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Souvenirs entomologiques tome 1 sur 10
EAN : 9782221054628
Robert Laffont (22/02/2000)
4.43/5   48 notes
Résumé :
Traduits en treize langues, modèle pédagogique diffusé à plusieurs millions d'exemplaires au Japon, en Russie, les Souvenirs entomologiques constituent une oeuvre exceptionnelle, à la fois sur les plans littéraire et scientifique.

Né en 1823, J.-H. Fabre ne fut pas seulement un génial entomologiste et un scientifique rigoureux, mais aussi un humaniste, poète, artiste, philosophe et félibre : ces qualités apparaissent dans tous les chapitres de ces Sou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Voici l'un des livres les plus atypiques de ma bibliothèque.
C'est une sorte de savant mélange entre un propos docte et expert sur la condition d'insecte tout en ayant l'élan, la fluidité, la magnificence du verbe de la meilleure littérature du XIXème siècle.
Vous ne me croyez pas ? D'accord, je vous le prouve.
Jean-Henri Fabre n'est rien moins que l'instigateur, le créateur d'une science qu'on appelle aujourd'hui l'entomologie et qui se décline sous différents aspects, comme l'éthologie, l'écologie et la physiologie des insectes.
Il est le découvreur d'une myriade d'espèces du sud de la France tout en étant l'initiateur de la méthode d'élevage des insectes qui permet de décrire les détails du cycle de vie de l'espèce, parfois incroyablement alambiqué.
À cet égard, il était le contemporain, l'admirateur, mais aussi et surtout le plus redoutable contradicteur des théories de Charles Darwin.
L'histoire ne retient souvent que le gagnant d'un combat scientifique, or le fait que Fabre se soit hissé contre l'idée que l'évolution soit le fruit d'une accumulation de minuscules changements régulièrement sélectionnés pour l'intérêt qu'ils procurent à leur détenteur en fait, aux yeux des néophytes, un scientifique raté.
Détrompez-vous, détrompez-vous, les arguments de Fabre ne furent pas battu en brèche du vivant de Darwin ni même de Fabre. Ce n'est que le développement récent de la génétique qui nous donne à comprendre les invraisemblances des cycles de développement des insectes, qui apparaissent clairement comme non adaptatifs (ce sur quoi Fabre avait raison). Ils sont le fruit de mutations génétiques (souvent une seule ou du moins un nombre très réduit) qui ont présidé à un changement adaptatif mais qui ont comme corollaire plusieurs autres changements, qui, considérés en eux seuls, sont des désavantages. le restant de ces traits manifestement non adaptatifs ou extrêmement bizarres sont des héritages d'adaptations anciennes mais qui n'ont plus aucun intérêt dans le mode de vie actuel de ces espèces (un peu comme le gène codant pour les dents chez les poules et que chaque génération se refile scrupuleusement de poussin en poussin depuis des millions d'années).
Vous suivrez donc, au travers également des superbes dessins de la main de l'auteur, dans ce recueil qui est le fruit de décennies d'observation et qui fut rédigé en une vingtaine d'années vers la fin de sa vie, les péripéties du Cerceris bupresticide et consort ou encore les aléas de l'hypermétamorphose.
Voilà pour le côté scientifique. La langue maintenant. Sachez que notre atypique instituteur, au demeurant détenteur d'un brevet supérieur, baccalauréat ès-lettres, licence de sciences mathématiques, licence de sciences physiques, licence ès-sciences naturelles, doctorat ainsi que de la légion d'honneur et d'un siège à l'académie française, maniait la langue comme fort peu peuvent s'en prévaloir. Jugez plutôt :
"Comment l'oeuf de scarabée (bousier), chose si délicate, si impressionnable sous sa tendre enveloppe résisterait-il aux commotions du berceau roulant ?"
"Désormais elle (la larve) doit s'abandonner à cette profonde torpeur qui la gagne invinciblement, à cette manière d'être sans nom, qui n'est ni le sommeil, ni la veille, ni la mort, ni la vie, et d'où elle doit sortir transfigurée."
À vous de vous faire votre opinion, je vous ai donné la mienne, c'est-à-dire pas grand-chose.

NB: ce premier volume regroupe les cinq premières séries sur dix et est le "moins gros" des deux avec ses seulement 1130 pages.
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Jean-Henri Fabre voulait comprendre comment vivaient les insectes, pourquoi ils se comportaient de telle ou telle manière, d'où émanaient leurs instincts. Il consacra une grande partie de sa vie à chercher ces bestioles, à les observer, à expérimenter avec elles. Ces "Souvenirs entomologiques" retracent ses observations et ses réflexions.

Dans ces récits, l'originalité - et souvent la pertinence et la simplicité - des expériences décrites, est marquante, de même que la qualité de l'écriture.

