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EAN : 9783939698593
271 pages
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Cet ouvrage est une réimpression à l'identique de l'édition originale numérisée par Gallica. Il est possible qu'il présente quelques défauts dus à l'état de l'ouvrage et au procédé de numérisation.
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Que lire après Les auxiliaires : récits de l'oncle Paul sur les animaux utiles à l'agriculture / par J.-Henri Fabre,... [édition 1873]Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
150 ans ! Cela fait un siècle et demi que le célèbre entomologiste a écrit les récits de l'oncle Paul à ses neveux. Connu pour ses ouvrages sur les insectes, il a aussi réalisé des monographies sur d'autres animaux.
A l'instar de Buffon et Jules Michelet avant lui et de Maurice Maeterlinck et Robert Hainard ensuite, Jean-Henri Fabre fait partie de ces vulgarisateurs scientifiques et néanmoins écrivains.
Il a romancé ses observations pour les rendre accessibles au plus grand nombre et ainsi faire connaître l'étendue des espèces qui nous côtoient.
Autodidacte multitâche, il est aussi le père de l'éthologie qui a permis de comprendre la relation entre les animaux et leur environnement.

C'est lors d'un récent et court séjour dans la cité des livres anciens de Bécherel que le nom de Fabre m'est apparu. Trouver les auxiliaires dans le Bécherel, tout un programme !
J'avais déjà « Souvenirs d'un entomologiste » dans la bibliothèque, mais je n'avais pas encore déniché un des volumes de la trilogie en liaison avec l'agriculture.
En effet, il a consacré trois livres sur les animaux qui vivent dans les champs ou alentour. Leurs titres en révèlent toute la problématique de l'époque : Les ravageurs, les auxiliaires et les serviteurs.

Actuellement, on parle plutôt d'indésirables que de ravageurs, en essayant de faire cohabiter l'ensemble des espèces entre elles, en mettant en évidence le rôle des chaînes alimentaires dans l'équilibre naturel.
Même si les charançons, doryphores et autres hannetons sont encore considérés comme des nuisibles.
A propos, au moment où j'écris ce billet, un vrombissement se fait entendre autour des rosiers à la tombée de la nuit. Les hannetons sont présents, et bien visibles pendant quelques minutes, un ballet plus sonore que visuel, qui rappelle pendant un court instant les arrivées « terrifiantes » des sauterelles et autres criquets dans d'autres secteurs géographiques.
Mais ici et maintenant, il n'y a plus de chasse aux hannetons, ils commencent à remonter la pente, après leur chute vertigineuse due aux pesticides. Comme quoi un ver, fût-il blanc, peut faire ressurgir le délit de « sale gueule ».  
Renaissance ou reconquête, on le saura dans quelques décennies. Mais je ne suis pas là pour parler de politique.

Après les ravageurs, les serviteurs. Pourrait-on choisir encore ce titre à l'heure actuelle pour parler des animaux domestiques ? Servile fait penser à serf, esclave. Mais un chien attaché au bout d'une chaîne peut-il être considéré comme domestique ? Au même titre qu'un hamster dans une cage ou un serpent dans un aquarium ? Les NAC ont la niaque, mais servent-ils à rendre l'être humain meilleur ?

Le volume qui concerne cette critique est relatif aux animaux auxiliaires, l'intitulé est toujours utilisé de nos jours. Auxiliaire à l'agriculture, c'est à dire bénéfique à la croissance des plantes cultivées. Ceux qui procurent une aide, un service. Mais alors, pourquoi les auxiliaires sont-ils recrutés à titre provisoire, sans espoir de titularisation ? Comment je m'égare de l'Est, je ne suis pas à l'Ouest, mais au coeur de la problématique, il me semble.
En grammaire, ne dit-on pas que les auxiliaires perdent leur signification particulière et servent à former les temps composés des autres verbes ? Une sorte de chaîne, qui même si elle n'est pas alimentaire, n'en est pas moins élémentaire.
Alors oui, les animaux dits auxiliaires font partie intégrante de la chaîne alimentaire et sans eux les « ravageurs » auraient annihilé toute vie sur la Terre.
Ce volume a été rédigé après celui sur les ravageurs, pour montrer qu'il y a une solution au problème en considérant mieux les animaux auxiliaires. Toutes sortes d'espèces prédatrices qui se nourrissent des insectes indésirables et sont donc bénéfiques à l'agriculture.

