Comme à son habitude, Fabcaro pointe les travers de la société. Ici, le catalogue de la Redoute est rhabillé pour l'hiver. Rubriques lingerie, enfants, ados, hommes et femmes, ameublement, bricolage, etc., sont décortiquées sous le prisme du grotesque, autour de phrases grammaticalement approximatives.
Les ficelles de la grande distribution sont détournées (« vu à la radio », « quasiment certifié NF », « prix
Mylène Farmer », « inclus : l'étagère manquante », « - 20% pour tout achat supérieur à 7 390€ et si vous vous adonnez aux éditions Atlas »), ridiculisées (« contient du polyuréthane », « n'irrite pas trop la peau », « 82% de satisfaction », « avec poches latérales pour y insérer la carte Vitale »), mais de façon très sérieuse, premier degré, comme si les techniques de vente échappaient aux acheteurs.
Les doudounes se vendent par 6, les strings sont antidérapants, vous serez sexy et humaniste grâce à des lacets, on y vend des vibromasseurs de joue, on y croise des lampes Claude Barzotti. Bref, tout est humour, dérision, divertissement et vannes gratuites. Mais pas seulement. Fabcaro arrive à placer çà et là des allusions au vitriol, des diatribes sociales qui font le sel de son art. Bref, fond et forme sont au-rendez-vous, c'est qualitatif et distrayant.
J'avais peur à l'usure de la lecture, à un épuisement de la force comique, à la redondance des procédés, mais pas du tout ! Fabcaro se renouvelle de page en page, amuse la galerie avec intelligence et absurde, comme dans ses meilleures publications adultes. Une réussite de plus ! Dans la veine des incontournables «
Zaï zaï zaï zaï », «
Moins qu'hier (plus que demain) », «
Et si l'amour c'était aimer », «
Open bar - 1re tournée ».