Une oeuvre grandiose !
La lecture de ce premier tome (1131 pages) sera donc suivie de celle du second.
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Combien de vocations naturalistes sont-elles nées de la lecture des Souvenirs Entomologiques ? Car Jean-Henri Fabre était un vrai naturaliste de terrain : aux théories plus ou moins fantasques, il préférait et de loin, l'analyse des observations concrètes. Son travail s'enracine dans le concret observé des petites bêtes qu'il voyait vivre autour de chez lui.
A ses qualités d'observateur hors pair s'ajoute un vrai talent pédagogique. On se surprend parfois à la lecture à tourner prestement la page pour connaitre la suite de l'histoire qu'il nous conte...
Certes, le texte a parfois un peu vieilli, au vu des découvertes plus récentes (le rôle des phéromones dans le guidage des fourmis, par exemple). Mais malgré la raréfaction considérable des insectes (le pauvre serait affolé de voir combien peu on trouve aujourd'hui d'insectes dans nos campagnes par rapport à ce qu'il a pu connaître !), Jean-Henri Fabre reste un exemple à suivre, un homme dont l'oeuvre redécouverte pourrait contribuer à nous réconcilier avec la nature sauvage.
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Des livres ainsi pour m'intéresser aux insectes.... j'en veux encore et encore !
De fait, on peut dire que ce livre est des plus atypiques ! c'est une espèce de mélange entre B.Werber et ses fourmis et un roman de Jules Verne.
Voila une toute belle façon d'apprendre les us et coutumes de nos amis les insectes.
Je me suis intéressée à ce bouquin dans le cadre de ma formation de guide nature. Je dois dire que la vie passionnante des bestioles ne faisait pas partie de mes préoccupations premières et l'entomologie n'était pas gagnée pour moi.
Mais, franchement, Monsieur Fabre m'a réconcilié avec cette matière et j'ai eu bien plus facile de faire des liens et de me représenter quel type d'insecte est un hyménoptère par exemple.
Une passionnante lecture qui ne s'arretera pas là puisqu'il y a 7 ou 8 "épisodes". L'aventure entomologiste ne fait que commencer.
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L'auteur nous raconte dans 22 chapitres des histoires fabuleuses d'hymènoptères et de leurs proies telles criquets, cigales et toutes sortes de mouches. Les expériences et observations faites sur le terrain ne laissent pas de place à l'improvisation. Avec une écriture fluide, poétique et imagée d'un grand auteur nous sommes ébahis par les inventivités et "bêtises relatives" de ces insectes.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
[...] sur le tard de mes jours , me voici donc à Carpentras ,
[...]
Chère petite ville où j'ai vécu ma vingtième année et laissé mes premiers flocons de laine aux buissons de la vie , ma visite aujourd'hui est un pèlerinage .
[...]
Je salue en passant le vieux collège où j'ai fait mes premières armes d'éducateur .
Son aspect n' a pas changé , c'est toujours celui d'un pénitencier.
Ainsi l'entendait l'enseignement gothique autrefois .
A la gaieté , à l'activité du jeune âge , choses par lui jugées malsaines , il opposait le palliatif de l'étroit , du triste , de l'obscur .
Ses maisons d'éducation étaient surtout des maisons de correction .
Les fraîcheurs virgiliennes s'interprétaient dans l'étouffement d'une prison .

Entre quatre hautes murailles , j'entrevois la cour , sorte de fosse aux ours , où les écoliers se disputaient l'espace pour leurs ébats sous la ramée d'un platane .
Tout autour , s'ouvraient des espèces de cages à fauves , privées de jour et privées d'air : c'étaient les classes .


N.b : Jean-Henri Fabre , 1823 —1915
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.
[...] le sommet du Ventoux est en juillet un vrai parterre ; sa couche de pierrailles est émaillée de fleurs .
En mes souvenirs apparaissent , toutes ruisselantes de la rosée du matin , les gracieuses touffes d'Androsace villeuse, à fleurs blanches avec un œil rose tendre ;
la violette du mont Cenis , dont les grandes corolles bleues s'étalent sur les éclats de calcaire ;
la Valériane Sliunque , qui associe le suave parfum de ses inflorescences et l'odeur stercoraire de ses racines .;
la Globulaire cordifoliée , formant des tapis compacts d'un vert cru semés de capitules bleus ;
le Myosotis alpestre , dont l'azur rivalise avec celui des cieux ;
l'Iberis de Candolle , dont la tige menue porte une tête serrée de fleurettes blanches et plonge en serpentant au milieu des pierrailles ;
la Saxifrage à feuilles opposées et la Saxifrage muscoïde , toutes les deux serrées en coussinets sombres , constellés de corolles roses pour la première , de corolles blanches lavées de jaune pour la seconde.

Quand le soleil aura plus de force , nous verrons mollement voleter d'une touffe fleurie à l'autre un superbe papillon à ailes blanches avec quatre taches d'un rouge carmin vif , cerclées de noir .
C'est le Parnassius Appolo , hôte élégant des solitudes des Alpes , au voisinage des neiges éternelles .

p. 239
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.
En mon jeune temps , dans les livres de quatre sous , on nous enseignait que l'homme est un animal raisonnable ;
aujourd'hui , dans de savants volumes , on nous démontre que la raison humaine n'est qu'un degré plus élevé sur une échelle dont la base descend jusque dans les bas-fonds de l'animalité .
[...]
Cela commence par zéro dans la glaire d'une cellule , et cela s'élève jusqu'au puissant cerveau d'un Newton .

La noble faculté dont nous étions si fiers est un apanage zoologique .

p.404
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Désormais elle (la larve) doit s'abandonner à cette profonde torpeur qui la gagne invinciblement, à cette manière d'être sans nom, qui n'est ni le sommeil, ni la veille, ni la mort, ni la vie, et d'où elle doit sortir transfigurée.
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Plongeons plus avant dans l'avenir. Un jour viendra, tout semble le dire, où, de progrès en progrès, l'homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. trop ardent à faire Dieu, il ne peut espérer la placide longévité de la bête.
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