertigineuse dans une parole nouvelle. Il faudra probablement du temps, beaucoup de temps, pour comprendre de quelle façon ces mots nous saisissent ou pour quelles raisons nous les refusons. Et quoi qu'on en pense, il y aura une marque, parfois au plus profond.
Je vous souhaite une agréable lecture.

Jérémy Eyme
Fondateur des éditions du Panseur

(propos à retrouver dans la note de l'éditeur écrite pour le premier tirage du Quatrième Roi Mage d'Antonio Exposito)
Lien : https://www.lepanseur.com/bl..
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On parle souvent d'OLNI (objet littéraire non identifié) un peu partout dans les critiques littéraires et ce pour des romans qui ne sont que difficiles à résumer ou qui présentent un style un peu plus affirmé que d'habitude. J'ai toujours trouvé ce terme terriblement galvaudé et surfait, comme le reflet d'une littérature qui peine à se renouveler dans sa forme comme dans son contenu, et d'un lectorat qui crie à la soucoupe volante dès que pointe un petit peu d'originalité.

Mais pour le Quatrième Roi Mage, je ne trouve aucun autre terme que celui-ci : OLNI.
En effet, il s'agit d'un roman qui empreinte sa forme au conte, au théâtre Shakespearien, au roman chorale, à l'introspection, la prose et la poésie. Il s'agit d'une histoire qui tente le pari de contenir toutes les histoires pour les retranscrire en une seule, celle avec un grand H, comme notre humanité contient tous les individus en son sein. S'y mélangent alors la naïveté du conte de Noël avec la douleur du sacrifice, la violence des guerriers vikings, la douceur d'une histoire d'amour, les mythes fondateurs et les religions monothéistes, le tout saupoudré de philosophie Nietzscheenne et anti. On y retrouve un kaléidoscope incroyable de tout ce qui fait nos héros, de tout ce qui les ramène à leur condition d'hommes. Et l'ensemble est rêvé par une plume déroutante et étonnante, une écriture à la lisière d'un autre langage.

Un livre à lire avec lenteur, en se laissant bercer, et qui infuse bien après la dernière page.
Un livre à relire pour mieux s'en saisir, que l'on pourrait presque analyser tant il est dense et complexe.
Bref, un grand roman hors du commun et une expérience de lecture qu'on ne rencontre qu'une seule fois.
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Livre acheté dans le cadre du salon de "l'antre du livre" à Orange. Je vais être honnête je ne m'attendais sûrement pas à ça lors de la lecture. Tout d'abord, j'ai eu peur que le côté "théâtral" soit un peu déroutant au début ( avec le nom des personnages remplacés par des signes typographiques). Au final au bout de plusieurs chapitres on prend l'habitude et il suffit juste de mettre un marque page sur chaque début de partie où sont indiqués les personnages !
Je pense que la plus grande force du livre est son "style" d'écriture. On m'avait dit lors de la présentation "si vous voulez de la belle écriture vous allez être servi" et bien je pense que je n'ai rarement été aussi bien servi. L'emploi des mots, des images, des différents jeux de mots (conte et rencontre, parer et réparer...) est un véritable miel, une sucrerie.. ou même un sucre d'orge... pour qui fait un tant soit peu attention aux belles phrases. On sent que les auteurs y ont mis leur coeur et qu'aucune phrase n'a été laissée au hasard. Même si je pense que ce style d'écriture peut aussi en dérouter certains, ça reste pour moi le plus gros point fort du livre.

Ensuite, pour en venir, à ce que j'ai peut-être un peu moins aimé (un chouilla), je dirais l'histoire. Je trouve que vers le milieu du livre il y a un petit creux qui est largement rattrapé ensuite. En réalité ce qui prime bien avant l'histoire est avant tout la psychologie de Nol, à laquelle beaucoup de personnes peuvent s'identifier. Tout l'intérêt est dans la psychanalyse de ce personnage.

Voila. Je conseille vraiment ce livre ne serait-ce que pour les amoureux de la langue, des mots, et de la poésie. Pour ceux qui ont étouffé le cri de celui qui tenait ses billes agathe dans la paume de sa main sur un toit. Pour un voyage au coeur de la braise et de la paille.

Ne pas oublier de lire le mot de l'éditeur également !
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Je ne parviens toujours pas à décider si j'ai aimé ou non. La trame narrative est originale et l'histoire de ce quatrième roi mage est épique et magnifique. En revanche, j'ai eu beaucoup de peine avec le style de certains longs passages au contenu plutôt philosophique. le discours introspectif des différents personnages ne m'a pas vraiment parlé mais je vois bien que sans lui ce livre ne serait pas.
J'en garde donc un souvenir mitigé. Entre des passages difficiles et une histoire générale que j'ai vraiment beaucoup aimé.
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Un OLNI oui, qui traverse toutes les frontières géographiques, littéraires et cosmiques :)

Je me suis laissée embarqué par les voix qui peuplent ce livre, je n'ose pas dire roman, car c'est plus que cela, une odyssée, au style fantastique, fantaisiste, au fond à la fois humain et spirituel. Les batailles sont magistrales, bref, tout est démesuré et m'a littéralement emportée sur un traineau volant bien au-delà de ce que j'avais imaginer. Attention quand-même, parce que l'atterrissage dans les dernières pages est fracassant !

J'attends avec impatience le prochain livre d'Antonio Exposito prévu en 2021.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une histoire est de rencontres qui rendent conte. [...] Elle voyage plus loin, en qui l'a entendue, elle attend un nouveau souffle pour se redéployer. Son silence est son commencement en nous, son silence nous rend notre parole... En espoir d'un deux-venir entre le disant et le lisant : le lien. Celui dont la voix est le fil et l'oreille le noeud. Une bonne histoire prologue, puis prolonge ces deux-là. Les mots ne sont que la partie émergée d'un rêve commun qui se transmet, et ils resteront de voix en voix, en l'accent de chacun, le message. Une bonne histoire fait le lien, mais aussi délie l'élan.
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Je ferai une histoire qui sera de chair, un acte qui percevra d'une langue concrète l'oreille fermée... et en premier, je poserai ses lèvres sur les écoutes ecloses pour empêcher qu'elles ne se recroquevillent. Je ferai une histoire qui sera aussi ferme que le fer.
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Pour comprendre l'entièreté d'une histoire, il te faut revenir à la faim qui l'a fait naître, au besoin d'y répondre.
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L'or est ce que l'on fait désirer. D'avoir, pour le plus médiocre ; d'être, pour le plus fou.
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L'ordinaire, c'est ce qui se ressemble au nombre, ce qui n'a pas assez de lumière pour ne pas y sombrer, mais à l'eclairer, son unique un peu se voit.
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