VIVRE DANS LA BEAUTÉ : UN MAGNIFIQUE ET SURPRENANT LIVRE
Je ne connais ni
Robert Eymeri, ni ses deux livres précédents, dont le dernier a obtenu le prix Alef en 2017. Il doit donc bien écrire et être intéressant. Et en plus, il fut le premier directeur des formidable éditions du Relié ! Il fut disciple de Jean Klein et
Luis Ansa. C'est un beau c.v.
Cependant, avec un titre comme celui-ci, «
Vivre dans la beauté. Une spiritualité sensitive pour les femmes et les hommes d'aujourd'hui« , je me demande ce que l'auteur avait de neuf à nous proposer, étant donné que depuis Woodstock et ces années-là, « la sexualité libérée », spiritualité et sensibilité vont bien ensemble. Mais sensibilité n'est pas forcément sensualité. Nous regarderons ce qu'on trouve dans ces pages.
Et puis, je reconnais que ce thème-là, présenté ainsi, ne m'a pas forcément enthousiasmé, mais les a-priori doivent être surpassés, et surtout, j'ai un principe, question d'honneur : je parle de tout ce que je reçois, par respect pour les auteurs, les lecteurs et les éditeurs – même si parfois, je peux mettre très longtemps à le faire. Je tenais à rappeler ceci. Et comme d'habitude, j'ai bien fais de dépasser mes a-priori, car ce bouquin, est il est vraiment bien.
Donc l'idée première, c'est de «
vivre dans la beauté », en nous proposant « une spiritualité sensitive pour tous et adaptée » à notre époque de dingos, avec bienveillance.
Pour reprendre la table des matières, il est question dans ce livre : d'intériorité, de dynamique féminine, d'oubli de soi, de suivre un enseignement, de se réconcilier avec soi-même, de réhabiliter le corps, de l'aspect sacré de la sexualité, de l'émotion, des pensées, d'aller vers soi, de réenchanter le monde, d'être présent, de la relation et de la libération, d'oser être soi-même, de prendre soin, et de l'amour. En somme, je n'avais pas tort en présupposant. Ce sont des thématiques qui ont pris naissance dans les années 1960 à 80. Et c'est un très beau programme !
Robert Eymeri souhaite nous faire part de son « Art du sentir », né de l'enseignement « féminin » et sensuel de
Luis Ansa; qui a suivi auparavant celui de Jean Klein, et qui suivi après Ansa, des figures du Christ et de Marie, et du mysticisme chrétien, qui sont fortement présent dans ce livre.
Robert Eymeri nous en dit ceci : « Ce livre parle de la relation que l'on peut avoir avec ce qui, en nous, est plus grand que nous. Il nous invite à ne pas rester dans notre inertie, dans notre solitude, dans le monde étroit de notre mental et de notre égocentrisme. Il nous propose de sortir de la peur et de nous ouvrir à l'abondance de l'amour, un amour qui ici n'a pas de contraire et n'est pas l'opposé de la haine; un amour qui nous apprend une autre façon d'être au monde, sans compétition, sans ennemi, sans bouc émissaire, sans victime et sans bourreau ». Est-ce ambitieux ? Cela a-t-il déjà été écrit ?
Ce livre de
Robert Eymeri, c'est aussi et encore un signe que tout va mal et qu'il faut guérir et peut-être aussi, qu'il nous faut « réparer le monde ». Tout n'est peut-être pas perdu, « tant qu'il y aura des hommes » pour proclamer le contraire, tant qu'il y aura de la foi et de l'espoir dans un monde meilleur. Mais si cela était possible auparavant, pourquoi n'avons-nous pas réalisé un monde meilleur précédemment, avant que tout ne chute et que l'on se retrouve pris dans le marais de bitume, tels des mastodontes de la préhistoire ? Ecrire, déclamer, est-ce suffisant, si les « élites » ne veulent rien entendre ni rien faire ? Pourquoi « ceux qui pouvaient » n'ont rien fait ?
Robert Eymeri poursuit, et abonde dans mon analyse : « Nous vivons aujourd'hui une époque charnière. D'un côté, se joue une fin de civilisation avec ses violences quotidiennes, ses barbaries et ses catastrophes annoncées; et d'un autre côté, émerge le désir d'une nouvelle humanité, plus sensible, plus respectueuse du vivant et de notre environnement. Face à cette situation, nous pouvons refuser de voir ce qui se passe et essayer coûte que coûte de continuer à vivre comme on a toujours vécu; nous pouvons également opter pour la peur et les discours de fin du monde; ou croire que nous sommes fondamentalement impuissants et qu'il en a toujours été ainsi. Mais nous avons aussi une autre possibilité : suivre cet appel intérieur qui nous invite à grandir, à changer de niveau de conscience pour entrer dans l'expérience de la présence« .
Lire ce très bel ouvrage de
Robert Eymeri, c'est suivre son chemin, qu'il décrit, et ce qu'il développe de son chemin : une réflexion sur sa vie. C'est presque un récit, et presque un essai. C'est un bon livre, sincère et touchant, beau en lui-même, franchement. Ce point de vue chrétien rafraîchit, cette petite exégèse aussi. C'est un livre qui nous propose de guérir spirituellement, par l'Amour notamment.
Robert Eymeri, à l'inverse de tant d'auteurs dans ce domaine, réussit formidablement ses analyses, ses synthèses et sa réflexion. le ton est plaisant, et cela fait du bien de lire tout cela. Nous vivons une époque en grande demande d'amour, dont le Christ Jésus fut le plus grand donateur, et son amour total pour l'humanité changea le cours de l'histoire. Mais se libérer de nos existences, va-t-il changer le monde en bien ?
Merci en tous cas,
Robert Eymeri ! Je place son livre, un des meilleurs de 2019, dans mes Coups de coeur : lisez-le ! Et l'image de la colombe immaculée s'envolant, sur la couverture, est fabuleusement symbolique, et très bien choisie.
Bonne et très agréable lecture !
ZUIHÔ
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