Se perdre est le moyen de trouver de nouveaux chemins.
Je ne parviens pas à concevoir comment une chose si extraordinaire que l'âme pourrait abdiquer face à une réalité aussi matérielle que le temps.
Quelle tristesse de porter un nom, d'exister sans se connaître soi-même, sans s'être trouvé. (...)
As-tu tellement besoin des hommes et des dieux? Tout ce que tu as fait, l'as-tu jamais accompli autrement que par toi-même? La voie qu'il te reste est la plus belle de toutes, la plus lumineuse : celle de la vérité et de la liberté, où la clarté émane de l'homme et non des dieux qu'il implore.
« Alors que ses yeux verts me fixaient avec intensité, j’avais senti ma haine s’effacer devant un autre sentiment qui n’avait pas sa place dans la salle aux murs nus où je rencontrais les futurs sacrifiés. J’étais attiré par cette jeune femme… Sans la présence des deux gardes qui la tenaient durement par les poignets et grâce auxquels je m’étais repris, je lui aurais sans doute demandé son nom. Fière, la captive dardait sur moi un regard de glace où brûlait un brasier de colère. De colère, pas de haine. Fier, je lui rendais son regard avec la même froideur, alors que mon esprit bouillonnait de sentiments contradictoires et qu’une étrange chaleur se répandait dans mon cœur endurci. Elle avait craché à mes pieds avec un mépris évident. En moi, la haine avait balayé, piétiné ma compassion naissante. J’avais résisté à grand-peine à l’envie de la gifler. Aucune femme ne m’avait jamais défié si ouvertement, mais un Sacrifice devait rester intact… Je n’avais plus envie de lui demander son nom. Je voulais l’amener à Gillameth au plus vite. Tel était mon devoir de Bourreau. Je décidai de le remplir. De la conduire au temple d’Ezrola. Ce que je fis. Ignorant qu’elle se prénommait Aélis. Et que la mener à la mort changerait ma vie, bouleverserait mes croyances et transformerait mon âme.
Pourtant, si tout était à refaire, je donnerais n’importe quoi pour être à nouveau son Bourreau. »
Les hommes se complaisent dans leurs chants divins et dans l'austérité de leurs chapelles, tout en ignorant de manière volontaire qu'ils sont les seuls à interférer réellement, matériellement, dans le cours de leur vie. L'homme qui a faim et achète un pain agit. L'homme qui part de chez lui pour vivre de grandes aventures agit. L'homme qui navigue sur les océans du Géhan agit. L'homme en prière se contente de subir. De subir son aveuglement.
Pour ma part j'ai trouvé ce roman très intéressant. On est directement plongé dans l'histoire, c'est très bien écrit et le plus important pour moi : les personnages ont de la profonder, contrairement à certains romans où seuls les monstres, les paysages ou les batailles sont décrits. On connait leur pensée, et je trouve qu'avoir les pages du journal de Cyrus est très intéressant, ce n'est pas du tout ennuyeux, c'est ce que je préférais lire ^^.
On connait les personnages en même temps qu'eux se connaissent et peu à peu la carapace de Cyrus se fissure, ce que j'apprécie.
De plus, pour un roman de fantasy, je trouve qu'il y a relativement peu de "monstres" ou de magie, ce qui est aussi intéressant car parfois les auteurs vont "chercher un peu loin".
En résumé, je conseille ce roman aux amateurs de fantasy, ou même aux autres lecteurs car comme j'ai dit, il n'y a qu'un fond de magie, etc.
Si je devais mettre une note, je mettrais : 4,5/5 ! Allez 5/5 !