« Écrire, pour évacuer la douleur.
Écrire, pour conjurer la mort.
Écrire, pour continuer à vivre.
Pour témoigner de votre vie. de notre vie.
Écrire, pour vous faire vivre, par-delà la mort.
Faire vivre mes morts à travers mes mots.
Écrire, pour ne pas vous perdre.
Et dire tout ce que vous m'avez apporté. »
Voilà, tout est dit dès les premières lignes. Les trous dans la vie d'Isabelle Fable, ce sont ses morts, ses parents, son mari, son fils.
Perdre ses parents, c'est dans la logique des choses. Sauf qu'on ne s'attend pas à voir son père mourir à 64 ans. C'est la première blessure. Puis il y a la mère. Deuxième blessure. La troisième est beaucoup plus douloureuse, le mari. L'auteur décrit très bien le manque et l'absence. L'endroit où elle a le plus conscience de cette absence est le lit vide. Il y a de la colère aussi contre le corps médical qui n'a pas été à la hauteur.
Puis l'intolérable, l'inconcevable, la mort d'un enfant.
Perdre ses parents, c'est perdre le passé. Perdre son conjoint, c'est perdre le présent. Perdre un enfant, c'est perdre l'avenir.
La vie et la mort sont liées, nous le savons dès le début. « La seule personne qui soit avec nous, d'un bout à l'autre de la vie, c'est nous-mêmes. ». Mais comment survivre à certaines morts, à celle d'un enfant ? Comment l'accepter, la supporter ? Surtout quand on a tellement de remords de ne pas avoir pu aider ce fils.
L'auteur a eu besoin d'écrire sur ses morts pour « reconstruire sur les ruines, réparer les trous de sa vie, repriser, pour une reprise de vie. ». Pour ne pas finir en dépression sous médicaments. Elle consacre un chapitre à chacun de ses morts. Elle évoque la relation qu'elle avait avec ses parents, comment elle a rencontré son mari, la vie qu'ils ont eue ensemble, la naissance de ses enfants.
A travers ses lignes, elle parle beaucoup de mort, mais aussi beaucoup d'amour. Amour qu'on ne s'est parfois pas dit. C'est un récit pour dire à ses proches qu'elle les aime. C'est ce que la mort lui a appris. « Apprendre à mieux aimer, et à le dire, surtout, à le dire ».
Elle pose aussi des questions. Comment soigner quelqu'un qui refuse de l'être, comment et jusqu'où s'ingérer dans la vie de son enfant de 47 ans ? Comment trouver le courage d'aider encore, d'essayer de convaincre quelqu'un de se faire soigner encore et encore pendant de nombreuses années.
Et que devient-on après la mort ? Chacun a sa vision de l'après, elle a la sienne qui l'aide un peu. Certains pensent que les morts sont définitivement partis, d'autres qu'ils sont partout, tout le temps avec eux. Et ce lien aide à supporter l'insupportable.
J'ai aimé l'écriture et ses mots, parfois poignants. J'ai aimé
les deux premiers tiers du récit. Par contre, j'ai trouvé la dernière partie consacrée à son fils vraiment trop longue et répétitive. Je comprends que l'auteur ait eu besoin de confier toutes les étapes de sa dégringolade qui a duré des années, mais ça finit par ne plus me toucher. C'est dommage. D'autant plus que ses mots sont parfois insoutenables dans cette partie, car elle ne nous cache rien et ne s'épargne rien. En tous cas, elle montre bien l'impuissance de l'entourage à combattre le mal-être et la dépression profonde d'un homme, pourtant si proche.
C'est le récit d'une femme courageuse. C'est aussi un hommage à la vie, cette vie qui peut apporter encore de la joie, qui mérite d'être vécue pour ceux qui restent et pour soi-même.
Merci à Babelio et aux éditions M.E.O.
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L'auteure se livre, elle parle de ses proches qu'elle as perdus, son pere, sa mère, son mari et son fils.
Malgré le sujet difficile, cela se lit bien, car ce livre parle aussi de la la vie avec eux.
La dernière partie est plus difficile car avec son fils elle as lutter pour le faire soigner
Mais j'ai aimer ce livre car pour moi il reste un bel hommage à ses proches qu'elle as aimés de toute ses forces
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Vivre la mort c'est ce que nous explique ce livre.Comment survivre après la mort de nos proches est aussi évoqué. Comment pourrait on prévenir la mort est l'une des choses les plus compliquées quand elle touche nos enfants.Ecrire la mort comme une thérapie. C'est poignant mais ecrit comme un journal intime.
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Toutes ces morts, de plus en plus dures à vivre.
Perdre ses parents, c'est une étape cruelle. C'est perdre le passé, la clé d'entrée en vie, c'est avancer, c'est prendre leur place, prendre son tour dans le cirque de la vie.
Perdre son conjoint, c'est un traumatisme violent, à surmonter, pour continuer la route seul, amputé de sa moitié. C'est perdre le présent et devoir s'en construire un autre.
Mais perdre son enfant, c'est se voir arracher les entrailles du corps et de l'âme. C'est perdre l'avenir. C'est se perdre soi-même. C'est trop.
Cette dernière mort, celle de mon fils, mon petit, mon aîné, mon enfant, si horrible et si injuste, si insupportable, c'est le coup de fouet qu'il me fallait pour l'écrire, ce livre de mort, ce livre de vie qui me trotte en tête depuis des années, depuis que je les perds, un à un. Ils sont toujours là, bien sûr, absents pour toujours, présents pour toujours.