AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782754305976
Livre Actualité (20/03/2017)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Tout le monde se plaint du capitalisme et de ses dérives mais, depuis que nous sommes enfin débarrassés du marxisme, il n'existe plus d'alternative à cette idéologie.
Les partis de gauche se sont rangés sous la bannière de la social-démocratie et parlent surtout de la défense des salariés. Or, s'il faut les défendre contre les capitalistes, c'est que la gauche se résigne à l'existence du capitalisme. Et s'il existait une alternative ? Un système économique op... >Voir plus
Que lire après Vers un destin choisiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un ouvrage qui mérite une lecture attentive. Il est le fruit de plusieurs années de réflexion (une première version a été publiée dans les années 90). Son auteur, Renaud Fortuner, l'a même envoyé par courrier à chaque député français et reconnaissons que ces 160 pages ont de quoi poil-à-gratter les tenants de tout pouvoir, qu'il soit politique ou économique.
Dans ce livre, R. Fortuner propose en effet un nouveau modèle d'organisation socio-économique. Ni plus ni moins. Une sorte de troisième voie qu'il appelle « travaillisme » (rien à voir avec le Labour Party britannique), balayant d'un même mouvement le capitalisme dominant – jugé destructeur et inégalitaire - avec son « argent fossile » et le collectivisme, tout juste bon à ne fournir à l'humain que « la sécurité dont jouissent les animaux d'un zoo ». L'auteur se débarrasse aussi au passage d'un éventuel recours aux « soins palliatifs » de la social-démocratie.
Après avoir énoncé sa conception biologique de la morale (lui-même a mené une carrière de chercheur biologiste dans différents pays), l'auteur structure sa démonstration en enchaînant plusieurs thèmes, liés les uns aux autres, tels que l'économie de production, la fiscalité, la gouvernance politique, l'éducation…
C'est d'abord à un démontage en règle des systèmes idéologiques nées de la révolution industrielle (capitalisme et communisme) que se livre R. Fortuner en faisant la démonstration de leur incapacité à satisfaire le "travailleur", nécessairement dépossédé dans les deux cas. J'ai particulièrement apprécié la critique du rôle (parasitaire) des actionnaires et l'explication d'une possible économie entreprenariale sans les investisseurs habituels. R. Fortuner coupe ainsi la tête des actions et des dividendes, et prône l'existence d'une caisse des travailleurs pour financer les projets.
Bien qu'assumant avec humilité sa non-spécialisation dans certains domaines (financier, juridique…) et tout en acceptant la contradiction, R. Fortuner tient à parler en citoyen qui se pose comme force de proposition, dans un style franc et direct. Il se défend d'être un partisan de l'autogestion d'origine anarchiste (même s'il faut admettre que certaines thèses se rejoignent) et veut montrer que ses théories ne sont pas une utopie. Bon sens et pragmatisme guident sa réflexion. Notamment lorsqu'il explique le fonctionnement des « coopératives de production » qui remplaceraient les entreprises capitalistes (et aussi celles d'État). Selon lui, il faut en finir avec le salariat traditionnel : chaque travailleur doit être un « coopérateur » pleinement propriétaire de ses moyens de production, responsable (organisation, rendement) et bénéficiaire (il reçoit sa part des excédents dégagés) du travail qu'il a à fournir.
Cette organisation nouvelle de la vie économique implique de nombreuses réformes expliquées avec force détails : impôt progressif et non pas proportionnel (qui peut être négatif, ce qui l'apparente alors au revenu universel), suppression de l'héritage, etc.
Dans le domaine éducatif, certaines réformes me laissent perplexes (prédominance de l'anglais, tout-informatique…) tandis que d'autres soulèvent des points essentiels (maîtrise des savoirs fondamentaux – lire/écrire/compter pour tous -, apprentissage du consensus par le travail collaboratif, individualisation des parcours d'orientation, etc.).