Fabre a choisi le dialogue entre l'oncle Paul et ses neveux Emile et Jules, ça rend le récit plus vivant et « moderne » pour l'époque. Une vulgarisation très appropriée qui se lit facilement et rend la science à la portée de chacun.
Le sommaire est varié, à l'image du nombre d'espèces décrites.
Les chauve-souris, le hérisson, la musaraigne, la taupe, les rapaces, les passereaux insectivores, les batraciens, et même les corbeaux, je croas.

Voici un exemple de l'art du narrateur dialoguiste de talent :

« Emile – La chauve-souris est bien laide, et puis on dit que son toucher donne la gale.
Paul – On en dit bien d'autres, mon petit ami. Qu'elle blesse les chèvres à la mamelle, pour sucer à la fois le sang et le lait. Que son entrée soudaine dans une maison est signe de malheur. Il faut ici faire une large part à l'imbécillité humaine, pour qui l'erreur est plus familière que la vérité. Nous sommes tellement bourrés d'idées fausses, que très souvent l'opposé de la croyance vulgaire est précisément le vrai.
Jules – C'est dommage que ce soit une bête hideuse.
Paul – Discuter avec vous du laid et du beau, mes enfants, n'est pas entreprise que je puisse aisément mener à bien... Car ce n'est pas avec les yeux du corps que doivent se juger le laid et le beau, mais bien avec ceux de la raison, mûrie par la réflexion et l'étude... La forme d'un animal ne doit pas se juger d'après le plus ou moins de ressemblance avec les formes qui nous sont familières et nous servent de termes de comparaison, mais bien d'après son aptitude au genre de vie pour lequel l'animal est créé. Où la structure est en parfaite harmonie avec les fonctions à remplir, là pareillement est la beauté. »

Un chapitre s'intitule « Un exploit de Jean le Borgne ». Il relate parfaitement la bêtise humaine liée à l'ignorance. Jean a cloué une chouette effraie vivante sur le portail de sa maison. Sa voisine était morte parce que le rapace était venu, trois fois de suite, crié sur le toit de sa maison. Il a raconté que c'est l'oiseau des cimetières, l'oiseau funeste qui porte malheur aux gens.

« Paul – Que diriez-vous de Jean s'il s'était avisé de faire expirer son chat, cloué au portail par les quatre pattes ?
Louis – Je dirais qu'il a perdu la tête, et que si jamais les rats le mangent, il le mérite bien.
Paul – Ce que vous lui avez vu faire revient à peu près au même : l'effraie s'était introduite dans le grenier pour défendre contre les rats les sacs de blé du pauvre homme, qui, dominé par des haines superstitieuses et ignorant les services rendus, s'est empressé de clouer sur sa porte le précieux oiseau.
Mais, aveugles tueurs, à la fin des fins, comprendrez-vous que vous sacrifiez vos propres défenseurs à des répugnances que rien ne motive ?
Vous vous plaignez des vers blancs et vous écrasez la taupe chaque fois que la bêche l'amène au jour ! Il n'est pas d'un homme, mais d'une brute, de prendre plaisir à torturer un animal. »

Il a fallu un siècle après les écrits de Fabre pour que les rapaces soient sur la liste des oiseaux protégés ! Et à certains endroits, les cadavres de taupes sont encore accrochés sur les fils barbelés.
L'écrivain naturaliste termine son propos par le poème « Le crapaud » de Victor Hugo. Je ne peux que vous conseiller de le lire, si vous ne le connaissez pas encore, une petite merveille.
Fabre termine ainsi :
« Soyez bon avec les animaux, et dont le plus misérable, le crapaud, demande pour toute récompense un regard compatissant ».

J'ai beaucoup aimé ce livre sur les auxiliaires. Si seulement il avait pu être proposé à l'époque dans les classes des premières écoles communales. '"Etre et avoir" en auraient été différents.
A chacun de faire en sorte que ces auxiliaires deviennent des titulaires, sans risquer de perdre leur boulot, oh combien utile à notre société aveugle et sourde à l'égard d'autrui.
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