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EAN : 9782330032043
264 pages
Actes Sud (14/05/2014)
4.6/5   5 notes
Résumé :

Balloute est un modeste bateleur de la place Jamaa el-Fna, à Marrakech. Par un heureux ou malheureux hasard, il se retrouve fou du roi. Grâce à sa présence au palais dans l’intimité de Sa Majesté, il est en mesure de connaître les intrigues mesquines de la cour, la bassesse assumée des courtisans, le rituel obligé de la domination et de la soumission, la cruauté capricieuse sans laquelle le roi n’est pas roi. Il finit aussi par comprendre que le pouvoir abso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Youssef Fadel a connu l'emprisonnement après avoir écrit La guerre en 1974, pendant le règne d'Hassan II. Ce souverain, s'il n'en est aucunement le héros, est au coeur d'Un joli chat marche derrière moi, roman corrosif et acerbe décrivant les ravages sur la vie quotidienne des citoyens d'une monarchie rigide et absolutiste, qui ressemble parfois à un royaume d'absurdie. Fadel alterne deux récits, ceux d'un père et de son fils, qui se sont peu connus et ne se rencontreront pas, dont le sort, de plus en plus tragique, dépend plus ou moins directement de la volonté du monarque. le plus vieux est bouffon du roi et ne voit que bassesses et servilité autour de lui. Sa disgrâce sera comme un arrêt de mort. Son fils est soldat dans une guerre où l'on ne voit jamais l'ennemi (au Sahara) et qui n'est pas sans rappeler le désert des tartares. Son destin, à lui aussi, sera assez peu glorieux. Les deux hommes vont dériver, perdre des attaches sentimentales qu'ils n'ont pas su préserver. La style délié de Youssef Fadel, imbibé d'humour noir, rend la lecture plutôt agréable. On en retient avant tout la description sans concession des mesquineries et de la petitesse du genre humain quand un régime est dirigé par une sorte de père Ubu.
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Voilà pourquoi j'aime tant lire, me suis je dit en terminant ce livre. Il y a tant de livres différents et tant de façon de lire un même livre! Il s'agit là d'un bijoux. Je ne connaissais pas Youssef Fadel mais je vais d'ici peu acquérir son dernier livre.
Inutile de vous raconter l'histoire pour une 3e fois j'aimerais juste vous donner l'envie de le lire. Youssef Fadel fait vivre 2 voix, 2 histoires qui sont chacune 2 approches de la façon dont un artiste, dans une dictature, peut prendre sa place. Il y a le rire qui sert le despotisme en étant son écho (les blagues de Balloute ne sont en réalité que moqueries et lui permettent surtout de préserver son statut comme n'importe quelle collaboration, jusqu'à un certain point) et le rire qui dénonce le despotisme. le fils, lui, a choisi ce trait mais il dénonce aussi le système des partis politiques qui eux aussi baignent dans la corruption pour survivre. Son honnêteté le conduira à un profond dénuement. Ce livre aborde, de façon sensible et poétique la façon dont on peut être manipulé dans une dictature qui s'immisce partout, même dans les relations de voisinage..c'est une vraie belle découverte d'une e écriture engagée, risquée, un livre qui permet de réfléchir et prendre de la distance avec des thèmes très actuels. J'ai été très déçue de mes dernières lectures américaines contemporaines et cette lecture vient à point nommé. Pas de fioritures ni de prétention, c'est clair, et l'auteur atteint son but avec un style que j'aime particulièrement.
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C'est l'histoire de Balloute, artiste de la place Jamaa El Fna à Marrakech, qui sa vie durant sera bouffon au palais du roi Hassan II avant de finir oublié de tous. Et de son fils Hassan perdu au milieu de cette guerre du Sahara et dévoré par l'amour qu'il porte à sa femme.

Balloute talentueux conteur, blagueur ira conter fleurette auprès du roi, le divertir et le faire rire, multipliant les hilarités de ces mesquins en costumes trois pièces, il apprendra ainsi les intrigues de ceux qui gouvernent et les rouages du pouvoir. Mais il y apprendra aussi l'injustice que subit son peuple. Son Fils Hassan quant à lui, obligé de quitter son épouse, connaitra à ses dépens les méandres d'une guerre absurde.

L'histoire alterne entre le père et le fils pour nous dépeindre une société où la liberté d'expression entraîne la prison ou bien dans le cas de Balloute une mise à l'écart sans aucune explication, la perte de son univers et de son statut social, une disgrâce qui lui fera perdre la tête. Il en est de même pour son fils Hassan qui entrainé dans une guerre qu'il ne comprend pas perdra quant à lui aussi ses repères, sa vie, son amour.
L'auteur nous pousse à comprendre le despotisme de ces années de règne sous Hassan II, il dénonce la polygamie et la misère de son peuple ; mais surtout nous montre comment les hommes changent de génération en génération un père volage engendre un amoureux transi et le désir de faire rire animent pourtant ces deux êtres dont la mort va les rattraper chacun à sa manière.

Ce récit ne finit pas en conte de fées, il me laisse un goût d'espoir perdu d'avance, de désolation pour ces personnages qui finalement ne sont pas si fictionnels que ça car nombre de jeunes gens ont vécu pareille mésaventure. le talent de conteur de Youssef Fadel apparaît simplement dans ses mots, ils nous font vivre l'histoire, marcher aux côtés de Balloute, on est à Marrakech, on est dans le désert aussi à la recherche d'une gazelle, on est dans cette maison aux senteurs de citrons et de fleur d'oranger, on est dans ces rues marocaines qui ont fait naitre la joie et la colère. Une très belle découverte.

Un roman à deux voix, celle d'un homme assoiffé de reconnaissance et de son fils assoiffé de vie :

Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je lui ai demandé de me parlé de la guerre .Il m’a dit : « Les Sahraouis veulent fonder leur propre Etat, ici au Sahara, pour avoir leur propres bandits. Au lieu de se faire spolier par les mêmes familles que nous, ils préfèrent se faire dépouiller par les leurs ! » Sa réponse m’a plu. Elle m’a paru à la fois sensée, plausible et drôle. C’est comme ça que finissent révolutions, insurrections et protestations en tout genre : elles vous amènent à tendre votre cou aux vôtres pour qu’ils vous égorgent et vous sucent le sang.
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Oui, je suis bouffon de mon état. Les gens qui s’esclaffent autour de moi, ces cascades de rire qui tombent des quatre coins de la pièce, ces grappes de joie qui pendent, ce bonheur qui flotte dans l’air, cette ivresse qui bat des ailes, cette tempête qui emplit les veines, les yeux et les bouches, qui plie en deux la taille des rieurs et enflamme leurs joues comme si le sang allait leur gicler par les pores du visage et comme s’ils étaient à la limite d’exploser, tout cela me comble de fierté.
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Ai-je joué mon rôle à la perfection ? Mes bouffonneries n’ont pas été sans faire une colonie de jaloux, de flatteurs. Tiens, voilà un beau et bon souvenir pour m’accompagner jusqu’à ma tombe… à condition que mon cadavre ne se casse pas la gueule en cours de route ! ça aussi ça pourrait arriver. Avec les humains, il faut s’attendre à tout.
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Tout en marchant, je pense à cette étoile morte depuis des centaines d’années et dont la lumière continue d’étinceler. Comme elle je suis mort et il se pourrait bien que ce que je vois ne soit que la nostalgie de quelque chose qui n’est plus et dont l’écho vibre encore avant de s’éteindre à jamais.
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