Fabcaro, il est rigolo.
Un fallacieux prétexte de repas dominical et familial, il n'en faudra pas plus à l'auteur pour développer un magistral récit sur fond de crise des subprimes.
Nan, j'déconne.
Fabcaro chasse ici le grand blanc.
Celui qui gêne, qui trouble, qui paralyse.
En effet, quoi de plus déstabilisant que de se regarder dans le blanc des yeux sans avoir le moindre sujet de conversation dans sa besace ?
Et Fab' de délirer, de se mouvoir dans un absurde qu'il maîtrise à la perfection, occasionnant moult gloussements et autres LOL PTDR de force 10 sur l'échelle de Patrick Patoche, peintre comique troupier injustement méconnu de son état, à ses heures éperdues.
C'est barré, follement décalé, monstrueusement nonsensique.
L'énorme plus, une plume en kouasi symbiose avec le propos, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Énorme, comme d'hab', comme Fab' !
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C'est ma première lecture de Fabcaro. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Alors forcément, j'ai été surprise. Et même déstabilisée, au début.
Les premières cases m'ont laissée dubitatives. Un type déguisé en kebab, un choeur antique, un dessin assez impersonnel… Dans quoi m'étais-je embarquée ? Et puis, j'ai commencé à sourire, d'abord timidement. Puis les sourires se sont fait plus francs. Petit à petit, j'ai été embarquée dans l'univers absurde et acide de Fabcaro, jusqu'à rire franchement.
Le ton est parfois assez féroce tout en ne perdant jamais cet aspect nonsensique très drôle. Ce dessin que je trouvais froid au départ m'est finalement apparu comme étant en adéquation totale avec le propos et le ton du récit. Ce trait impersonnel participe pleinement au côté absurde de la B.D.
Bref, passé ce moment où je me suis demandée où j'avais mis les pieds, je l'ai pris mon pied justement. « Formica » est très drôle tout en ayant un regard assez féroce sur la société. Cette première rencontre avec Fabcaro est une réussite, je compte bien lire d'autres B.D de cet auteur.
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Formica, c'est l'histoire d'un repas de famille. C'est présenté comme un roman photo, avec des dialogues qui semblent avoir été rajouté sur des illustrations préexistantes, comme un cadavre exquis. C'est aussi construit comme une pièce de théâtre en trois acte, avec les choeurs comme dans le théâtre grec antique. Au départ, les participants au repas cherchent un sujet de discussion, ça m'a fait penser au Sens de la vie des Monty Python et cette scène dans le restaurant ou le serveur propose la carte des sujets de discussion, et aussi au film de Luis Bunuel “Le Charme discret de la bourgeoisie”. L'humour est totalement décalé, c'est un humour particulier qui a ses fans, dont je fait partie. Les dialogues ne semblent pas correspondre au images, c'est toujours loufoque, absurde et pourtant jamais gratuit, souvent cynique et percutant. Et moi, ça me fait me tordre de rire :
- Et en musique, vous aimez quoi ?
- J'aime bien le fa#
L'absurde comme le cultive Fabcaro nous projette face à nos contradictions, nos interrogations, il nous fait découvrir notre propre absurdité, l'inconsistance du monde, c'est vertigineux et pourtant totalement hilarant !
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Et comme d'habitude avec Fabcaro, ça parle de famille et de lieux communs, mais avec cet humour absolument unique qui nous fait sourire, rire à plein tube, parce que c'est tellement absurde, mais plein de vrai. A lire en famille, ou entre amis et les répliques reviendront toutes seules , avec un clin d'oeil.
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Un des plus grands problèmes de notre monde enfin mis en images !
Vous vous rendez chez de la famille, chacun est heureux de se retrouver mais vous avez la boule au ventre. Vous avez des sueurs froides... La terreur vous fait dire des bêtises... Vous essayez, mais il faut se rendre à l'évidence : ce que vous craignez est arrivé. C'est arrivé à d'autres, mais ça ne devait pas vous arriver à vous. Ces problèmes là sont ceux des autres.
L'impossible est pourtant là, appuyé par des gens déguisés en Grecs, qui chantent votre échec : vous n'avez pas de sujet de discussion. Vous essayez, pourtant : le racisme, la politique... Mais tout sonne faux, surjoué. Alors peu à peu, la panique s'installe. Pourtant, il vous faut discuter, c'est primordial. Alors vous continuez sans trop y croire.
La tragédie des repas de famille, en trois actes, c'est un régal.
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