Du nouveau modèle économique et social défendu par R. Fortuner découle un changement de l'organisation politique. L'auteur échafaude un nouveau mode électif où le vote est obligatoire, le vote blanc pris en compte et les mandats constamment modifiables. Il met en avant un rééquilibrage des trois pouvoirs (on notera une large revalorisation du judiciaire), écornant au passage notre actuelle république, faussement démocratique d'après l'auteur car laissant trop d'autorité à l'exécutif.
R. Fortuner va encore plus loin. Il se prononce pour une profonde réorganisation territoriale de l'Europe avec une fédération de provinces qui supprimerait de facto les États-nations (France, Espagne, Allemagne, etc.), échelon inutile et porteur d'inégalités (économie, représentation politique) entre le régional et le pouvoir européen centralisé. Il est tentant de greffer l'actualité catalane à ses propos.
Vous l'aurez deviné : l'ouvrage est perturbant. Et passionnant, car argumenté. Il peut agacer mais pousse au débat, aère l'esprit en le bousculant, ouvre des voies. Une évidence s'impose : le monde n'est pas figé. L'histoire humaine est faite d'évolutions, et R. Fortuner nous rappelle simplement que la pire des utopies serait probablement de croire que tout a déjà été tenté et qu'il ne reste qu'à conserver le système en l'état.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La révolution néolithique a vu l'homme préhistorique passer de l'économie de prédation à l'économie de production. Il est temps qu'une nouvelle révolution nous fasse passer de l'économie de production à une économie que j'appellerai de façon un peu abusive l'économie de subsistance, c'est-à-dire une économie dans laquelle chacun produit juste ce qu'il faut pour obtenir les revenus qui lui sont nécessaires, sans devoir surproduire pour augmenter artificiellement ses capitaux et amasser une richesse factice pour lui et pour ses descendants grâce à une rente volée sur le travail des autres.
Commenter  J’apprécie          60
En supprimant la propriété individuelle, le collectivisme nous empêche de marquer notre territoire. En donnant toutes les responsabilités à une entité abstraite, il élimine la nécessité de se battre. Même s'il marchait (et l'échec des plans staliniens ou celui du Grand Bond en Avant de Mao ont montré les limites du contrôle centralisé de l'économie), le collectivisme n'offrirait à l'homme que la sécurité dont jouissent les animaux d'un zoo.
Commenter  J’apprécie          81
Dans le monde actuel, l'argent qu'ils avancent est indispensable à l'entreprise mais cet argent a été forcément produit par une autre entreprise, antérieure à la présente. Cette entreprise antérieure a bien évidemment rétribué les investisseurs, puisqu'ils disposent maintenant d'argent à investir. Au nom de quoi les investisseurs reçoivent-ils une nouvelle rétribution pour cet argent fossile, puisqu'ils ont déjà été payés ? C'est une injustice flagrante puisque certains sont payés deux fois tandis que d'autres, les travailleurs, ne reçoivent qu'un salaire fixe pour leur travail.
Commenter  J’apprécie          40
Mon idéologie s'appuie donc sur une approche biologique de la morale, dont le principe fondamental est que j'accorde à tout homme l'importance que je m'accorde à moi-même. C'est, bien entendu, le "Aime ton prochain comme toi-même" de l'un des philosophes dont je viens de parler, Jésus. N'ayant pas trop d'illusions, il ajoutait "pour l'amour de Dieu". Vu le peu de succès de la formule, je me permets de proposer "pour la survie de l'espèce", mais je n'ai pas plus d'illusions que lui. Laissé à lui-même, l'individu essaiera par tous les moyens de satisfaire ses propres besoins et désirs au dépens de ceux des autres. C'est là l'erreur du libéralisme économique qui a cru que la libre entreprise, la libre concurrence et le libre jeu des initiatives individuelles devaient nécessairement déboucher sur le meilleur système économique et politique possible. On en sait les conséquences, monopoles, bulles, crises financières, exploitation des travailleurs, délocalisations et autres joyeusetés. C'est également l'erreur des marxistes qui croient que si l'on donne à chacun selon ses besoins, chacun donnera selon ses moyens. La première proposition ne pose aucun problème, mais il est utopique de croire que l'homme ordinaire agira selon la seconde sans y être forcé.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : réformeVoir plus

Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}